Crédibilité et solvabilité. Après Fitch Ratings lundi dernier, Standars & Poors a indiqué vendredi que la note du Cameroun demeure stable à B et reste menacée par des incertitudes politiques.
L’agence de notation Standars & Poor’s a publié un communiqué vendredi, 28 octobre 2011, dans lequel elle indique que les notes (B/B – stable -. B pour la dette extérieure et B pour la dette locale) du Cameroun « continueront d’être entravées par des lacunes d’infrastructures, un développement et une croissance faibles, une vulnérabilité aux chocs extérieurs et à haut risque politique, aggravée par une succession d’incertitudes ». D’après le communiqué de l’agence, « les services de notation de Standard & Poor’s Ratings ont attribué aujourd’hui leurs notes ‘B/B’ à long et à court terme du crédit souverain de la République du Cameroun. Les perspectives demeurent stables. Le transfert et la convertibilité (T & C) sont évalués à «BBB-» ».
Ces notes du Cameroun sont soutenues par un fardeau de la dette publique modérée et la stabilité monétaire et de taux de change du fait de son appartenance à la Cémac (Communauté économique des Etats d’Afrique centrale), indique l’agence de notation. Elle observe que la dette publique est stable depuis l’atteinte par le Cameroun de l’initiative Ppte en 2006. Les notations permettent de définir la capacité des Etats à respecter leurs engagements vis-à-vis de leurs créanciers.
Au ministère des Finances, l’on aurait souhaité une note meilleure à B pour montrer la crédibilité de l’Etat. Interrogé pour obtenir son commentaire sur ce communiqué, le directeur des Affaires économiques du ministère des Finances, Lazare Bela, indique que la perspective stable attribuée par Standars and Poor’s semble ignorer tous les projets structurants qui commencent à être lancés, notamment le port en eau profonde de Kribi. Si Standars & Poor’s attribue la note B/B au Cameroun, ce n’est pas le cas de l’agence Fitch Rating qui, elle, continue à attribuer la note B pour la dette extérieure du pays et B- pour ce qui est de la dette intérieure depuis juin 2011.
Arriérés dette intérieure
Fitch Ratings qui a publié un rapport dans ce sens lundi 24 octobre 2011 indique que le Cameroun préfère payer la dette de ses créanciers internationaux au détriment de ses créanciers locaux. Le poids des impayés de l’Etat camerounais à ses créanciers locaux (fournisseurs, fonctionnaires, assurés sociaux…) peut exercer une pression et même une menace sur la note du Cameroun, a estimé Fitch Ratings. L’agence indique que le Gabon et le Bénin sont dans la même situation. En clair, au Cameroun, il y a un retard dans le paiement des factures de l’Etat aux opérateurs économiques nationaux. Ce qui plombe l’économie. « Ces arriérés de la dette intérieure sont premièrement un indicateur de la faiblesse dans la gestion des finances publiques, plutôt qu’une détresse financière », analyse Fitch Rating. « L’accumulation des arriérés peut également refléter l’instabilité politique, comme le conflit en Côte d’Ivoire au début de l’année 2011 », ajoute l’agence de notation. Toutefois, précise Fitch, « cette accumulation d’arriérés « ne constitue pas un défaut » de paiement, mais « reflète souvent des difficultés pour réaliser les paiements ou des querelles contractuelles plutôt qu’une incapacité ou une volonté du pays de ne pas payer ».
Une observation que semblent approuver les opérateurs économiques rencontrés. « C’est vrai que nous éprouvons de grandes difficultés pour que l’Etat paye nos factures. C’est tout récemment que le Fonds national de l’emploi (Fne), structure étatique, a payé ma facture après huit mois d’attente. Entre-temps, je pouvais fermer boutique. Au niveau des ministères, c’est la même chose et parfois encore plus long. Si ces agences peuvent secouer l’Etat afin qu’il paye rapidement nos factures, ce serait une très bonne chose», confie un opérateur économique.
1 711 milliards de francs Cfa
Au niveau du Minfi, l’on affirme que les factures de l’Etat sont maintenant payées avec beaucoup plus de célérité. « Aujourd’hui, les dépenses engagées régulièrement sont payées tout aussi régulièrement et dans des délais plus brefs que par le passé. Les prestataires ne se plaignent plus comme avant », affirme Lazare Bela. Pour lui, « l’un des problèmes de la dette intérieure est qu’en l’absence de conscience civique, l’opinion ne se préoccupe pas systématiquement de l’utilisation des fonds publics dont le lien avec l’argent des contribuables n’est pas établi comme par exemple aux Etats-Unis ». « Les téméraires, conclut-il, ont donc les mains libres pour réclamer autant de fois qu’ils peuvent le remboursement d’une dette même fictive, et les arriérés de la dette intérieure sont devenus un gouffre sans fond ».
Selon la note de conjoncture de la Caisse autonome d’amortissement (Caa) du deuxième trimestre 2011, l’encours de la dette publique du Cameroun au 30 juin 2011 s’élève à 1 711 milliards de francs Cfa. Il est constitué de 121 milliards de francs Cfa de dette extérieure et de 590 milliards de francs Cfa de dette intérieure. En rappel, le stock de la dette publique extérieure du Cameroun est passé de 3 723 milliards francs Cfa en juin 2005 à 1 098 milliards à la fin de l’année 2006, année de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative Ppte qui a allégé la dette du Cameroun.
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