Paul Biya, René Emmanuel Sadi, Ni John Fru Ndi, Jean-Jacques Ekindi, etc. Plusieurs responsables de partis politiques au Cameroun sont présents sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce qu’ils y font ? Surf sur la toile.
Aujourd’hui, Internet et les réseaux sociaux sont pris d’assaut par les hommes politiques pour être plus proches des populations ou encore pour rester connectés au monde. Facebook et Twitter, par exemple, ont joué un rôle important dans l’élection de Barack Obama en 2008 aux Etats-Unis. Et ce n’est pas par hasard qu’il a encore choisi tout récemment d’annoncer sa candidature à sa propre succession via Twitter.
Au Cameroun, les hommes politiques s’y sont engagés. Si la majorité a encore du mal à s’approprier ces espaces, bon nombre parmi eux s’en donnent à cœur joie et les usages de ces réseaux sociaux par ceux-ci diffèrent. Certains y sont juste pour avoir une présence figurative afin de rester In. Ils n’administrent pas eux-mêmes leur compte. Pourtant, d’autres y voient un potentiel terrain de conquête de partisans, de militants et de proximité avec ceux-ci.
Sur Facebook, le réseau social de Mark Zuckerberg, qui compte à ce jour plus de 700 millions d’utilisateurs dans le monde et plus de 300 000 Camerounais, l’on retrouve … Françoise Foning, le maire de Douala V. Elle le dit très souvent, elle n’a pas fait de grandes études, mais elle veut bien s’arrimer aux nouvelles technologies. Elle fait partie de ceux-là qui sont présents pour ne pas être anachroniques. Sur le mur de son compte, aucune interactivité avec les internautes. Les observations de Roméo Ngantcha qui lui demande des nouvelles du Cameroun sont sans réponse depuis le 31 mai 2011. Même le message flatteur de Rigobert Njongo Fongang publié le 11 juin 2011 reste sans réponse. « Bonsoir la mère. J’admire beaucoup votre combat politico-économique et j’aimerais savoir votre secret. Merci et bon courage ! », écrit-il.
Substitut
Pour comprendre le silence de Mme Foning, nous apprenons que ce n’est pas elle qui administre sa page Facebook. « J’ai un chef de la communication et un chef de cabinet qui s’occupent de cela », indique Françoise Foning. Alors, pourquoi est-elle sur Facebook ? « Je suis quand même la présidente mondiale du Forum des femmes chefs d’entreprises, soit 77 pays. C’est donc important pour moi d’avoir une page. Je ne m’y connais pas. Mais, chaque jour, on apprend. Surtout dans ce monde qui évolue à grande vitesse », répond-elle. Néanmoins, à travers cette page, l’on apprend qu’elle est fan de Richard Bona, Petit Pays, Papa Wemba, Kareyce Fotso et Charlotte Dipanda. Dans sa rubrique Intérêts, vous vous en doutez bien, le Rdpc vient en première position, suivi de Victor Fotso, le milliardaire de Bandjoun, de Rotary International et même de Sarkozy.
Françoise Foning n’est pas la seule qui ne répond pas aux messages des internautes et qui ne poste pas non plus des messages sur son mur. On peut aussi citer les comptes d’Ayah Paul, candidat à la présidence de la République, de Jean-Michel Nintcheu du Social Democratic Front (Sdf) (mais qui répond personnellement aux messages instantanés), de Paul Biya ou encore de Ni John Fru Ndi. Celui-ci n’est d’ailleurs pas l’administrateur de sa page. Mais, son fils D.S. Fru Ndi, community manager de circonstance. « Il y a plusieurs messages dans la boîte de réception Facebook de Ni Jonh Fru Ndi. Nous recevons environ 250 messages tous les trois jours. Certains le félicitent, d’autres posent des questions alors que d’autres encore l’insultent. Nous ne pouvons pas déjà répondre individuellement à tous ces messages avant de répondre aux questions du mur, car il faut que John Fru Ndi soit près de moi pour me dire quoi répondre. Cela prend beaucoup de temps que nous n’avons pas toujours. En plus, il faut même un traducteur, car il y a des messages en français. Je le fais à titre bénévole, mais il faut des ressources humaines pour cela », explique le fils du Chairman.
Le président de la République, Paul Biya, est également sur Twitter. Son compte : Pr_Paul_Biya. Ici, il y publie des citations d’Abraham Lincoln ( « I destroy my enemies when I make them my friends », entendez « Je détruis mes ennemis quand je fais d’eux mes amis ») ; de Martin Luther King (“He who is devoid of the power to forgive is devoid of the power to love”, entendez « Celui qui est dépourvu du pouvoir de pardonner est dépourvu du pouvoir d’aimer ») et ses audiences au Palais de l’Unité. Mais, approchés, certains responsables de la cellule de communication de la présidence de la République disent ignorer qui est l’administrateur réel de cette page et même celle de Facebook. Pas le président, en tout cas.
Interactivité
Contrairement à ceux qui veulent avoir juste une présence sur ces réseaux sociaux, il y a des hommes politiques qui veulent bien investir Facebook et Twitter pour partager leurs idées, être proches des jeunes et amadouer encore plus de sympathisants. Ils répondent aux posts des internautes et sont connectés presque à chaque instant. On peut ainsi citer, Jean Jacques Ekindi du Mouvement progressiste, Célestin Bedzigui, homme politique de la diaspora, René Emmanuel Sadi, secrétaire général du Rdpc, le parti au pouvoir.
