Aéroport de Nsimalen. Le vol de la compagnie aérienne nationale à destination de Yaoundé n’a pas pu atterrir avant-hier, parce que Paul Biya quittait Yaoundé pour la Chine via Paris.
Après les commerçants et citadins de Yaoundé, c’est le tour des passagers de Camair-Co
de subir les désagréments de l’interruption de la circulation lors du passage du cortège du président de la République.
Le vol de la jeune compagnie aérienne nationale en provenance de Paris à destination de Yaoundé est arrivé à l’aéroport de Nsimalen avec plus de quatre heures de retard. Les passagers qui devaient arriver à Yaoundé hier, 17 juillet 2011, à 17h 15, sont plutôt arrivés à 21h30 après un atterrissage forcé à Douala. Et pour cause, le boeing 767-300 de Camair-Co est arrivé dans le ciel Yaoundé à l’heure. Mais, à l’heure où le dispositif habituel de sécurité était déjà en place à l’aéroport de Nsimalen pour le départ en Chine de Paul Biya et de son épouse. Les responsables de la sécurité présidentielle ont donc interdit à l’avion d’atterrir, parce que le président et sa suite étaient à l’aéroport sur le point de décoller. L’avion a donc fait demi-tour sur Douala avant de revenir à Yaoundé, confie certains responsables de Camair-Co. L’avion du président a décollé à 18h, soit près de 45 minutes après l’arrivée du vol de la Camair-Co. Finalement, les passagers du vol arriveront à Yaoundé à 21h30. Le Jour n’a pas pu avoir d’amples informations à ce sujet aux Aéroports du Cameroun (Adc).
Une situation qui a fait rougir les passagers de Camair-Co. L’image du Cameroun prend ainsi un sérieux coup auprès des passagers. L’image de la jeune compagnie aérienne nationale aussi. Cette jeune compagnie qui s’efforce de séduire une clientèle dans un environnement fortement concurrentiel. « C’est inconcevable et inimaginable dans un Etat normal. Comment un avion peut être interdit d’atterrir, parce que le Chef de l’Etat est à l’aéroport ? », s’exclame un passager.
Un tel acte est de nature à décourager les passagers à emprunter Camair-Co, notent certains observateurs. « Comment créer une compagnie aérienne nationale compétitive qui réalise des bénéfices avec des actes de cette nature ? », se demande un commerçant. Plusieurs personnes sont tentées de dire qu’à travers cet acte la présidence de la République participe à ternir la réputation de la jeune compagnie aérienne nationale. C’est pourtant Paul Biya qui, en mars 2011, avait alloué, à la surprise générale, 22 milliards de francs Cfa à Camair-Co. La compagnie aérienne nationale entrait ainsi, à la dernière minute, dans la liste des projets structurants à financer par les fonds issus de l’emprunt obligataire qui a vu la mobilisation de 200 milliards de francs Cfa en décembre 2010.
Désagréments à Mvog-Mbi
Les désagréments subis dimanche par les passagers de Camair-Co sont le lot habituel des riverains de l’axe reliant le Palais de l’Unité à l’aéroport. Les boutiquiers situés au marché de Mvog-Mbi, notamment ceux qui longent l’axe central sur lequel passe le cortège du chef de l’Etat pour se rendre à l’aéroport, eux, sont habitués à ces désagréments et les conséquences sur leurs activités sont nombreuses. L’un d’eux, Ali Seydou, propriétaire d’une quincaillerie, raconte : « Récemment, Paul Biya était encore à Malabo en Guinée équatoriale pour le sommet de l’Union africaine. La Crtv montrait les images en direct et l’on voiyait très bien que le président n’était même pas encore en salle de réunion. Les responsables de la sécurité sont venus nous demander de fermer nos boutiques, parce que, disait-ils, le chef de l’Etat était sur le point de revenir. Obligés, nous avons fermé nos boutiques de 8h à 15h ». Le compagnon d’Ali Seidou ajoute que les conséquences sont aussi psychologiques. « On dirait qu’ils viennent en guerre, les éléments de la Garde présidentielle. Armés jusqu’aux dents, dotés d’armes qui effraient les populations, ils entrent dans les immeubles, nous regardent avec un mauvais œil comme si on voulait tuer le président », indique-t-il. La grande photo de Paul Biya accrochée dans sa boutique et sur laquelle on peut lire « Paul Biya 2011, l’appel du destin » ne dissuade pas les éléments de la Gp.
« Je veux dire quelque chose à Paul Biya : ‘’Il n’y a personne ici à Mvog-Mbi qui veut te tuer. Nous venons ici simplement pour vendre nos marchandises. Que tes éléments nous laissent vendre tranquillement et qu’ils ne viennent plus nous terroriser’’ », affirme Ali Seydou. « Si le président veut voyager, qu’on nous informe 30 minutes avant. Après trente minutes, qu’on nous autorise à rouvrir nos portes. Ce n’est pas normal qu’on ferme nos boutiques pendant plus de huit heures quand le président passe », propose Ali Seydou.
Similaire
0 commentaires