L’intervention des négociants et détaillants entre les bouchers et les grossistes de bœufs est la cause principale de la hausse des prix, d’après le chef secteur boucherie du marché Mfoundi.
Pourquoi le prix du kilogramme de viande coûte-t-il de plus en plus cher à Yaoundé ?
Il y a trois raisons qui expliquent la cherté du prix de kilogramme de viande à Yaoundé. Premièrement, les bœufs du Cameroun sont exportés vers le Gabon et le Nigeria. Les grossistes qui achetaient un bœuf avant à 300 000 francs Cfa, l’achètent aujourd’hui à 400 000 FCfa, parce que ceux qui les exportent proposent parfois 500 000 FCfa. L’autre raison, c’est qu’il y a des intermédiaires entre les grossistes et les bouchers que nous sommes. A Yaoundé, ce sont eux qui achètent le bétail avant de nous le revendre. Quand ils achètent un bœuf à 350 000 FCfa, par exemple, il nous le revendent avec une marge de 30 000 FCfa ou 50 000 FCfa. Nous sommes obligés de répercuter toutes ces charges sur les consommateurs. D’ailleurs, nous n’arrivons pas à nous en sortir. Il y a toujours des manquants, car généralement, les bouchers vendent avant de payer les intermédiaires. Tous les bouchers ici sont endettés. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’il n’y ait une convocation d’un boucher au commissariat, parce qu’il est accusé par un intermédiaire. La troisième raison, c’est que c’est la saison sèche. Généralement, en cette saison, le bétail est un peu rare et plus cher.
Quel genre de problèmes rencontrez-vous avec ces intermédiaires ?
Les bouchers sont devenus des esclaves de ces intermédiaires qu’on appelle communément « bayam sellam ». Ils nous tiennent par la gorge. Les bouchers prennent les bœufs chez ces derniers, les revendent avant de les payer. C’est-à dire qu’il peut vous proposer un bœuf à 350 000 FCfa, alors qu’il l’a acheté chez le grossiste à 300 000 FCfa. Vous acceptez, lorsque vous abattez ce bœuf et que vous le vendez, vous vous rendez compte que vous avez des recettes de 320 000 FCfa. Et là, les problèmes commencent. Ces intermédiaires sont organisés, ils sont plus d’une cinquantaine au marché du bétail et travaillent de connivence avec les grossistes. Il est difficile pour un boucher d’acheter un bœuf directement chez le grossiste qui vient du Nord avec du bétail sans passer par eux. En ce qui me concerne, par exemple, pour éviter les problèmes, je ne vends plus la viande en grande quantité. Je prends juste une petite portion, pour ne pas avoir des problèmes après.
Quelles solutions proposez-vous pour que la viande de bœuf soit accessible à tous les ménages ?
La première solution serait que ce soit les bouchers d’ici qui achètent directement les bœufs chez les grossistes. Qu’il n’y ait plus d’intermédiaires. Le gouvernement devrait nous aider dans ce sens-là. Peut-être faut-il faire la grève et passer une journée sans vendre pour que le gouvernement nous comprenne. L’autre solution pourrait être l’homologation des prix du kg de viande. Le prix du bœuf ne doit pas dépasser un certain montant. Ainsi, tout le monde sera gagnant. Les bouchers doivent également s’organiser en association pour faire face aux problèmes qu’ils rencontrent. Car, actuellement, il n’y a pas d’organisation entre les bouchers. Aujourd’hui, il est très rare de voir une femme acheter quatre ou cinq kilogrammes de viande pour sa maison. Ce qui nous fait également mal. Il faut que l’on revienne à la situation d’avant, sinon on va droit dans le mur. Et la hausse des prix ne s’arrêtera pas.
D’où viennent les bœufs égorgés à Yaoundé ?
Actuellement, la région du Nord fournit moins de bétail à Yaoundé. Ceci à cause de la saison sèche. Les bœufs vendus ici en ce moment viennent beaucoup plus du Tchad et de la République Centrafricaine.
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