Jean-Jacques Ekindi est l’un des rares députés qui se rend à l’Assemblée nationale avec son ordinateur portable. Normal qu’il s’intéresse aux réseaux sociaux. Il administre d’ailleurs un site web personnel. « Tabasser un citoyen est inacceptable, tabasser un journaliste est intolérable, le ministre de la Police doit s’expliquer et punir les coupables », écrit-il sur de mur sur Facebook au bas de la photo du visage enflé du directeur de la publication du Popoli. Mais, il ne participe pas aux débats qu’il lance. Ce qui n’est pas le cas du secrétaire général du comité central du Rdpc, qui répond aux questions posées sur son mur par les internautes.
A la question d’un militant du Rdpc qui menace de quitter le parti au pouvoir parce que les revendications des ressortissants du Mayo Sava sont ignorées par le président de la République, René Sadi répond : « Camarade, renversons les choses une minute. Serait-il concevable que sous prétexte de voter pour l’opposition une région se voit pénalisée ? Un village marginalisé? Non, ce n’est pas démocratique. De plus, le chef de l’Etat, le président Biya, est le président de tous les Camerounais. De ceux qui votent pour lui comme de ceux qui ne votent pas pour lui. Son devoir demeure de travailler et de veiller sur chacun d’eux avec la même attention. Les convictions des camarades du Mayo Sava doivent être fermes et sincères », écrit-il. Ici encore, ce n’est pas René Sadi qui répond personnellement aux messages des internautes. « Moi ? un compte sur Facebook ? Ce sont des choses que je ne maîtrise pas trop », s’étonne-t-il.
Ils sont présents sur Facebook
Noms
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Nombre d’amis
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Nombre de fans (pour ceux qui en ont)
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Note : Interactivité avec les internautes
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Note : Mise à jour
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Ayah Paul Abine, candidat à l’élection présidentielle
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2 744
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ND
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1/5
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1/5
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Jean-Jacques Ekindi, Mouvement progressiste
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ND
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2
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2/5
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2/5
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Anicet Ekane, Manidem
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ND
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251
|
1/5
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1/5
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Yaya Saidou Maidadi, Afp
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154
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ND
|
1/5
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1/5
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Bello Bouba Maigari, Undp
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ND
|
17
|
Pas d’interactivité
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1/5
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Louis Tobie Mbida, Pdc
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96
|
23
|
1/5
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1/5
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Ni John Fru Ndi, Sdf
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3 504
|
81
|
1/5
|
1/5
|
Kah Wallah, Pdp
|
|
|
|
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Célestin Bedzigui
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3 945
|
3
|
4/5
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3,5/5
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Garga Haman Hadji
|
|
|
|
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Jean Michel Nintcheu, Sdf
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1 743
|
ND
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1/5
|
1/5
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Paul Biya Président 2011
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ND
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82
|
Pas d’interactivité
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1/5
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Pierre Mila Assouté, Rdmc
|
1 896
|
274
|
1/5
|
1/5
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Réné Emmanuel Sadi, Rdpc
|
ND
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109
|
3/5
|
3/5
|
Grégoire Owona
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25
|
15
|
1/5
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1/5
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Victorin Hameni Bieleu, président Ufdc
|
155
|
ND
|
1/5
|
1/5
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Esther Dang, candidate à l’élection présidentielle
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296
|
54
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1/5
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1/5
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NB : données collectées le 11 juillet 2011
Pourquoi êtes-vous sur Facebook ?
Pourquoi êtes-vous sur Facebook ?
« Etre en contact direct »
Jean-Michel Nintcheu, député Sdf
Facebook est un espace d’échange très important. J’y suis depuis un an. Il permet d’être en contact direct avec les compatriotes de la diaspora et nous permet de communiquer en temps réel. C’est un outil de communication irremplaçable. La révolution du jasmin en Tunisie a commencé par ce réseau social et tout homme politique sérieux ne devrait pas l’oublier. Sur ma page Facebook, je reçois des dizaines de messages par jour. Des messages d’encouragement par rapport à mes activités politiques et mes opinions. Je passe environ trois à quatre heures par jour sur ce réseau social. Pour le moment, j’administre moi-même mon compte et répond personnellement aux messages. Il arrivera un moment où je confierai cette tâche à une équipe.
« Etre dans l’ère du temps »
Saidou Maïdadi, secrétaire général Afp
La raison principale pour laquelle je suis présent sur Facebook, c’est parce que je veux vivre avec le temps. C’est ce qui est actuellement dans l’ère du temps. Il faut que je m’imprègne de cela. Je ne veux pas qu’un jour quelqu’un me pose une question à propos de Facebook et que je sois incapable de répondre. Ce qui m’intéresse le plus sur Facebook ce sont les messages instantanés que j’apprécie vraiment. C’est aussi pratique que Messenger. Et par jour, je passe environ quatre à cinq heures sur Internet.
« Lieu de débat »
Esther Dang, candidate à l’élection présidentielle
Facebook fait partie des nouvelles technologies comme les jeunes l’appellent. C’est un lieu où je peux débattre de mon programme politique avec les jeunes. C’est un outil moderne. Mais, je ne suis pas connecté tout le temps.Je gère également mon blog personnel depuis 2008.
« Je ne m’y connais pas trop »
Françoise Foning, maire Rdpc Douala V
Facebook ? Je ne m’y connais pas trop. J’ai un chef de la communication et un chef de cabinet qui s’occupent de cela. C’est important de savoir comment il faut communiquer. Je suis quand même la présidente mondiale du Forum des femmes chefs d’entreprises, soit 77 pays. C’est donc important pour moi d’avoir une page Facebook. Je ne m’y connais pas. Mais, chaque jour, on apprend. Surtout dans ce monde qui évolue à grande vitesse
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