Toujours aussi populaire au Cameroun, Roger Milla n’a cependant pas des mots tendres avec la sélection. Il évoque des problèmes récurrents de discipline qui doivent être réglés avant le Mondial dans une interview parue ce 31 mai 2010 sur Sport24.com et réalisée par Baptiste Desprez.

Quelles chances donnez-vous au Cameroun pour cette Coupe du Monde ?
Roger Milla : C’est difficile à dire. Les joueurs sont encore en préparation aujourd’hui. Tout va dépendre de celle-ci, ainsi que la discipline. C’est ça qui fait gagner des matches aujourd’hui. S’il y a tout cela, j’ai confiance.

Vous avez critiqué la sélection de Paul Le Guen ces derniers jours…
Roger Milla : Ce n’étaient pas des mots durs. C’est la vérité. Pour moi, Paul Le Guen doit être là pour ses choix sportifs. La vérité vient du terrain et rien d’autre. Nous leur faisons confiance, mais sans la discipline on ne peut rien faire. On n’a pas de vie. Moi c’est pour eux que je dis ça, pas pour moi. Je n’ai plus rien à prouver. J’ai été discipliné dans ma vie, encore aujourd’hui. A eux de l’être aussi lors de ce Mondial. Il n’y aura pas de résultat sans ça.

Vous ne pensez pas que vos propos puissent toucher l’équipe ?
Roger Milla : Non vraiment pas. Je suis un citoyen camerounais, un ancien joueur des Lions Indomptables. C’est justement pour prévenir que je dis ça maintenant.

Que manque-t-il aux équipes africaines pour tutoyer le top niveau ?
Roger Milla : Je me répète, mais c’est vraiment la discipline. On le voit à chaque fois avec les pays africains. C’est le gros problème des sélections. Avec une bonne organisation, ces nations peuvent battre n’importe qui.

Avez-vous un favori parmi les six nations africaines ?
Roger Milla : Aucun pour le moment. C’est trop tôt pour le dire. On verra tout ça lors du début de la compétition. Annoncer un favori maintenant, cela ne veut rien dire.

Qu’évoque pour vous l’Afrique du Sud ?
Roger Milla : Ça me fait toujours chaud au cœur d’aller en Afrique du Sud. J’ai les larmes aux yeux quand je reviens dans les quartiers où il y a eu des massacres. Les Sud-Africains ont une chance unique en organisant ce Mondial. Il faut aller de l’avant. Ce peuple doit se projeter vers l’avenir et ne plus revenir en arrière.

Quel regard portez-vous sur l’équipe de France ?
Roger Milla : Je pense qu’elle a fait un très bon match contre le Costa Rica. Il faut savoir si tactiquement, les Bleus vont rester sur ce système de jeu. S’ils jouent comme ça au Mondial, ils auront leur chance. Mais l’Uruguay, le Mexique ou l’Afrique du Sud vont être dures à jouer lors de ce premier tour.

Pour finir sur une note plus légère, qui selon vous sera le meilleur danseur lors du Mondial ?
Roger Milla : (rires). Il faut déjà des buts avant de voir des joueurs fêter ça. Mais espérons que ce soit un Africain et pourquoi pas un Camerounais.

Les propos de Milla à l’Afp qui ont déclenché la polémique

«Pour l’instant, Samuel Eto’o a beaucoup apporté à Barcelone et à l’Inter Milan, mais jamais rien à l’équipe du Cameroun. C’est aussi une question de discipline : il a un peu malmené les autres joueurs, on n’avait jamais vu ça en équipe nationale. Le Cameroun attend qu’il réagisse. »