Le fils du célèbre footballeur Théophile Abega s’est rendu hier dans son ancien établissement où il avait tué son camarade de classe.

Seule l’annonce de la présence de Franck Abega à la guérite de l’école américaine, ce 20 avril 2009, aux environs de 9h, a fait sursauter Nanci Shaw, la directrice de cet établissement. Paniquée, celle-ci va immédiatement appeler la police et l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun. Habillé d’un t-shirt de couleur blanche portant l’effigie du pape Benoît XVI, d’une culotte grise et chaussant des sandales, le fils de l’actuel maire de la commune d’arrondissement de Yaoundé IV, Théophile Abega, âgé de 21 ans, s’y est rendu afin de rencontrer une de ses anciennes enseignantes. « Quand il est arrivé, le gardien qui l’a reçu lui a demandé de s’asseoir à la guérite et d’attendre. Le gardien est immédiatement venu me dire que Franck était à la guérite et qu’il souhaitait rencontrer une femme qui l’avait enseigné», indique Nanci Shaw.
Certaines sources proches de l’ambassade des Etats-Unis vont aussitôt contacter quelques organes de presse pour être témoins de cette présence « indésirable ». Un responsable de l’ambassade des Etats-Unis va arriver sur les lieux, suivi d’un gendarme et d’un policier. A bord de la voiture blanche de l’ambassade immatriculée CD 15RC60, ils ramèneront Franck Abega à l’hôpital Jamot. Franck Abega est interné dans cet établissement hospitalier spécialisé dans le traitement des déficients mentaux depuis 2006, si l’on en croit son neveu qui a requis l’anonymat. Il y avait été transféré après un bref passage à Kondengui. Il souffre des troubles mentaux, indique sans autre précision le Dr Christophe Ayissi, directeur de l’hôpital Jamot.
Défaillance
«Franck est supposé être gardé par des gardiens de prison. Nous nous occupons de sa santé », indique le directeur de l’hôpital qui reconnaît qu’il y a eu une faille dans la garde. «Il est arrivé à un niveau où il n’avait plus besoin de gardiens. Car il prenait lui-même ses médicaments deux fois par jour. Il sortait même de l’hôpital pour s’approvisionner en crédits de communication et revenait», affirme le neveu de Franck Abega qui reconnaît qu’il y a un laxisme de la part du personnel pénitencier. «Certaines fois, les gardiens viennent une seule fois par semaine, or il doit être gardé 24h sur 24», poursuit-il.
Pour parer à la situation, l’intendant de la prison centrale de Kondengui viendra sur les lieux avec deux gardiens de prison. Emmanuel Meya reconnaît qu’il y a défaillance de la garde et prône que celle-ci soit désormais rotative. «Franck Abega est dangereux. Son père affirme que c’est lui-même qui est visé. La mère de Franck aurait également quelque chose à voir dans cette affaire. Il y a du mysticisme dans cette affaire. Il y a quatre mois, il s’est rendu au domicile familial et son père a dû appeler les forces de l’ordre pour le ramener à l’hôpital», raconte Emmanuel Meya.
Théophile Abega s’est également rendu à l’hôpital Jamot hier, mais n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. En rappel, c’est le 05 décembre 2005 que Franck Abega, alors âgé de 17 ans et élève en classe de Tle, a, à l’aide d’un couteau qu’il a ramené du domicile familial, égorgé son camarade de classe, le Burundais Jean-Alex N., lui aussi âgé de 17 ans. Interrogé par les enquêteurs, Franck avait affirmé que sa victime lui faisait du charme depuis quelque temps. Il précise qu’il s’est plaint plusieurs fois à l’administration de son école qui n’a pas réagi face à ces actes indicateurs d’homosexualité. Inculpé pour meurtre, Franck Abega qui n’est pas encore condamné, avait été interné à la prison centrale de Kondengui avant d’être transféré à l’hôpital Jamot de Yaoundé où il subit un traitement psychiatrique.
Beaugas-Orain Djoyum