
Le ministre délégué au Transports qui a participé à la dernière assemblée générale d’Air Cémac explique les raisons de la résiliation du partenariat avec la South African Ailines (Saa).
Pourquoi la South African Airways insistait pour que le siège de la compagnie sous-régionale Air Cémac soit basé à Douala au Cameroun ?
Dans son plan d’affaires, la Saa a estimé qu’il y aura des aéronefs qui partiront du Congo étant vides. Ils évaluent le manque à gagner à 40 milliards de francs Cfa par an. Ils exigent de ce fait que les pays membres compensent cette perte, si le siège de la compagnie est maintenu au Congo. Douala, par exemple, est un grand hub vers lequel convergent toutes les compagnies. Tous les passagers y arrivent, avant de prendre la destination Europe. D’autres arrivent d’Europe par Douala, avant de prendre les destinations des autres pays de la sous-région. La Saa estime qu’avec Douala, il y aura une densité de trafic qui permettra de combler ce manque et remplir les aéronefs. Pour la Saa, le Congo est un peu excentré. La Saa a donc exigé que les Etats membres acceptent de lui reverser les 40 milliards de francs Cfa de perte, s’ils veulent que le siège soit maintenu au Congo. Au cas contraire, que le siège soit fixé à Douala. Ce qui va à l’encontre de la décision des chefs d’Etat de la Cémac d’instaurer le siège à Brazzaville au Congo.
Douala est-il le meilleur choix pour le siège d’Air Cémac, d’après vous ?
Je crois que Douala aurait été un bon choix, mais les chefs d’Etat en ont décidé autrement. Les chefs d’Etat ont décidé que ce soit Brazzaville au Congo et ils ne peuvent pas se dédire. Il faut donc chercher les voies et moyens pour que le hub choisi soit respecté et rentable. Nous avons déjà trouvé un premier début de solution, le partenaire stratégique devra réaliser son business plan avec Air Cémac : composante technique pour avoir tous les documents nécessaires et composante commerciale pour une analyse de fret et du marché.
En dehors du partenaire stratégique, que reste-t-il à faire pour qu’Air Cémac décolle ?
Il ne manque plus rien. On va réajuster le plan. Les Etats vont désormais se constituer en actionnaires. Chaque pays va apporter sa contribution. Ceci permet aux Etats qui ont plus de moyens de mettre plus d’actions. Ceci ne veut pas dire que les Etats qui n’auront rien seront exclus du capital. Tout dépendra de la parfaite entente qu’il y a entre les Etats. Il y a des pays qui ne sont pas capables de débloquer 1,2 milliards de francs Cfa, qui était la quotité exigée à chaque Etat pour la mise sur pied d’un fonds pour l’étude des dossiers d’accompagnement du lancement d’Air Cémac.
Le privé qui va mettre des moyens ne viendra pas seulement contrôler les charges, il va s’impliquer dans la gestion. Cela veut dire que, dans la structure managériale, il faudra qu’il prenne la fonction de directeur général adjoint, de directeur de l’exploitation ou de directeur commercial. En matière de transport aérien, les mécanismes et procédures sont exacts. On n’invente rien. C’est cette procédure qui est en train d’être mise en place. Vous verrez qu’Air Cémac sera mise sur pied bien avant de nombreuses compagnies nationales en gestation.
A quel horizon Air Cémac sera-t-il lancé, d’après vous ?
On avait demandé au président du comité de pilotage d’Air Cémac de se déployer pendant un mois pour nous trouver un partenaire stratégique. Il y en a qui se bousculent. Au départ, l’initiative des chefs d’Etat africains était d’encourager le partenariat Sud-Sud. D’où le choix de la Saa. Comme cela n’a pas pu marcher, Air Cémac va se retourner vers les compagnies internationales. Et cette fois là, on choisira une compagnie qui fonctionne à une économie d’échelle. C’est-à-dire qui peut accepter d’appliquer une politique tarifaire qui va permettre à la compagnie de voler et se rattraper sur d’autres lignes. Bref, on leur a donné un mois. Une fois que le président du comité de pilotage va choisir le partenaire stratégique, l’assemblée générale sera à nouveau convoquée pour définir les cahiers de charges et arrêter un calendrier.
Quelles sont les dispositions déjà prises par le Congo pour accueillir le siège d’Air Cémac ?
Le Congo accepte de donner un tarif préférentiel de 50% de réduction sur la consommation du carburant d’Air Cémac. Dans les charges d’exploitation d’une compagnie aérienne, le carburant coûte excessivement cher. C’est déjà un premier avantage. Le siège de la compagnie Air Cémac est déjà construit à Brazzaville. Par ailleurs, le Congo qui était dans la liste noire de l’Oaci est actuellement en train d’aménager ses aéroports pour se conformer aux standards internationaux et limiter ses carences. Toutes les conditions semblent donc réunies, à présent, pour que le partenaire stratégique puisse exercer normalement.
Propos recueillis par B-O.D.
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