Conflits. Les militaires centrafricains attaquent un poste de gendarmerie. Le drapeau du Cameroun à la frontière brûlé. Panique dans la ville.
L’arrondissement de Garoua-Boulaï, dans la région de l’Est, était une ville morte hier, 24 novembre 2011. De nombreux coups de feu ont été tirés par des militaires centrafricains près du poste de gendarmerie de la frontière. De 9h à 10h, les populations en ont été terrorisées. Toutes les écoles de la ville ont été fermées, les cours se sont arrêtés au lycée de Garoua-Boulaï, le marché central de la ville s’est vidé en quelques minutes, toutes les boutiques ont fermé leur porte et la majorité de services publics ont cessé de fonctionner, ont indiqué des sources concordantes jointes au téléphone hier. « C’est la panique totale dans la ville. Actuellement où je vous parle, on entend des coups de feu crépiter au niveau de la frontière », indiquait un habitant de la ville joint au téléphone hier à 11h30.
Au lycée Général de Garoua Boulaï, comme dans la plupart des écoles, les parents se sont rendus en masse pour chercher leurs enfants. « Nous avons essayé en vain de dissuader les élèves de ne pas rentrer. Mais, les parents eux-mêmes sont venus chercher leurs enfants. C’est la panique générale en ville. Les cours sont arrêtés. Le Lycée s’est vidé. Mais en ce moment, certains élèves sont encore là et nous resterons jusqu’à ce que le dernier élève rentre chez lui», a confié un enseignant du Lycée, joint au téléphone à 12h.
D’après des sources concordantes, tout a commencé dans la matinée aux environs de huit heures. Trois militaires centrafricains armés et en tenue se sont rendus au marché central de Garoua-Boulaï pour des achats. Ce qui est courant dans la ville. Au marché, l’un des trois est reconnu par un mototaximen, qui, la veille, l’avait transporté avec ses colis du marché pour Cantonnier, une petite localité centrafricaine frontalière du Cameroun. Ils ne s’étaient pas entendus sur le montant à payer. Le militaire lui avait proposé 1 000 francs Cfa qu’il a refusés, exigeant 2 000 francs Cfa. Lorsqu’il a rencontré le militaire au marché, il a exigé que le militaire lui donne son argent. Ce que le militaire a refusé. Une vive discussion a éclaté entre les deux. Un policier camerounais qui passait par là s’est enquis du problème. Le policier a demandé au militaire de payer le taximan. « Pas question », a dit le militaire qui s’est senti sous pression, car plusieurs personnes l’entouraient. Il aurait d’ailleurs été violenté par les taximen.
« Il a sorti une grenade et a menacé de la faire exploser. Le policier a appelé des renforts et les éléments de la police et de la gendarmerie sont arrivés. Ils l’ont déshabillé de sa tenue, ont saisi sa grenade et l’ont transporté au poste de gendarmerie de la frontière avec son compatriote militaire, où ils ont été enfermés. Le troisième militaire centrafricain s’est enfui afin d’alerter ses frères », raconte un habitant de la ville. Une fois au courant de l’arrestation de leurs compatriotes, des militaires centrafricains vont se rendre à la gendarmerie et tirer des coups de feu en l’air, pour exiger la libération de leur compagnon d’arme. Le drapeau du Cameroun hissé près de la frontière sera enlevé et brulé par les militaires, rapportent nos sources. Une affiche du président Paul Biya aussi. Des pneus seront également brulés sur le goudron dans la zone intermédiaire. « Nous étions obligés de fermer nos portes, car il y a avait des coups de feu. Des cailloux étaient lancés sur la gendarmerie par les militaires et les civils centrafricains », confie une employée d’une agence de transfert d’argent située à la frontière et près de la gendarmerie.
Frontière fermée
La frontière sera immédiatement fermée. Certaines sources rapportent que les militaires centrafricains sont entrés dans les quartiers par les pistes et ont menacé les populations. Face à la pression des centrafricains, les autorités locales vont faire appel aux éléments du Bir situés à Mombal, à 30 kilomètres de la ville. Une cinquantaine d’éléments vont débarquer à la frontière. « Les éléments du Bir vont installer leurs camions à Cantonnier, dans le territoire centrafricain », apprend-on. C’est à partir de là que va commencer la riposte camerounaise. Et c’est à ce moment que les coups de feu vont cesser. « Mais avant, on entendait les coups de feu. Même les éléments du Bir tiraient. On ne sait pas encore s’il y a eu des morts », rapporte notre source. Hier soir, les négociations étaient en cours entre les autorités centrafricaines et camerounaises pour calmer la tension. Les deux militaires sont toujours détenus à la gendarmerie de Garoua-Boulaï et l’on annonce une rencontre aujourd’hui entre le préfet du Lom et Djerem et celui de Nana-Mambéré (Rca).
L’arrondissement de Garoua-Boulaï étant une ville frontalière entre la République centrafricaine et le Cameroun, seules deux barrières séparent les deux pays. Les populations vont de la Rca (Cantonnier) au Cameroun (Garoua-Boulaï) à pied. Et vice versa. Très souvent, les Centrafricains entrent à Garoua-Boulaï pour effectuer des achats, des soins hospitaliers ou encore pour les réjouissances. Bon nombre de Centrafricains sont d’ailleurs inscrits dans des établissements scolaires de Garoua-Boulaï.
Similaire
0 commentaires