En marge de leur travail, les hommes en tenue se sont joints aux commentaires des curieux venus en masse.
Le monologue qu’elle entame après avoir vu le corps ensanglanté de Marlyse Tina indique bien sa colère et son indignation. Mina Mefor, habitante à Shell Nsimeyong, est bien furieuse. « C’est pas normal. C’est affreux ! », lance-t-elle à répétition et en froissant son visage. Ce dimanche 05 septembre 2010 a sans doute été horrible pour elle. « Il doit être sévèrement sanctionné. Il fallait même qu’on le laisse mourir au lieu de l’emporter à l’hôpital (le meurtrier a essayé de se donner la mort à l’aide d’un couteau, ndlr). Il y a plusieurs façons de réagir si une fille refuse de vivre avec vous. En plus, il y a beaucoup de femmes ici dehors pour peu d’hommes. Comment un homme peut-il réagir ainsi ? (…) », se demande-t-elle. C’est un policier du Groupement spécial des opérations (Gso) qui vient mettre fin au monologue de Mina Mefor. Les « conséquences de l’amour » n’ont cessé de surprendre ce dernier. Il a rangé son arme à son dos et interrompt la dame. « Tellement, il y a des belles femmes ici dehors que je ne comprends pas pourquoi un homme peut égorger et poignarder aussi monstrueusement sa compagne, parce qu’elle lui a dit ‘’non’’ », lance-t-il. « Plus encore, poursuit Mina Mefor, ils avaient deux enfants. Comment cet homme a-t-il choisi de punir ses enfants de la sorte ?».
Ce dialogue n’est qu’un seul parmi les dizaines de groupe de commentaires qui se sont créés sur les lieux du crime à Shell Nsimeyong, non loin du collège Vogt. Il est 11h et la foule est venue nombreuse voir le corps ensanglanté de Marlyse Tina gisant sur la rigole de la route désormais interdite au public. La foule de badauds est contenue par des éléments de la compagnie de gendarmerie d’Efoulan. La police d’Efoulan, conduite par le commissaire Medou Thierry, y est également. Des gendarmes et des policiers tiennent tout le monde à bonne distance. D’autres assistent le médecin légiste qui fait les premiers constats du meurtre commis aux environs de 8h30. Deux policiers du Gso et un militaire du Bataillon d’intervention rapide rodent sur les lieux du crime. Ils n’hésitent pas à s’engager dans des discussions avec le public venu nombreux. Parmi eux, un homme armé aux avis plutôt contraires. « C’est bien fait pour la femme. Elles savent seulement ruiner les autres. Cela va donner une leçon aux femmes qui exploitent les hommes. Le gars soutient les études en médécine de la fille et quand elle termine sa formation, elle veut prendre la clé des champs. C’est clair que le gars n’a pas supporté ».
Un autre passant du même avis rappelle que l’an dernier, à Obala, un gendarme avait également commis un crime passionnel tuant sa femme et son amant, qu’il avait surpris. Il s’était par la suite mis une balle dans la tête. Le gendarme avait lui aussi financé les études de sa femme devenue enseignante. « Cela peut amener les filles à être plus sincères et fidèles », pense-t-il. Si certains pensent ainsi, le public en général à Shell Nsimeyong condamne cet acte odieux. Et les commentaires s’accordent à croire, avec Alfred de Musset, qu’on ne badine pas avec l’amour.
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