Yaoundé : 08 mars dans la peine et la douleur

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9 Mar 2010 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires


Contraintes, des femmes du quartier Omnisports ont passé la journée d’hier à casser leur boutique, fruit de plusieurs années de dur labeur, tout en s’indignant de l’absence de dédommagement.


C’est le dernier jour de travail de Sidonie. Dans son salon de coiffure ce 08 mars 2010, deux clientes habillées de l’uniforme de la Journée internationale de femme (Jif) embellissent leur tête. Ici, le désordre s’est installé. Plastiques, cartons, mèches, tissus, habits sales, etc., jonchent le sol. L’air du déménagement, assurément. A l’extérieur du salon, le canapé qui servait de siège pour les clientes en attente s’apprête à changer de destination. L’ambiance n’est pas à la Jif. Une seule des deux employées de Sidonie porte un kaba (grande robe) cousu avec le pagne conçu pour l’occasion. Tandis qu’au boulevard du 20 mai et dans les débits de boissons l’ambiance est à la fête, les bières coulant à flots, les visages ici sont moroses. Aucune des femmes ne veut s’adresser aux inconnus. Surtout pas aux journalistes. L’avenir est probablement sombre à cause de l’annonce des casses. « Je ne veux pas parler aux journalistes. Ils (la Communauté urbaine de Yaoundé, ndlr) ont déjà dit qu’ils vont casser. Nous allons partir ! », lance la responsable de Sidonie Coiffure, située en face du cimetière du quartier Omnisports.
C’est le 02 mars dernier que les responsables de la Communauté urbaine de Yaoundé sont venus mettre des croix sur leur boutique. Un délai de huit jours leur a été accordé pour déguerpir. C’est ce matin, en effet, que les engins de la Cuy devraient démolir les commerces qui n’ont pas quitté le lieu de construction du futur site du défilé annoncé pour la célébration des cinquantenaires de l’indépendance et de la réunification du Cameroun. Depuis le passage des responsables de la Communauté urbaine, aucun recensement des populations à déguerpir n’a été effectué. Personne ne leur a parlé d’indemnisations.


C’est avec les larmes aux yeux que Ruth Kameni, 37 ans, supervise, ce 08 mars, les casses de sa poissonnerie qu’elle a construite en 1999. « J’ai dépensé 2,5 millions de francs Cfa pour construire ma poissonnerie que j’ai baptisée Poissonnerie du Stade. C’est avec les recettes de ce commerce que je nourris ma famille constituée de huit personnes. Aujourd’hui, on nous demande de partir comme ça ! Sans rien nous donner pour compenser toutes nos dépenses. Je vais seulement rentrer au quartier », s’indigne Ruth Kameni qui ne songe même pas à la Jif célébrée cette année sous le thème : « Egalité des droits, égalité des chances : progrès pour tous ». Ne lui répétez surtout pas l’expression « progrès pour tous » ! Pour l’instant, Ruth Kameni veut récupérer les tôles et les planches de sa poissonnerie avant que les engins de la Cuy n’arrivent.


Clarisse Shou

En route pour Bamenda


La vendeuse d’eau glacée et de cigarettes envisage de retourner dans son village natal où la vie est plus abordable.

Depuis plus d’une semaine, Clarisse Shou a perdu le sommeil. Elle cherche en vain où elle pourrait installer sa caisse de cigarettes depuis l’annonce des casses à l’Omnisports sur le futur site du défilé. « Aller m’installer au marché d’Etoudi ? Non, là-bas, il y a aussi des casses. Au quartier Manguiers ? Là c’est très difficile d’obtenir une place. Peut-être, je vais même recommencer à porter les bananes sur la tête, me promener et vendre », se dit-elle, pensive. En fait, à côté de sa caisse de cigarettes, Clarisse Shou vend également des bananes et de l’eau glacée embouteillée. Tous les footballeurs ici me connaissent, car cela fait plus de 15 ans que je leur vends de l’eau. Ne lui parlez surtout pas de Journée internationale de la femme. «Je ne pense même pas à cela, mais à ma survie. J’ai un pagne qu’on m’a offert et je n’ai même pas pensé à le donner au tailleur. J’ai d’autres préoccupations », relève-t-elle.
Cinq enfants à sa charge, la location qu’il faut assurer, la santé, l’éducation, etc., cela fait beaucoup pour cette femme de 41 ans qui a un mari, qui se bat à sa manière. Comme elle. Se priver de ce petit pain qu’elle obtient quotidiennement serait fatal pour elle. « Je pense que la meilleure solution serait que je rentre au village. A Bamenda, au moins, je peux cultiver la terre et vivre normalement avec ma famille, sans contraintes. A Yaoundé la vie est très dure», reconnaît-elle.

Thérèse Magne, commerçante
« Je vais rentrer au village »


« Mon fils, tu vas écrire pour que cela change quoi ? Pour que prochainement ils préviennent les gens qu’ils vont casser ? Non, Tsimi Evouna a déjà fait son plan. Et ce n’est même pas lui qui dirige cela. Ça fait mal, mais on va faire comment. C’est inutile de vous parler». N’allez pas croire que Thérèse Magne, tenancière d’une caisse de cigarette au quartier Omnisport, qui prononce ces mots ce 07 mars 2010 est contre les casses. Car, si c’est pour arranger la ville, elle est tout à fait d’accord. Pour elle, le mal est fait et il est inutile de parler aux journalistes. Mais pourquoi en est on arrivé là, se demande-t-elle. « Pourquoi retrouve-t-on plus de commerçants au bord des rues, pourquoi de nombreux jeunes sont des marchands à la sauvette ? Hein, mon fils ? », observe Thérèse Magne. « C’est le système qui a failli. Le gouvernement ne fait pas bien son travail mon fils », tranche-t-elle. Elle rêve en fait d’une ville où les jeunes diplômés ont le travail qu’il leur faut, où les commerçants sont installés dans des grands marchés appropriés à leur commerce, etc. Thérèse Magne, la quarantaine, compte rentrer à Bafoussam vivre une vie plus paisible. « Cela fait plusieurs années que je vends ici. Si c’est très fort après les casses, je rentre à Bafoussam », conclut-elle.

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