Nta à Bitang, vice-président de l’Ujc : «Il faut mettre en place un environnement juridique sérieux »
Les entreprises de presse au Cameroun, il n’y en a pas beaucoup. A l’exception de la Sopecam, de la Crtv et, dans une moindre mesure, la Smc et quelques autres. Le problème, aujourd’hui, c’est l’environnement juridique. Il faut mettre en place un environnement juridique qui permette l’éclosion et la viabilité de l’entreprise de presse au Cameroun, parce que l’entreprise de presse ne saurait se confondre à un organe de presse. Une entreprise, c’est d’abord une structure, une organisation, des ressources humaines, des ressources financières, un capital social, etc. C’est cet ensemble qui forme une entreprise.
L’aide financière venant des pouvoirs publics en direction de la presse peut aider la presse à cela. Mais l’environnement dont je parle est beaucoup plus un environnement juridique. S’agissant de l’aide publique à la communication, s’il s’agit de l’aide que l’on connaît, ma réponse est claire : non. L’aide publique, en ce moment, c’est-à-dire cet argent que l’on distribue aux directeurs de publication, ne peut pas aider à l’éclosion des entreprises de presse. Vous savez comment cette aide fonctionne. On ne connaît pas très bien les critères, encore moins les quotas. Il se dit souvent que les quotas alloués ne sont pas réellement perçus par les bénéficiaires. Vous comprenez que l’aide publique actuelle ne peut que rendre plus complexe le problème de la viabilité de l’entreprise de presse. Certaines personnes demandent que l’on augmente cette aide. Le problème actuel, c’est moins la quantité que la qualité de cette aide. Il faut savoir à qui on donne cette aide. Elle devait vraiment être un instrument d’assainissement, et l’assainissement participe de la mise en place de l’environnement sérieux dont je parlais.
Norbass Tchana Nganthe, président du Sjec : « Notre combat actuel, c’est l’institutionnalisation de l’aide publique »
La viabilisation des entreprises de presse au Cameroun passe par la subvention véritable de l’Etat à la presse. Une subvention contrôlée. Cela ne doit pas être une aide, comme c’est le cas actuellement et qui est en plus octroyée à tête chercheuse. Le problème ne réside même pas au niveau du volume de l’aide octroyée. Il faut revoir les conditions d’octroi de cette aide-là. Notre combat actuel, c’est l’institutionnalisation de cette aide. Elle doit transiter par l’Assemblée nationale et être intégrée dans le budget de l’Etat. On peut accorder un ou deux milliards de francs Cfa. Mais si les critères, les mécanismes de contrôle et les conditions d’octroi ne sont pas remplies, cela ne pourra pas marcher. Parce qu’il s’agit des deniers publics et il faut contrôler leur utilisation.
Jean-Baptiste Sipa, chroniqueur au Messager : « Il faut l’appui financier des organismes bancaires »
Ceux qui avaient l’initiative de la création des journaux ne pensaient pas à créer des entreprises de presse. Parce que dans ce cas, on investit un capital conséquent. En sachant que, pendant x années, on va fonctionner à fonds perdus. Dans le business plan, on va prévoir que l’on va équilibrer les dépenses à moyen ou à long terme. C’est ce que j’appelle la solution autonome. Il y aurait la solution de l’appui ou du renforcement financier des organes de presse par les organismes bancaires. Malheureusement, ces organismes bancaires considèrent les organes de presse au Cameroun comme des entreprises de spéculation, incapables d’amortir un crédit. D’où la fragilité financière des entreprises de presse. A cette fragilité s’ajoute le management approximatif des entreprises de presse.
L’Etat peut et devrait intervenir. C’est cela la solution ultime pour viabiliser les entreprises de presse au Cameroun. Intervenir d’abord pour fixer les conditions dans lesquelles les organes de presse sont créés comme des véritables entreprises de presse éligibles aux crédits bancaires. Il faudrait aussi que l’Etat institue une subvention publique à laquelle seraient éligibles les entreprises qui se seraient normalement constituées.
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