Mgr Jean Kounou, le martyr de la ville cruelle

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18 Août 2008 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires


Le vicaire général de Mbalmayo et l’abbé Materne Bikoa ont été retrouvés baignant dans le sang dans leur domicile le 30 novembre 1983.

Samedi 02 août 2008. Mbalmayo, quartier Mbokoulou. Il est 13 heures devant la maison où Mgr Jean Kounou a été assassiné. L’appartement est fermé. La porte de la clôture grillagée aussi. Cette clôture est la même qui y était en 1983, à la différence qu’elle est déjà un peu détériorée et soutenue par des herbes d’environs 1,5m de hauteur. Le petit prunier qui s’y trouvait dans la cour à l’époque porte déjà des fruits noirs. La maison est aujourd’hui habitée par un religieux : « Le frère Olivier », nous apprend-on sans grande précision. La croix accrochée à la porte du bâtiment l’atteste. C’est dans le salon de ce bâtiment que Mgr Jean Kounou et l’abbé Materne Bikoa sont assassinés en 1983 par Emarand Ebanda, cuisinier de Mgr Paul Etoga, évêque du diocèse, en compagnie de cinq autres personnes. Tout à côté de cet appartement se trouve, l’ancien évêché, aujourd’hui habité par l’abbé Wenceslas Mvogo, un ancien prêtre de Mbalmayo à la retraite. Tout en face de cet évêché, se dresse le petit séminaire de Mbalmayo.
Jean Baptiste Kounou, fils spirituel de Mgr Jean Kounou, figure parmi les personnes qui ont le plus connu le vicaire général et curé de la cathédrale Notre Dame du Saint Rosaire du diocèse de Mbalmayo, Mgr Jean Kounou. Il lui doit d’ailleurs son nom. Un signe de reconnaissance de son père, enseignant à l’école catholique de Ngomezap, qui a reçu le soutien moral et matériel de Mgr Jean Kounou. De 1971 à l’assassinat « du prophète de Ngomezap », Jean Baptiste Kounou a habité le même appartement que son homonyme. D’abord à Ngomezap où Mgr Jean Kounou est curé et ensuite à Mbalmayo. L’image du corps meurtri de son père spirituel restera à jamais gravée dans mémoire. Il a été traumatisé pendant huit ans. « La preuve, dit-il, j’ai raté le Probatoire pendant quatre ans, de même que le Baccalauréat et pourtant j’étais brillant à l’école. J’étais toujours parmi les premiers de la classe ».
« A la veille de son assassinat, j’avais demandé à mon homonyme d’aller rendre visite à ma maman à Ngomezap. Il m’a autorisé d’y aller, mais m’a demandé de vite revenir, car il n’y avait personne pour me relayer. J’étais celui qui arrangeait son lit, faisait le ménage, les commissions etc. J’y ai passé une seule journée. A mon retour, dès la gare, l’on m’a fait comprendre que mon homonyme a été assassiné. Je n’arrivais pas à croire à cela. Quand je suis arrivé au petit séminaire, j’ai rencontré toute une foule et quand j’ai vu les corps meurtris étalés au sol, baignant dans le sang, j’ai perdu connaissance. J’étais traumatisé et ébahi. Je ne me souviens même plus de ce que j’avais répondu aux policiers qui m’avaient interrogé », raconte-t-il. Au moment où les policiers, aidés par un menuisier, cassent la porte aux environs de 12h, ils retrouvent la carte nationale d’identité d’ Emarand Ebanda sous la fenêtre de la maison non loin des deux corps baignant dans le sang. Mais, le concerné nie tout en bloc. Une perquisition à son domicile à Zamakoué à 10 km de Mbalmayo fait découvrir son pantalon imbibé de sang. Suffisant pour qu’il passe aux aveux trois semaines plus tard et dénonce ses complices. Quatre sont arrêtés alors que le dernier reste introuvable jusqu’à ce jour. Mgr Jean Kounou est enterré le jour suivant son assassinat au cimetière la cathédrale Notre Dame du Saint Rosaire de Mbalmayo. La cérémonie funèbre est célébrée par le prononce apostolique en présence de l’évêque et de nombreuses personnalités dans la cathédrale Notre Dame du Saint Rosaire de Mbalmayo.
Scène du drame
