Le Fonds monétaire international ne s’accorde pas avec la Banque centrale et certains pays de la sous-région sur les estimations de la croissance en zone Cémac en 2010.
Le Comité de politique monétaire de la Banque des Etas de l’Afrique centrale s’est tenu à Yaoundé le 19 mars 2010 sous la présidence du gouverneur de la Béac, Lucas Abaga Nchama. Prévue pour s’achever aux environs de 14h30, la rencontre s’est plutôt terminée à 19h, contraignant ainsi les journalistes invités à une longue attente. On comprend pourquoi les discussions se sont prolongées, car les responsables du Fmi présents à cette rencontre ne s’entendaient pas forcément avec les cadres de la Béac sur les prévisions de croissance en zone Cémac pour l’année 2010. Le tableau ci-dessous l’atteste.
Au terme de cette rencontre, Lucas Abaga Nchama a annoncé aux journalistes que d’après la Banque, la croissance sera de mise en 2010 dans la zone Cémac. Elle sera de l’ordre de 4,4% contre 2% en 2009, alors que les tensions inflationnistes seront plus fortes, s’élevant à 4,5% contre 4,3% en 2009. Des chiffres que conteste le Fmi. Pour ce bailleur de fonds, le taux de croissance en 2010 dans la zone Cémac sera de l’ordre 3,3% et le taux d’inflation de 3,5%, soit une différence d’1%. Le Fmi se base sur les données actualisées de sa revue, le World Economic Outlook (Weo).
Dans la même lancée, les prévisions de croissance de plusieurs pays de la Cémac sont revues à la baisse par le Fmi. C’est le cas du Cameroun. Le Fmi pense le taux de croissance au Cameroun en 2010 sera de l’ordre de 2,7% contre les 3,8% annoncé par Béac et les 3,9% annoncé par le Cameroun lui-même. En ce qui concerne les prévisions du taux d’inflation au Cameroun, les chiffres divergent. Le Cameroun et le Fmi annonce un taux d’inflation de l’ordre de 2%, alors que la Béac parle de 3%.
Contrairement au Fmi, Lucas Abaga Nchama soutient que la croissance sera plus forte en 2010. « Nos exportations vont reprendre, car il y a une demande mondiale et intérieure dans la sous-région. Il y a ensuite les investissements publics en Guinée équatoriale, au Congo, au Cameroun où il y a la politique des grandes ambitions, et un peu partout dans la sous-région. Nous pensons que tout cela va contribuer à une meilleure croissance», explique-t-il. Approchée pour obtenir des explications sur ces discordances, la représentation locale du Fmi à Yaoundé nous renverra à la semaine prochaine au terme de la visite de la mission du Fmi actuellement en séjour au Cameroun pour les négociations préliminaires en vue de la signature d’un nouveau programme (Facilité élargie au crédit).
Pour le Pr Tsafack Nanfosso, enseignant de gestion des politiques économiques à l’Université de Yaoundé II, le Fmi, éloigné du terrain et des réalités des pays, a des prévisions beaucoup plus pessimistes. « Les hypothèses du Fmi ont plus une prégnance sur ce qui se passe à l’extérieur du pays que sur ce qui se passe à l’intérieur du pays », relève-t-il.
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