Le ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature a tenu un point de presse hier pour présenter le bilan controversé du sommet mondial sur les changements climatiques.
Pour Lumumba Stanislas Dia-Ping, délégué soudanais à Copenhague, l’accord sur les changements climatiques signé en décembre 2009 est « le pire accord de l’histoire ». Le patron de l’Ong internationale Greenpeace, Kumi Naidoo est tout aussi sévère. «Et voilà une déclaration d’intention qui présente des trous si grands qu’on pourrait les traverser avec l’Air Force One!». Chez les leaders, le ton est plus conciliant. Ban-ki Moon le sécrétaire général de l’Onu estime que cet accord n’est «peut-être pas tout ce que nous espérions, mais reconnait que c’est une «étape essentielle».
Nicolas Sarkozy, président français : l’accord n’était «pas parfait», mais c’était «le meilleur accord possible». Un accord «significatif» et «sans précédent» pour Barack Obama. C’est dans cette logique optimiste que s’inscrit l’avis du ministre camerounais de l’Environnement et de la Protection de la nature. « Ce n’est pas totalement un échec. Un accord consensuel n’était pas facile. Il fallait d’abord que chaque pays aille consulter son parlement avant de venir donner sa position », a indiqué Hélé Pierre hier, 13 janvier 2010, à Yaoundé au cours d’un point de presse. Pour lui, cet accord est « quand même un succès » dans la mesure où le sommet a réussi à mettre autour d’une même table les Etats-Unis et la Chine, les deux grands pollueurs.
Hélé pierre veut à présent que le Cameroun tire profit de l’accord qui a été signé lors du sommet mondial sur les changements climatiques qui s’est tenu du 07 au 19 décembre 2009. En fait, cet accord prévoit également la création d’un « Fonds vert climat » destiné à soutenir les efforts des pays en développement engagés dans la lutte contre les changements climatiques. « Nous allons préparer le maximum de projets possibles », déclare le ministre de l’Environnement. Et les domaines sont tous aussi variés, aires protégées, lutte contre la désertification, exploitation forestière, énergies renouvelables, etc. Ceci afin de bénéficier des fonds qui seront mis à la disposition des pays en développement. 30 milliards de dollars sur trois ans (2010-2013) sont promis par les pays industrialisés. Et cet argent, précise le ministre, ne sera pas considéré comme de l’aide au développement.
Pour le ministre, l’accord de Copenhague aura une influence certaine sur les politiques à mettre en œuvre dans les pays africains pour la lutte contre les changements climatiques. Et pour lui, le Cameroun ne doit pas être en reste.
Ce que dit l’accord de Copenhague
Conclu dans la soirée du 18 décembre 200 par une sorte de G20 élargi, sans l’accord de tous les pays, le texte ne fixe aucun objectif chiffré. L’accord de Copenhague permet pour la première fois d’enrôler l’ensemble des grands pays pollueurs, industrialisés et émergents, dans la lutte contre le changement climatique mais sur des ambitions réduites et sans cadre contraignant. Les principaux points de cet accord sont les suivants :
Objectifs
– La hausse de la température moyenne de la planète devra être contenue en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels (1 800). Mais cette disposition n’est assortie d’aucune garantie: l’accord ne mentionne pas en effet la division par deux des émissions polluantes d’ici 2050 ni de date à laquelle celles-ci devront cesser d’augmenter.
– D’ici au 31 janvier, les pays industrialisés devront communiquer leurs objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à horizon 2020 et les pays en développement devront annoncer les actions qu’ils comptent mettre en œuvre pour atténuer les leurs. Aucun objectif chiffré n’est inscrit dans le texte.
La vérification
– Les engagements des pays industrialisés devront être «mesurables, notifiables et vérifiables» (règles MRV), afin d’en contrôler la réalité.
– Les pays en développement communiqueront eux-mêmes, tous les deux ans, les informations sur leurs politiques nationales, en offrant les éléments ouvrant à des « consultations et analyses internationales », dans le « respect de leur souveraineté nationale » (concession à la Chine).
Seules les mesures bénéficiant d’un soutien international, financier ou technologique, seront soumises aux règles MRV.
Ce point a constitué l’un des plus durs de la négociation.
Le financement
– Une aide immédiate de 30 mds de dollars sur trois ans (2010-2012) doit soutenir l’adaptation des pays en développement aux impacts du réchauffement: elle sera allouée «prioritairement» aux plus vulnérables, notamment en Afrique et dans les petites îles.
– De 2013 à 2020, les pays développés s’engagent à mobiliser progressivement jusqu’à 100 mds de dollars: ces fonds proviendront «de sources variées, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris de financements innovants» – sans évoquer à ce stade de taxe particulière.
– Création du «Fonds Vert Climat» de Copenhague pour soutenir les projets des pays en développement visant à réduire leurs émissions, comme la protection des forêts et la lutte contre la déforestation, l’adaptation, le renforcement des capacités et le transfert de technologies.
Contrainte juridique
– Le «fantôme» de Copenhague: la prochaine conférence de Mexico, fin 2010, ne verra sans doute pas l’adoption d’un nouveau traité contraignant. Le protocole de Kyoto reste donc le seul instrument légal contre le réchauffement, mais ne concerne qu’un tiers à peine des émissions mondiales.
Source : libération.fr
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