Yaoundé : la police à la conférence de presse de Issa Tchiroma

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26 Avr 2010 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires

La rencontre du ministre de la Communication avec les journalistes vendredi dernier au sujet du décès de Bibi Ngota s’est tenue dans une ambiance surchauffée.

Il y avait de la tension dans l’air avant le début de la conférence de presse du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, vendredi dernier 23 avril 2010. A l’extérieur de la salle de conférence du ministère de la Communication, une cinquantaine de journalistes discutent en petits groupes. Un seul sujet au bout des lèvres : la mort en détention préventive de Bibi Ngota, directeur de la publication de « Cameroun Express », la veille. « Le gouvernement tue maintenant les journalistes. On ne peut pas laisser çà ! Ils vont nous dire quoi, aujourd’hui ? Qu’ils ne sont pas responsables ? », lance un journaliste, surchauffé, à ses confrères. A l’intérieur de la grande salle de conférence, les places assises sont déjà totalement occupées. Issa Tchiroma Bakary fait son entrée dans la salle à 17h07. Une quarantaine de journalistes n’a pas de place assise. D’autres sont postés à l’extérieur de la salle, où est installé un baffle pour la circonstance.
Près de cinq minutes après le début de la conférence de presse, la salle s’embrase. Un brouhaha de contestation s’ensuit. Issa Tchiroma Bakary venait de prononcer une phrase qui a provoqué le courroux des journalistes : « L’examen physique de l’intéressé a confirmé l’hypertension artérielle à 19/12, et une hernie dite inguinale, c’est-à-dire qui ne nécessitait pas d’urgence chirurgicale ». Ces mots irritent les journalistes, ramenés au calme par la minute de silence par le ministre en la mémoire de Bibi Ngota au début de la rencontre. « Vous écoutez ? Ils l’ont tué et après ils disent qu’il ne nécessitait pas qu’on lui autorise de se rendre dans un hôpital ! », rouspète Jean François Mvogo du Journal La détente Libre. « Non ! Respectez la mémoire des morts ! Ce n’est pas normal ce que vous dites », crie un autre journaliste. La salle est mouvementée. Le ministre de la Communication suspend son propos liminaire. L’on frôle à l’arrêt de la conférence de presse. Les deux journalistes les plus bruyants menacent même d’aller affronter Issa Tchiroma en grognant. « J’annonce ma disponibilité à continuer le débat. Protégez nous contre ceux qui n’arrivent pas à maitriser leurs émotions », demande Issa Tchiroma aux journalistes. Les journalistes bruyants sont calmés par certains confrères qui les font sortir de la salle. Mais, même à l’extérieur, le brouhaha continue. L’intervention de Biloa Ayissi, le directeur de la publication de Nouvelle Afrique, pour calmer ses confrères se révèle vaine.

Le ministre de la Communication décide de continuer son propos malgré le vacarme qui vient de l’extérieur. La tension va crescendo et culmine une trentaine de minutes plus tard avec l’arrivée de trois éléments du Groupement spécial d’opération (Gso) et d’une dizaine de policiers. Ils sont postés à une vingtaine de mètres de la salle de conférence sur laquelle ils gardent un œil vigilant. Un policier a d’ailleurs une matraque en main. Les esprits des journalistes bruyants s’animent à nouveau quand le ministre affirme que les raisons qui ont justifié la détention préventive de Bibi Ngota « ne relèvent en rien d’un délit de presse, mais plutôt d’une infraction de droit commun se rapportant à une affaire de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés (…) ». Pour lui donc, il ne s’agit pas d’une quelconque restriction par les pouvoirs publics du droit d’exercer librement la profession de journaliste au Cameroun. A peine a-t-il fini sa phrase que des journalistes recommencent à crier : « Vous jugez ! Qui êtes-vous pour juger ? C’était un présumé innocent. Où est la présomption d’innocence ? », crient des journalistes dehors.
Malgré cette ambiance, la séance de questions-réponses se déroulera et Issa Tchiroma, qui appelle sans cesse les journalistes au débat calme, annonce dans la foulée que le gouvernement vient de prescrire l’ouverture d’une enquête judiciaire pour voir clair dans le décès de Bibi Ngota et que pour cela, la dépouille de Bibi Ngota sera retenue par la justice pour une autopsie.


La lettre de Bibi Ngota à Laurent Esso. Également celle de Bosco Tchoubet et de Harrys-Robert Mintya Meka

Yaoundé, le 19 avril 2010

NGOTA NGOTA Germain Cyrille
Détenu à la Prison Centrale de Yaoundé
M.D.P: 10 mars 2010
Motif : Coaction de falsification de document public

A
Monsieur le Ministre d’Etat,
Secrétaire Général de la Présidence
de la République du Cameroun

Objet : Indulgence pour ma libération

Monsieur le Ministre d’Etat,
J’ai l’honneur de venir très respectueusement auprès de votre haute bienveillance,solliciter l’indulgence pour ma libération.
Je ne suis en rien concerné par le document que les enquêtes relèvent comme étant un faux. Je compatis avec votre colère qui somme toute, est légitime. A votre place j’aurai réagi de la même manière.


En toute franchise, je n’ai ni fabriqué, ni exploité le document, Je mets
quiconque au défit de me prouver le contraire. Mon nom a été cité mais injustement dans cette affaire. Pour me permettre de retrouver ma santé, complètement dégradée en ce moment.

Je vous dis merci par anticipation pour la grandeur d’esprit dont vous ferez preuve pour ordonner ma libération. Considération distinguées.

NGOTA NGOTA Germain Cyrille

Issa Tchiroma Bakary : « Le Gouvernement vient de prescrire l’ouverture d’une enquête judiciaire »

La réaction des confrères au sujet du décès en prison de Bibi Ngota

Yaoundé le 25 avril 2010. Quartier Biyem-Assi. Riviera Bar. Des journalistes organisent les obsèques de Bibi Ngota. Une marche avec la dépouille prévue dans les rues de Yaoundé.

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