Avant-hier, 30 septembre 2009, l’opérateur indien de télécommunications, Bharti Airtel, a annoncé l’échec des discussions engagées en vue d’une fusion avec le géant sud-africain Mtn. Le premier opérateur de téléphonie mobile indien voulait, avec les 49% de parts qu’il envisageait d’acheter auprès de Mtn, créer un géant des télécoms dans les pays émergents, notamment en Inde, en Afrique et au Moyen-Orient, ceci avec plus de 200 millions d’abonnés.
La nouvelle entité devait ainsi être le troisième opérateur mondial après China mobile (407 millions d’abonnés) et Vodafone (269 millions d’abonnés). Mais les négociations ont achoppé à cause de l’exigence par le pays de Nelson Mandela d’une double cotation (en Inde et en Afrique du Sud) de la nouvelle entité. Ce que ne prévoit pas la réglementation indienne.
Ce n’est pas la première fois que les négociations sont rompues ; mais elles sont chaque fois relancées. Cela marque bien l’envie et l’ambition de Bharti d’investir en Afrique. L’opérateur indien n’est pas le seul à avoir ces ambitions en Afrique. Orange (France), Vodafone (Angleterre), Vivendi (France), Zain (Koweït) ne sont pas en reste. La raison est simple : le marché de la téléphonie mobile est saturé en Occident, alors qu’en Afrique, les populations sont de plus en plus accros au téléphone portable. Le marché des téléphones portables en pleine expansion en est fort illustratif. En effet, d’après une étude du cabinet de marketing Ernst & Young rendue publique en juin 2009 à Abidjan, depuis 2002, l’Afrique a enregistré le taux de vente des téléphones portables le plus rapide du monde, soit 49,3%. Suffisant pour comprendre pourquoi les opérateurs internationaux s’y bousculent.
Négociations en milliards
Parmi ces opérateurs, le groupe koweitien Zain. Il compte aujourd’hui 40 millions d’abonnés au mobile en Afrique. D’après le journal Les Afriques, en 2008, la branche Afrique de Zain a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards de dollars. Le géant français des télécoms et des médias, Vivendi, avait d’ailleurs voulu, en vain, racheter les actifs africains de Zain en 2008. Vivendi avait alors proposé 10 milliards de dollars (soit environ 5 000 milliards de francs Cfa) alors que Zain demandait 12 milliards de dollars (soit environ 6 000 milliards de francs Cfa). Il faut déjà noter que Maroc Télécom, qui a récemment acquis 51% du capital de la Société de télécommunications du Mali (Sotelma), est une filiale de Vivendi.
Pendant ce temps, le groupe français Orange se frotte les mains. Présent en Afrique depuis 2002, il est le seul groupe capable de faire face au géant sud-africain Mtn avec plus de 45 millions d’abonnés. Il est présent en Guinée équatoriale, en Côte d’Ivoire, en Tunisie, au Cameroun, en Egypte et au Sénégal. Le Britannique Vodafone n’est pas en reste. En 2008, il a racheté le numéro un sud-africain du Gsm, Vodacom, pour 2,4 milliards de dollars (soit environ 1200 milliards de francs Cfa). La compagnie est propriétaire de 70% du capital de Ghana Telecom et étend ses tentacules au Kenya, en Tanzanie, au Mozambique et en République démocratique du Congo. A cette allure, vu les intérêts énormes, le nombre d’opérateurs internationaux va, à coup sûr, augmenter.
Sces : La tribune et Les Afriques
Téléphonie mobile : Un marché en pleine expansion en Afrique
D’après une étude du cabinet de marketing Ernst & Young rendue publique en juin 2009 à Abidjan, depuis 2002, l’Afrique a enregistré le taux de vente des téléphones portables le plus rapide au monde soit 49,3%. Pendant ce temps, en France, le taux de croissance annuel est de 7,5%, 28% au Brésil et 27,4% en Asie.
