Olivier Nkounga : « Le budget 2011 sera à l’image du budget 2010 »

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9 Nov 2010 | ACTUALITÉS, News | 1 commentaire

Économiste et responsable de la commission macroéconomique de Dynamique citoyenne, il estime qu’un taux de croissance de 4% en 2010 relève de l’utopie.

Quelle a été votre réaction à l’annonce par le président de la République de la baisse du budget de l’exercice 2010 de l’ordre de près de 50 milliards de francs Cfa ?

La baisse de ce budget est intervenue avec un retard. On avait vu cette baisse depuis l’examen du projet de loi des finances 2010, car quand on examinait les composantes des prévisions des recettes, il était moins certain pour le gouvernement camerounais de mobiliser les 2 570 milliards de francs Cfa attendus. Et Dynamique citoyenne  avait déjà demandé la baisse dudit budget.

A ce jour, l’emprunt obligataire prévu dans le budget 2010 n’est pas encore lancé. Pensez-vous que cet emprunt sera encore possible pour l’exercice 2010 quand on sait que les dépenses prévues pour l’exercice en cours prendront fin dans quelques jours ?

Les différentes conventions ont déjà été signées avec les différentes banques intéressées, entre guillemets, par cet emprunt obligataire. Mais on peut se rendre à l’évidence qu’il sera impossible de pouvoir jouir de cet emprunt obligataire pour le compte de l’année 2010. Ce d’autant plus que l’arrêt des engagements financiers des départements ministériels se fera à la fin de ce mois de novembre. Prenant au mot le ministre des Finances, s’il faut que le président de la République accorde une attention particulière à l’utilisation et surtout à la finalité de cet emprunt, on est en droit d’affirmer qu’il est impossible de conclure les dossiers y relatifs dans un délai d’un mois. Par ailleurs, l’exercice budgétaire 2010 devant être bouclé au pire des cas au mois de février 2011, le Camerounais lambda se pose la question de savoir sur quel exercice seront constatées les écritures en rapport avec cet emprunt obligataire et les dépenses y afférentes.

Pour Essimi Menye, le ministre des Finances, l’argent issu de l’emprunt obligataire sera là et destiné au financement de la part du Cameroun dans les projets structurants. Quel commentaire vous suggère cette déclaration ?

De quels projets structurants parlait Essimi Menye ? Etaient-ce les projets de 2010 ou ceux de 2011 ? En réalité, on est en droit de dire qu’il ne s’agit guère des projets de 2010. Quant à la disponibilité des liquidités, il s’agit d’une disponibilité théorique. Aucune banque concernée ne mettra les fonds à la disposition du Cameroun avant 2011. Par conséquent, aucun projet dit structurant ne pourrait  être amorcé en 2010. Encore faut-il noter que les banques n’ont pas pris assez de temps pour mesurer le risque encouru(…) Il ne faut pas perdre de vue que les banques privées bénéficient de très peu de marge de manœuvre dans leur relation avec l’Etat.

Avec le retard criard observé dans le lancement de l’emprunt obligataire de 2010, pensez-vous que l’Etat peut à nouveau prévoir, dans le budget 2011, un autre emprunt obligataire comme certaines sources semblent l’indiquer ?

Etant donné l’échec constaté dans sa mise en œuvre de l’emprunt obligataire en 2010, le gouvernement camerounais n’aura qu’à reconduire la convention conclue avec les banques privées en 2010 pour l’emprunt obligataire dans la rubrique des ressources internes. C'est-à-dire que le gouvernement va simuler ce qui existe déjà dans les ressources disponibles de l’Etat. Et pour le compte de l’année 2010, il sera considéré comme un endettement. Donc, pas d’autres emprunts obligataires.

Le président de la République, dans sa correspondance fixant les grandes lignes de l’exercice budgétaire 2011, prévoit un taux de croissance de 4%. Est-ce réaliste ?

Si on peut s’accorder que la mise en œuvre du budget 2010 a connu une baisse de son taux de croissance ( 3,9%) au regard de la mobilisation des ressources, notamment de la Tva attendue, on est en droit de dire qu’établir un taux de croissance de 4% en 2010 relève de l’utopie.

Quelles actions peuvent mener les députés pour que le budget de l’exercice 2011 ne connaisse pas les problèmes de celui de l’exercice en cours ?

Malheureusement, les députés n’ont pas assez de coudées franches pour s’opposer par exemple à une prévision de 4% de taux de croissance comme annoncé par Paul Biya. La discipline du parti les oblige à soutenir le gouvernement. En plus, les informations mises à leur disposition par l’exécutif ne leur donnent pas assez de visibilité sur les prévisions budgétaires. Conséquence, ils sont obligés de voter ce que l’exécutif propose. Donc, le budget 2011 sera à l’image du budget 2010, c'est-à-dire, irréaliste. Ceci, si la base du taux de croissance reste de 4% comme annoncé par le président de la République.

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1 Commentaires

1 Commentaire

  1. Faye

    Le budget sera toujours matière à polémique au Cameroun, c’est normal tant les spécialistes s’opposeront sur les approches et les visions dans leurs analyses respectives.

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