Théophile Yimgaing Moyo : « Le gouvernement doit règlementer l’installation des populations en zones urbaines »

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4 Mar 2010 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires

L’urbaniste présente quelques pistes pour améliorer les conditions de vie dans les bidonvilles et pour empêcher la création de celles-ci.




Quels sont les problèmes que l’on rencontre dans les bidonvilles camerounais, et notamment à Yaoundé ?

Les bidonvilles à Yaoundé sont le résultat d’une occupation spatiale qui tient compte beaucoup plus de la capacité sociale des individus à s’intégrer dans le milieu urbain. Les pauvres, en milieu urbain, s’installent là où ils peuvent, alors que les riches s’installent là où ils veulent. Les zones délaissées vont être occupées dans un premier temps par les personnes démunies. Ce sont elles qui construisent ces bidonvilles. Ce sont des systèmes de construction, qui, parfois, malgré leur pauvreté en matériaux, sont des structures de vie. Ce sont des Camerounais et des familles entières qui y vivent et l’on n’y trouve pas toujours les services sociaux de base. La majorité de la population urbaine est pauvre.

Comment sommes-nous arrivés à cette situation ?

Nous sommes arrivés à ce niveau parce que nous vivons dans un système d’économie libérale. C’est la loi du plus riche qui est la meilleure. Comment voulez-vous que dans un tel système, il n’y ait pas de bidonvilles qui sont l’expression de la pauvreté ? Nos villes sont malades. Elles le sont parce que ce sont des villes de profit. Ce ne sont pas dans zones ou vous trouvez des habitations en tôles, en planches et en cartons que vous trouverez les plus fortunés de la ville.

C’est quoi une ville de profit ?

On parle de ville de profit quand toutes les structurations des villes ont pour seule perspective la recherche du profit. Vous constatez que les prix des terrains augmentent chaque jour. Les meilleures zones urbaines vont être achetées par les plus nantis. Les résidences vont être de plus en plus construites au détriment des logements sociaux. Malgré tout ce qu’on peut en dire, quelqu’un qui gagne le smig (28 000 francs cfa au Cameroun, ndlr) ne va pas se loger à plus de 30 000 francs cfa. Si on considère que la part investie dans la location est de l’ordre de 20 à 25%, c’est à dire à peu près 6 000 francs pour quelqu’un qui gagne le smig, ce ne sont pas certainement ces personnes qui vont retrouver une habitation dans les logements sociaux.

Comment améliorer le cadre de vie dans les bidonvilles de Yaoundé ?

Il faut d’abord que l’on tienne compte de ce que les citoyens vivant dans les bidonvilles sont également des Camerounais, malgré leur dénuement. L’Etat doit les prendre en charge, au moins en partie. Lorsque ce principe sera acquis, il faudra que les économistes, les architectes, les urbanistes, les hommes politiques s’asseyent pour trouver des solutions pour l’amélioration de ce cadre de vie. Et je peux vous dires que des solutions, il y en a.

Lesquelles par exemple ?

Dans les années 1980, il y a par exemple eu l’opération Nylon à Douala. C’est-à-dire que l’on essaye de restructurer les quartiers en laissant la majorité des populations pauvres sur place et en améliorant leurs conditions de vie en leur donnant accès aux services sociaux de base. C’est une alternative.

Comment faire pour empêcher le développement des bidonvilles ?
Le délégué du gouvernement lui-même l’a dit dernièrement, la nature a horreur du vide. Lorsque vous ne savez pas où aller, vous avez l’impression que tous les espaces vides de la ville sont à occuper. Vous ne cherchez même plus à savoir quelle est la réglementation en matière d’installation urbaine. C’est au pouvoir public de réglementer l’installation des populations en zones urbaines. Et un Etat qui n’est pas à même de réglementer le foncier en zone urbaine est défaillant. C’est ce qu’on constate maintenant, parce qu’il y a des services qui ne font pas leur travail.

Quels sont les quartiers à Yaoundé qu’on peut considérer comme étant des bidonvilles ?

A la réflexion, le terme de bidonville n’est pas approprié. Ceci dans la mesure où vous avez une installation des populations par affinité ethnique. Vous avez des quartiers pauvres, mais dans ces quartiers vous trouvez également des résidences bien construites. Mais tout autour, les autres membres de la communauté construisent leurs maisons avec des matériaux de récupération. Nos quartiers sont donc des bidonvilles particuliers. Je peux par contre dire qu’il y a des zones de pauvreté. C’est tout ce qu’on appelle les « Elobi ». C’est par exemple Mokolo Elobi, Etoa Méki, bref, dans les valons, c’est-à-dire dans les parties inondables de la ville que l’on retrouve ces bidonvilles et zones de pauvreté.

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