
La meurtrière d’Obala séjourne actuellement à la prison centrale de Monatélé. C’est une jeune femme peu lucide, de temps en temps fatiguée. Elle est souvent admise à l’infirmerie de la prison. Quand elle se calme et retrouve la plénitude de ses sens, elle se dit profondément choquée par la mort de son enfant qu’elle a tué. « C’est la femme de mon père qui a tué mon enfant. Ce n’est pas moi », dit-elle. Son père, propriétaire d’une petite plantation de cacao, avait pris une seconde femme un an après la mort de la mère d’Odile Ndzana Ndzié. Celle-ci n’avait alors que six ans. C’est ainsi que sa tante Germaine Bella l’emporte avec elle à Efoumlessi.
C’est donc dans ce village qu’Odile est élevée. Célibataire et mère de deux enfants, elle se concentre sur les activités champêtres avec sa tante. Ses études s’arrêtent au cours préparatoire, faute d’argent. A 14 ans, Odile rentre au village natal après quelques malentendus avec une de ses cousines. « C’est à ce moment-là que les problèmes ont commencé avec sa marâtre, Elizabeth Omengue, car quand elle arrive là-bas, celle-ci ne lui donne pas à manger et ne s’occupe pas d’elle. Odile est ainsi obligée de tout demander à son père qui, généralement, répond favorablement à ses doléances. Ce qui n’est pas du goût de sa marâtre », raconte Germaine Bella. En 2009, elle retourne à Efoumlessi, à la mort d’une cousine, cinq ans plus tard, après avoir accouché de deux enfants (Colette Bollo et Ze, deux ans). Elle y retrouve Onana, le père de son second enfant, et conçoit à nouveau. Celui-ci lui apporte de temps en temps un soutien psychologique et financier. Mais après l’acte crapuleux, il a pris la clé des champs.
D’après Germaine, c’est au retour de Ngomo que les problèmes de santé d’Odile ont débuté. « Au départ, on croyait que c’était l’épilepsie, mais à l’hôpital d’Obala, on nous a dit que ce n’était pas le cas. Ils nous ont dit qu’ils sont incapables de traiter cette maladie et qu’on se retourne vers l’indigène », explique Germaine. Agitation extrême, immobilisation au sol, le regard tourné vers les cieux étaient ses symptômes. Ainsi, de jour comme de nuit. La tante va vers un guérisseur, mais les résultats tardent à se manifester. C’est ainsi qu’Odile décide de consacrer sa vie uniquement à Dieu. Elle va chez les prêtres, et notamment, l’abbé Louis Mallard Ebella Nkou. Celui-ci lui demande d’acheter une croix, de l’encens, des bougies et de l’huile d’olive. Dans le village, il se dit que le jour de l’imposition des mains à Odile, elle est entrée en transe et Odile a commencé à parler avec une autre voix. Celle de sa marâtre qui disait : « C’est moi Elizabeth Omengue qui veux tuer cette fille. Mais ici, elle a été plus forte que moi. Je quitte cette fille et je retourne en enfer ». Quatre villageois présents ce jour-là à l’église confirment cette information que nous n’avons pas pu recouper auprès du prêtre. Heureuse, la jeune femme glorifie le Seigneur après la transe. Mais une fois de retour à la maison, sa maladie qu’elle croyait guérie après l’imposition des mains recommence de plus belle. Et ce, jusqu’au meurtre de son fils le 15 octobre dernier.
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