Quelques pistes pour élaborer la planification d’un espace urbain moderne.
« Il est urgent que les politiques soient orientées vers la construction de villes nouvelles et des villes durables et écologiques ». Déclaration du directeur de l’Institut national de la cartographie, Paul Moby Etia. C’était hier, 10 novembre 2009, à Yaoundé l’occasion de l’ouverture du colloque international organisé par son institut en collaboration avec le ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation et celui de l’Enseignement Supérieur. A cette occasion, des experts proposent comment parvenir à la création des villes écologiques par le biais de la planification.
D’après Jean Pierre Ntamag, enseignant au département d’histoire de l’Université de Yaoundé I, la ville durable ou écologique est une cité urbaine respectant les principes du développement durable et d’urbanisme écologique qui prend en compte les enjeux sociaux, économiques, environnementaux et culturels de ses habitants à travers trois critères. Pour y parvenir, il faut réaliser quelques réformes.
Pour Jean Pierre Ntamag, les réformes qu’appellent les villes du Cameroun doivent s’attaquer aux principes coloniaux, « c’est- à- dire aux théories d’urbanisation coloniales qui ont produit ces villes ». Selon l’universitaire, il faut remettre en question, sinon abandonner le modèle colonial des villes où les administrations, les hôpitaux et les lieux publics sont construits en un seul lieu. Ce qui occasionne des embouteillages quand les gens vont au travail. De même quand ils rentrent chez eux.
Un autre problème relevé par le sociologue Nathan Onana Noah, la répartition des quartiers. « A Yaoundé, affirme-t-il, chaque quartier a une dominance ethnique qui favorise l’exclusion sociale des groupes minoritaires à travers les décisions qui sont prises pour l’intérêt générai des populations qui occupent l’espace ». D’après lui, cette situation a pour corolaire la réclusion des couches sociales économiquement marginalisées.
La planification du développement durable de quelques villes vu par des experts
Yaoundé
« Il est illusoire d’engager de très grands travaux sans… »
La problématique de la durabilité des métropoles africaines ne saurait occulter la place des pratiques résidentielles et spatiales des différentes catégories de leur population. Une question centrale se pose face à l’urgence d’abriter des populations de plus en plus nombreuses dans des quartiers mal urbanisés. C’est celle de savoir ce qui caractérise la vulnérabilité résidentielle et spatiale des différentes catégories d’habitants et comment les municipalités s’y attaquent-elles avec quels résultats. Il est illusoire d’engager de très grands travaux d’aménagement urbain sans tenir compte des rationalités qui président à la construction de l’urbanité et du lien social chez des populations urbaines aux origines socioculturelles et aux représentations différentes.
Pierre Mbouobouo, chercheur au Centre national de l’éducation
Kribi
« Le développement durable des villes côtières est complexe »
Si les villes d’Afrique noire posent des problèmes de développement difficiles à surmonter, celles situées sur le littoral se révèlent plus complexes encore à gérer durablement. Ceci tient à un certain nombre de facteurs parmi lesquels, la forte attractivité des sites littoraux, la spéculation foncière croissante mais aussi les conflits d’accès et de contrôle qui minent ces espaces. La ville de Kribi en est un véritable cas d’école où l’on voit s’affronter des acteurs aux intérêts divergents, pour maintenir ou renforcer leur position spatiale en ville ou à la périphérie urbaine. La problématique du développement durable des villes côtières est rendue complexe d’une part, par le fait que le mode d’occupation de l’espace est de nature à préserver ou à dégrader les écosystèmes littoraux dont la sensibilité est connue par ailleurs et, d’autres part, par les liens qui existent entre les activités terrestres et la biodiversité marine.
Paul Tchawa, enseignant au département de géographie, UyI
Nord Cameroun
« Des villes sans réelle identité »
Les villes ici sont sans réelle identité, c’est-à-dire sans particularismes, sans caractéristiques attractives qui font des spécificités tant vantées sous d’autres cieux. Les villes dans le Nord du Cameroun n’en font pas exception. Si l’on met de côté Garoua, Maroua et Ngaoundéré qui semblent avoir quelques avances, les autres villes secondaires naviguent sans véritable plan de développement. Et même dans ces agglomérations qui ont l’allure de cités, les choses ne sont pas bien définies. L’on a le sentiment que c’est également une navigation à vue. Si l’on se réfère à l’écosystème dans lequel elles sont implantées, l’on ne peut pas parler de désert mais d’espaces parcourus par des immensités boisées. Au lieu de tenir compte de cette donne en réservant donc des espaces verts tout naturels, cette donne n’a pas encore pris place dans le subconscient des décideurs qui n’y voient que futilités.
Joseph Domo, enseignant de sociologie/anthropologie à l’Université de Ngaoundéré
Source : plaquette de l’Inc
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