Deux mois plus tard, sur demande du procureur, l’on procède à la reconstitution des faits. La ville est prise d’assaut par les forces de l’ordre. Huit camions de gendarmes et policiers venus en renfort de Yaoundé protègent les assassins, car les populations sont déterminées d’en découdre avec ces malfrats. Mais ceux-ci sont sous haute surveillance. C’est à ce moment que Emérand Ebanda explique que c’est lui qui a assommé quatre coups sur la tête de Mgr Jean Kounou à l’aide du fusil de chasse que l’homme d’église détenait chez lui. Il va par la suite, à l’aide d’un tournevis, percer les yeux du corps inerte ainsi que ceux de l’abbé jean Materne Bikoa, tué de la même manière par ses complices. Ensuite il va chercher l’argent qu’il venait prendre à la cachette qu’il connaissait bien. Il n’y trouvera rien. Au bureau du vicaire, il trouve 45 000 francs qu’il emporte.
Le cuisinier expliquera à la police qu’en plus de l’argent qu’il venait chercher, il a assassiné le vicaire parce qu’il avait une rancune contre lui. Mgr Jean Kounou l’avait emmené au commissariat pour une affaire de vol d’argent. Les policiers l’avaient alors bastonné. Depuis ce jour, il en voulait au vicaire et le répétait chaque fois à Jean Baptiste Kounou. Selon certaines indiscrétions, le conseil pontifical aurait demandé à Mgr Jean Kounou de proposer un prêtre du diocèse qui pourrait convenir à la charge d’évêque. Celui-ci n’avait donné aucun nom parce qu’il aurait répondu : « pour le moment je ne peux donner un nom, parce qu’il y a beaucoup de divergences entre les prêtres du diocèse ». Une réponse qui lui aurait valu sa vie. Les meurtriers seront tous condamnés à mort par le Tribunal de grande instance de Mbalmayo, à l’exception du jeune éclaireur, condamné à 25 ans d’emprisonnement. Ce dernier pensait qu’il ne s’agissait que de vol d’argent. Il s’était d’ailleurs mis à pleurer lorsqu’il a vu le sang sur les vêtements du cuisinier. Mgr Paul Etoga va demander de les gracier et de transformer leurs peines en emprisonnement à vie. Ce qui sera fait. Ils passeront six mois dans la prison principale de Mbalmayo et seront par la suite transférés à la prison de Kondengui à Yaoundé. A ce jour, ils sont tous morts en prison. « En mourant, ils étaient devenus des déréglés. Certains mangeaient d’ailleurs leurs peaux et leurs excréments. Le jeune qui est sorti de la prison avant de mourir, est devenu fou. Il marchait de ville en ville », affirme Jean Baptiste Kounou.
Architecte de Ngomezap
Mgr Jean Kounou, né vers 1911, curé à Ngomezap jusqu’en 1981 va y construire le collège Tobi Atangana et une école primaire. Il partira de cette ville à cause des populations qui ne voulaient plus de lui, parce qu’il était un Eton et pas originaire de ce village. « Il a eu quelques divergences avec des familles de certains prêtres. Certaines personnes à Ngomezap avaient demandé à Mgr Paul Etoga de venir chercher son curé, parce que, disait-il, Jésus n’était pas Eton », révèle son homonyme. Néanmoins, il y a suscité de nombreuses vocations pastorales. « Aujourd’hui, si Ngomezap compte une soixantaine de prêtres, c’est également grâce à Mgr Jean Kounou. Il a montré la voie du séminaire à plusieurs personnes. Il avait une très grande influence auprès de Mgr Paul Etoga et était très écouté », affirme Raphaël Ondigui, vicaire général de Mbalmayo et fils spirituel de Mgr Jean Kounou. « Pour moi, c’était un saint prêtre pour qui j’avais beaucoup d’estime. Il nous a inculqué la crainte de Dieu. Il mettait du sien à expliquer la parole de Dieu à ses fidèles », ajoute-t-il en précisant que Mgr Jean Kounou aimait dire qu’il souhaiterait mourir en martyr. Pour l’abbé Wenceslas Mvogo, le vicaire de Mbalmayo était un apôtre dynamique malgré le diabète qu’il avait. « C’était un homme qui travaillait beaucoup. Ce n’est que quand les gens meurent que l’on se rend compte qu’ils travaillaient vraiment », note-t-il. Son homonyme affirme qu’à Mbalmayo, Mgr Jean Kounou est considéré comme un prophète, parce que tout ce qu’il prédisait se passe ces jours. Parmi les admirateurs du travail de Mgr Jean Kounou, figure également l’abbé Vincent Marie de Paul, curé de la paroisse de Mélen à Yaoundé ou encore Mgr Befe Ateba, évêque de Kribi qui est également, selon son homonyme, un fils spirituel de Mgr Jean Kounou
Beaugas-Orain Djoyum
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