Meles Zénawi, Premier ministre éthiopien et porte-parole du continent africain, prévient les Occidentaux contre tout « viol de notre continent ».
Les rapports sont désormais tendus entre l’Afrique et les pays industrialisés en ce qui concerne le sommet de Copenhague qui se tiendra au Danemark en décembre prochain. «Si cela est nécessaire, nous sommes préparés à quitter des négociations qui seront un nouveau viol de notre continent», a déclaré Meles Zénawi, le Premier ministre de l’Ethiopie et coordinateur de la position africaine commune pour les négociations. Ces propos, rapportés par le journal français Le Monde, ont été tenus à l’occasion de la rencontre entre les pays africains et l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) dans le cadre du forum pour le partenariat avec l’Afrique tenu à Addis-Abeba en Ethiopie le 3 septembre dernier.
Plusieurs études démontrent en effet que les pays pauvres, moins pollueurs, seront les premières victimes du changement climatique. Ce qui ne sera forcément pas le cas des pays industrialisés, premiers émetteurs de gaz à effet de serre et principaux responsables du réchauffement climatique. «Nous utiliserons notre nombre pour saper la légitimité de tout accord qui ne remplit pas un minimum de conditions », a menacé Menes Zenawi.
Pour les experts du développement durable, l’Afrique doit impérativement « sortir de la logique d’aide au développement». C’est du moins ce que pense Thierry Tene, fondateur d’un cabinet spécialisé dans le conseil sur le développement durable. « Derrière les discours sur la sauvegarde de la planète, c’est la domination économique du monde de demain qui se joue. Et contrairement aux idées reçues, nous sommes en position de force», explique-t-il dans les colonnes de journal économique Les Afriques. Pour lui, la voix du continent sera inaudible d’où son appel aux présidents africains en charge du dossier. «C’est le destin de près de deux milliards d’Africains à l’horizon 2050 qui se joue à Copenhague. Les autres continents ont bien analysé leurs intérêts. Prenons le temps de la réflexion pour élaborer les nôtres», propose-t-il.
Pour Samuel Nnah Ndobe, responsable du dossier au sein de l’Ong camerounaise Centre pour l’environnement et le développement (Ced), il faut un front solide des Africains : «C’est le seul moment où il faut bien négocier, car nous avons des forêts qui sont les meilleures solutions au réchauffement climatique». Toutefois, affirme-t-il, les pays africains doivent être plus sérieux. «L’on ne peut pas accepter de poursuivre la déforestation et continuer à demander des financements pour la lutte contre le changement climatique. Les politiques d’exploitation forestière jusqu’ici n’ont d’ailleurs pas permis à l’Afrique de se développer ».
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