Obiang Nguema conteste les accords avec la France

7 Mai 2012 | ACTUALITÉS, News | 2 commentaires

Réserves de change. Sur
les 7 971 milliards de francs Cfa que détient aujourd’hui la Béac, 50%
alimente le Trésor français en raison des conventions de coopération monétaire.

Le président de la république équato-guinéenne, Teodoro
Obiang Nguema, l’a dit sur les ondes de Rfi le 15 avril dernier : « J’avais
eu une discussion avec le président Chirac parce que j’avais placé nos avoirs
dans une banque américaine. On m’a accusé d’avoir violé les règles de la Cémac.
J’étais obligé d’apporter tout notre argent au Trésor (français, ndlr)». Teodoro
Obiang Nguema faisait ainsi allusion à la gestion des réserves de change de la
Béac placés dans un compte d’opérations au Trésor français.  Cet
argent, qui représente les avoirs extérieurs nets de la Béac, s’élève, au 31
décembre 2011,  à 7 971 milliards de
francs Cfa, d’après les statistiques publiées sur le site web de la Béac. Les
avoirs extérieurs nets du Congo sont les plus élevés de la Cémac au 31
décembre 2011 avec 3 056 milliards de francs Cfa, suivi du Cameroun avec 1 627 milliards de francs Cfa, et la
Guinée équatoriale avec 1 588 milliards de francs Cfa. 

Pourquoi 50% des
avoirs des pays membres de la Cémac  sont
placés au Trésor français ?
Lisons la convention de coopération monétaire signée entrela France et les pays membres de la Cémac le 23 novembre 1972 à Brazzaville auCongo. Une convention aujourd’hui contestée par de nombreux économistes
africains. L’article 2 de cette convention 
« à période indéterminée » mentionne que  « cette
coopération est fondée sur la garantie illimitée donnée par la France à la
monnaie émise par la Banque (Béac, ndlr) et sur le dépôt auprès du Trésor
français de tout ou partie des réserves de change des États membres qui
prendront les mesures nécessaires à cet effet ». Dans la même lancée, le
13 mars 1973, Valéry Giscard d’Estaing, ministre français des Finances, signe
avec Paul Moukambi, le Pca de la Béac, une convention pour l’ouverture ducompte d’opérations au Trésor français. « La Banque (Béac, ndlr) versera
au Compte d’opérations les disponibilités qu’elle pourra se constituer en
dehors de sa zone d’émission, exception faite des sommes nécessaires pour sa
trésorerie courante (…)», indique cette autre convention. C’est fort de ces
deux textes et des statuts de la Béac que la France reçoit l’argent des
populations de la Cémac et intervient dans le conseil d’administration de la
Béac, au même titre que les Etats membres de la Cémac. L’article 29 des statuts
de la Béac indique que le conseil d’administration est composé de 14 membres à
raison de deux administrateurs pour chacun des six Etats membres et de deux administrateurs
pour la France.

Parité
De même, le Comité de politique monétaire de la Béac, qui
définit la politique de gestion des réserves de change ainsi que les modalités
de leur mise en œuvre, est composé de 14 membres dont deux français. Pire,
selon les textes de la Béac, les membres du Cpm n’y représentent pas les Etats
dont ils sont ressortissants. Ils ne peuvent donc solliciter ou recevoir des
instructions de leur Etat. Une autre manière pour la France de contrôler
ces réserves de change qui alimentent le Trésor français, estiment des
économistes. Ces réserves génèrent d’énormes intérêts qui ne profiteraient pas
totalement aux Etats membres de la Cémac. En effet, Obiang Nguema, qui dit
subir des pressions de la France à cause de ses exigences de transparence,
rapporte qu’il avait demandé que des intérêts soient versés  aux pays membres de la Cémac.

En retour au placement de ses réserves de change au trésor
français, la France garantie la parité fixe entre le francs Cfa et l’euro,
explique-t-on à la Béac. « Les Français font partie du conseil
d’administration et du Cpm parce que la France garantie la parité et la
stabilité du franc Cfa », affirme un cadre de la Béac.  « Rien que pour cela et des
milliers de milliards de francs Cfa sont placés dans le trésor
français ? », s’interroge de nombreux spécialistes qui estiment qu’il
faut rompre avec ces différentes conventions qui ne sont que la suite de la
colonisation. « Les accords monétaires déséquilibrés, qui ne sont qu’une
colonisation monétaire de la France sur les pays de la Cémac, doivent être
rompus », plaide Pius Ottou, économiste.

Avoirs extérieurs de
la Cémac*
Pays
Avoirs extérieurs nets
Congo
3 056 521
Cameroun
1 627 286
Guinée équatoriale
1 588 327
Gabon
1 046 464
Tchad
455 713
RCA
13 316
Total Cémac
7 971 226
*Chiffres nets au 31
décembre 2011 en millions de francs Cfa

Lire aussi : 


L’économiste pense que les pays  membres de la Cémac doivent s’armer d’audace pour dénoncer les conventions monétaires signées avec la France.


L’ambassadeur de France au Cameroun donne la position de son pays au sujet des réserves de change.

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2 Commentaires

2 Commentaires

  1. Mambi. A

    France is nothing without all the economic benefits its still reaping from all the franco-afrique countries still doing business with it….French Africa will never learn progress if we don't cut off this life-sucking umbilical chord…to think that there are still countries in Africa where you have to take a flight out of Africa to catch air France to go back to Africa is appalling..appalling i tell you..and to think their customer services leaves little to be desired

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  2. Anonyme

    Hitherto french speaking subsaharan african countries are intensively pillaged daily by France. Without CFA-
    FRANC Monetary agreements signed discretly between african puppets and General De Gaulle, real founder
    of what what they call "Françafrique",this pillage would never be possible. The Problem now to know, if this
    projected African Monetary Fund to Yaounde, and the African Central Bank in Abuja, will finally win up CFA-
    FRANC Zone agreements. Behind all this, President Obiang Nguema remains naturally very active.

    Réponse

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