Numérique au Cameroun : il est urgent d’impliquer la diaspora dans la stratégie nationale

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26 Nov 2025 | News | 0 commentaires

C’est une évidence que beaucoup feignent encore d’ignorer. Le Cameroun regorge de talents du numérique — ingénieurs, chefs de projet, experts en cybersécurité, data scientists, développeurs — dont une grande partie exerce aujourd’hui à l’étranger, dans des entreprises et institutions de premier plan. Cette diaspora compétente, disponible et patriote, aspire à contribuer activement au développement du pays.

Pourtant, elle reste rarement associée aux décisions stratégiques, notamment celles qui concernent la transformation numérique du Cameroun.

Et c’est là une erreur fondamentale. Essayons de comprendre pourquoi :

Le numérique n’est pas une affaire de technologie, mais de vision.

Le numérique n’est pas qu’un ensemble d’outils : c’est un levier de transformation, de coordination et d’émancipation. Une stratégie numérique claire permet à l’État de mieux piloter la délivrance de ses services, d’améliorer la cohérence des politiques publiques, et d’offrir à la jeunesse un véritable accès aux opportunités d’emploi, d’auto-entrepreneuriat et de formation. Le Cameroun numérique ne peut se construire sans une vision globale et des compétences éprouvées capables d’en assurer la mise en œuvre.

Des décisions trop politiques, pas assez stratégiques

Aujourd’hui, les grandes orientations du numérique national se décident souvent dans des cercles restreints, composés de responsables plus administratifs que stratèges.

Ils assistent volontiers à des conférences internationales, mais consultent rarement leurs propres experts — notamment ceux de la diaspora, pourtant porteurs d’expériences concrètes acquises dans les meilleurs écosystèmes mondiaux.

Résultat : des programmes qui peinent à aboutir, des projets redondants ou sans impact mesurable, et une dépendance accrue vis-à-vis de prestataires étrangers et de bailleurs prescripteurs.

Ce verrou institutionnel — volontaire ou non — prive le Cameroun d’un atout majeur : l’intelligence collective de sa diaspora.

Une diaspora enracinée, compétente et prête

On peut débattre de tout, sauf d’un fait : les Camerounais de la diaspora restent des Camerounais.

Et parmi eux, des milliers sont des professionnels du numérique.

Ils ne viennent pas “donner des leçons”, mais partager un savoir-faire, transférer des compétences et co-construire des solutions adaptées au contexte local.

Leur expérience internationale permettrait d’éviter des erreurs coûteuses, d’accélérer les projets et de bâtir des infrastructures numériques durables.

Écarter cette expertise reviendrait à vouloir construire un avion sans les ingénieurs qui savent déjà le faire voler.

Des exemples à suivre…

Des pays comme le Rwanda, le Maroc ou le Ghana ont compris l’enjeu. Ils ont intégré leurs diasporas dans leurs politiques numériques en créant de conseils stratégiques nationaux du numérique associant experts locaux et expatriés, en tissant des partenariats public-diaspora sur des projets structurants, en donnant un rôle consultatif et exécutif des experts de la diaspora dans les comités de pilotage. Les résultats sont tangibles : amélioration de la gouvernance numérique, réduction des coûts d’expertise, montée en compétence locale etc.

Le Cameroun dispose de talents équivalents, souvent supérieurs. Il est grand temps de leur faire confiance, de leur donner une place dans la gouvernance et le leadership stratégique du numérique national.

Pour un leadership ouvert et visionnaire

L’erreur fondamentale ne réside pas dans le manque de moyens ou dans la cohérence les débats sur la « double nationalité », mais dans la confusion entre origine et contribution. Être un expert camerounais vivant à l’étranger ne fait pas de vous un étranger. Cela fait de vous un atout stratégique unique.

La réussite du Cameroun numérique ne dépendra pas seulement des infrastructures ou des budgets, mais avant tout des femmes et des hommes qui conduiront cette transformation.

La diaspora ne demande ni privilèges ni postes politiques : elle propose un partenariat exigeant, patriote et constructif au service du pays.

Il serait dommage — et contre-productif — de laisser cette richesse collective en marge de l’avenir numérique du Cameroun… et, au-delà, de la CEMAC tout entière.

Par Pierre Ndjop POM, Conseil en stratégie et transformation numérique

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