Bruno Gain : « Le Trésor français verse une juste rémunération »

7 Mai 2012 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires

L’ambassadeur de France au Cameroun donne la position de son pays au sujet des
réserves de change.

 « Les relations de la France avec la Banque des Etats
d’Afrique centrale sont très strictement codifiées. Les Etats africains
conservent évidemment la pleine maîtrise des décisions prises puisqu’ils
disposent dans toutes les instances de la banque d’une large majorité. La
présence de la France est en effet très minoritaire : 2 voix sur 15 au conseil
d’administration, 1 censeur sur 3, par exemple. Elle ne dispose bien entendu
d’aucun droit de veto. Les Etats d’Afrique centrale sont pleinement
responsables des orientations prises. Et votre affirmation selon laquelle ces
relations monétaires seraient décriées me surprend. Je ne connais pas un seul
ministre des Finances de la zone, un seul chef d’Etat ou de gouvernement qui
souhaite mettre un terme à ce partenariat qui vise à assurer une orthodoxie
monétaire et présente beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients. Le Trésor
français gère les réserves des Etats membres en leur versant une juste
rémunération. Les relations avec l’ensemble des Etats partenaires de la Béac
donnent pleine satisfaction. Si derrière votre propos se cache plutôt la
question de la parité fixe entre le FCfa et l’euro, cette question est bien
entendu tout à fait légitime : elle se pose généralement à chaque fois que
l’euro s’apprécie par rapport au dollar américain, ce qui renchérit le coup des
exportations des pays africains membres de la zone.

En revanche, lorsque ce rapport de change euro/dollar
s’inverse, je n’entends personne qui s’en plaigne. Il faut bien avoir à
l’esprit que cette stabilité monétaire renforcée au sein de la zone Béac est un
puissant facteur d’intégration au niveau de la sous-région. Toutes les
expériences d’intégration régionale de par le monde montrent que la principale
pierre d’achoppement est précisément de mettre en place son volet monétaire, ce
qui est chose faite pour l’Afrique centrale. C’est un acquis qui est de nature
à faciliter les échanges commerciaux de toute nature. En revanche, il reste
beaucoup de chemin à parcourir pour promouvoir les autres volets de cette
intégration où la Cémac est plutôt en retard par rapport aux autres
organisations régionales que ce soit la Cédao ou la Sadc.

Mais renoncer à cet élément de stabilité qu’est la parité
fixe du FCfa et de l’euro conduirait immanquablement à une dérive des monnaies
nationales et à de fortes tensions inflationnistes. Là encore, aucun Etat
membre ne souhaite s’orienter dans cette voie. Si quelque chose a été décrié au
sein de la Béac, je dirais que ce sont plutôt des comportements individuels
frauduleux. Vous savez que des sanctions ont été prises à ce sujet et que des
poursuites judiciaires sont engagées contre les auteurs de ces détournements et
actes délictueux que la France réprouve avec force ».
Propos recueillis par Anne Mireille
Nzouankeu

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