Les petits commerces autour de l’aéroport ont momentanément disparu du fait du nuage de poussière du volcan islandais qui empêche les avions de décoller ou d’atterrir en Europe
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Joël Edoa, assistant de passagers (porteur) à l’aéroport international de Nsimalen à Yaoundé s’est une fois de plus rendu à son lieu de travail hier, 19 avril 2010. Malheureusement, comme depuis vendredi dernier, il est une fois de plus rentré bredouille. « Quand il n’y a pas de trafic, il n’y a pas de boulot. Lorsqu’il y a des passagers, nous pouvons soit emballer leurs colis soit les aider à transporter leurs bagages. Ce qui fait que par soirée, nous pouvons rentrer avec 3 000 ou 4 000 francs Cfa. Depuis la semaine dernière, nous broyons du noir », raconte –t-il. Ses trois compagnons de fortune observent la même galère. L’un ajoute : « C’est plus que du noir, nous avons nos familles à nourrir ». Joël Edoa a encore du mal à croire que les nuages du volcan qui a fait irruption en Islande, à plus de 5 000 km de Yaoundé, ait une incidence aussi négative sur sa vie.
A l’aéroport de Nsimalen hier à 13h, aucun passager n’est présent. Seuls les employés des Aéroports du Cameroun (Adc) et quelques policiers s’y trouvent. Sur la vitre de la porte de l’entrée principale de l’aéroport, on peut encore lire : « Le vol AF901/15APR est reporté à une date ultérieure pour cause de météo. Pour plus d’informations, appelez le 22 22 93 27 ». A l’intérieur, les boutiques, les bars et les bureaux de change ont fermé leurs portes. Seule une boutique d’alimentation est ouverte. « C’est juste le personnel de l’aéroport qui constitue la clientèle maintenant. C’est vrai qu’à cette heure, l’ambiance est toujours pareille. Mais, le manque à gagner de notre bar est beaucoup plus observé en soirée où il n’y a plus aucun client », confie Gisèle Marie Enyegue, la gérante. Au restaurant de l’aéroport, la situation n’est guère reluisante. « L’activité ici est au ralenti. Depuis mercredi dernier, la clientèle a considérablement baissé. Seuls les passagers qui se rendent dans les pays africains nous rendent visite », affirme la gérante.
Sur le tarmac de l’aéroport, un avion d’Air France est cloué au sol. Et ce, depuis jeudi dernier. Certains techniciens travaillent d’ailleurs au bas de l’avion. Le même jeudi, un vol de Swiss International Airlines est arrivé à Yaoundé et l’avion serait aujourd’hui garé à Douala.
Le manque à gagner provoqué par ce nuage dans le ciel européen sur le fonctionnement des Aéroports du Cameroun (Adc) n’est pas encore évalué. « Nous envisageons de mettre en place une cellule de crise pour faire ce travail. Mais, ce sont les compagnies aériennes qui accusent un sérieux manque à gagner », affirme un cadre des Adc. La mauvaise nouvelle, ajoute notre source, c’est que tous les vols annoncés pour Yaoundé ce 20 avril 2010 en provenance d’Europe sont annulés.
Contrairement aux vols en provenance ou à destination des pays européens, les vols en Afrique se font sans problème. Hier soir, Kenya Airways a effectué un vol, alors que dimanche matin, c’était le tour de Royal Air Maroc avec pour destination leurs pays respectifs. Les vols d’Air Leasing à l’intérieur du Cameroun se poursuivent également. Les responsables des Adc affirment qu’ils ne savent pas encore quand la situation va se normaliser en Europe. Ce qui inquiète tous ceux qui, comme les taximen, les porteurs ou encore des boutiquiers, mènent leurs activités autour de l’aéroport international de Nsimalen à Yaoundé.
Paul-Mary V. Zanga, chef de la maintenance des équipements radio à l’Asecna
« Avec les nuages de cendres, il n’y a plus la sécurité voulue »
Il est normal que les autorités des zones où l’on observe les nuages de cendres issus du volcan islandais prennent des mesures pour protéger les passagers en limitant les vols. Ceux qui ont interdit les vols avaient certainement constaté que la situation était devenue dangereuse. Le danger c’est que les circuits de l’avion, qui sont en fait des routes aériennes, ne sont plus sûrs. Vous pouvez avoir les déchets toxiques qui peuvent entraver le fonctionnement du moteur des avions. En plus de cela, il y a la visibilité qui diminue. Il n’y a donc plus la sécurité nécessaire voulue.
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