Un autre cabinet d’étude WCIS affirme qu’en 2008, l’Afrique comptait 380,5 millions d’utilisateurs de téléphone mobile, soit un taux de pénétration de 37%. Serge Thiémélé est le responsable Afrique du cabinet Ernst & Young. Dans les colonnes du journal Les Afriques, il explique que cette forte croissance est due à la libéralisation du marché. « Le développement des télécommunications a été soutenu par des économies africaines en pleine croissance, tirées par le boom des matières premières et la libéralisation accrue des marchés », relève-t-il.
Pour Ernst & Young, il y a 3 catégories de marchés en Afrique en fonction du taux de pénétration : les marchés développés (+ 50%) qui regroupent 11 pays, les marchés émergents (20 à 49%), qui comptent 27 pays et les marchés vierges (- 20%) qui regroupent 19 pays. Le cabinet marketing pense qu’en 2018, le taux moyen de pénétration du mobile sur le continent passerait de 37% à 61%.
QUI FAIT QUOI EN AFRIQUE ?
Centrafrique : La bataille France – Afrique
La concurrence entre les opérateurs de téléphonie mobile est réelle en République centrafricaine. Ce qui a significativement baissé les tarifs de communication. Ici, un appel coûte parfois moins de 64 francs Cfa, selon l’Agence de régulation des télécommunications de la Rca. En effet, quatre opérateurs de téléphonie mobile se disputent les parts de marché. Il s’agit de Telecel Centrafrique, qui entre sur le marché en 1995, de Nationlink Telecom (Rca) en 2004, de Moov (groupe ivoirien) en 2005 et d’Orange Centrafrique (Français) en 2007. « Au lancement d’activités, chaque opérateur mettait en place des stratégies commerciales non seulement pour débaucher une partie de la clientèle des concurrents, mais aussi, pour attirer les clients potentiels, en proposant des services à des prix compétitifs », précise le site web de l’Art-Centrafrique. Au premier trimestre 2008, le parc d’abonnés en Rca s’élevait à 534.100, selon l’Art-Centrafrique.
Gabon : Le Koweït cherche des abonnés
114%. C’est le pourcentage de pénétration de la téléphonie mobile au Gabon. Le chiffre est avancé par l’Agence gabonaise de régulation des télécommunications (Artel). En effet, sur une population de 1,4 millions d’habitants, l’Artel estime que le Gabon dispose d’un million d’abonnés, contrairement au chiffre de 1, 3 million d’abonnés annoncé par les compagnies de téléphonies mobiles. « Avec un taux de pénétration de 57% de la population gabonaise, cela reste exceptionnel pour un marché africain », se targue l’Artel. On y retrouve en effet trois compagnies de téléphonie mobile. Il s’agit de Zain (ex Celtel), Moov et Libertis. Filiale GSM de Gabon Telecom à 100%, Libertis a démarrée ses activité en mars 1999. Zain Gabon, via Celtel Gabon a lancée ses activités en juin 2000. En 2008, Celtel devient Zain. Le groupe koweitien s’est installé au Gabon en innovant. En septembre 2009, elle a signé un contrat avec Orange Cameroun et Mtn Cameroun pour desservir la sous-région.
Rdc : Les chinois hors-jeu
Plusieurs opérateurs de téléphonie mobile exercent en république démocratique du Congo. Vodacom, Zain et Tigo se disputent les parts du marché local. D’après les données de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (Arptc), en 2006, Vodacom Congo est parvenu à s’imposer comme l’un des principaux opérateurs mobiles du pays. Vodacom est une société sud-africaine. D’après le journal congolais La Conscience, elle compte aujourd’hui quatre millions d’abonnés après en 10 ans d’existence. Tigo quant à elle est une filiale du groupe suédois Millicom International cellular. En 2003, la société chinoise Zte avait, avec le gouvernement congolais, lancé la Cct (Congo Chine Télécom). Le capital était détenu à 51% par la société chinoise et à 49% par le gouvernement. Mais en 2006, les chinois se sont retirés du capital de la société sans explication claire. Le groupe koweïtien Zain a également étendu ses ailes en Rdc.
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