Les affrontements entre musulmans et chrétiens ont repris aux NIGERIA. Certaines sources parlent de près de 150 morts à Jos. Pour le socio-politologue, les leaders des communautés chrétiennes et musulmanes doivent expliquer à leurs congénères l’importance du dialogue ides religions.

Musulmans et chrétiens nigérians sont-ils condamnés à un perpétuel affrontement ?
Il n’y a pas de fatalité des affrontements entre chrétiens et musulmans du Nigeria particulièrement dans la région du Middle Belt au Centre-nord du pays. Cela dit, il existe quand même une tradition d’affrontements entre les ressortissants des différentes communautés religieuses, qui démontre les difficultés qu’il y a dans cette partie du Nigeria à assurer la coexistence entre les communautés confessionnelles.

Pour certains les affrontements de dimanche dernier ont commencé après l’attaque d’une église. Pour d’autres, c’est la construction d’une mosquée dans un quartier chrétien qui est à l’origine des attaques. Qu’est-ce qui explique ces affrontements à répétition entre les communautés religieuses au Nigeria ?
Les différentes attaques qui se sont manifestées entre les membres des communautés musulmanes et chrétiennes ne relèvent pas simplement de l’actualité. Elles s’inscrivent dans une histoire. Celle de la rencontre des zones d’influence des deux types de religion. C’est-à-dire de la religion musulmane et des religions chrétiennes. A partir de ce moment, il y a des compétitions pour la croyance qui se manifestent entre les tenants des deux confessions.

Qu’est-ce qui peut ramener la paix entre ces deux communautés ?
La paix entre les deux communautés passe par une éducation de tolérance culturelle. Une éducation de compréhension inter-religieuse qui suppose que les leaders des deux communautés se déploient pour expliquer à leurs congénères et les confrères la nécessité d’assurer la coexistence entre ces communautés religieuses, si on veut éviter que des affrontements se manifestent en permanence.

Quel impact ces affrontements peuvent-ils avoir sur le pays quand on sait qu’il y a vacance du pouvoir au sommet de l’Etat, le président Umaru Yar’Adua étant hospitalisé en Arabie Saoudite depuis 57 jours?
Il en faut beaucoup plus pour que ce conflit puisse déstabiliser l’autorité centrale qu’est le président de la République fédérale du Nigeria. S’il est vrai que le pays connaît quelques frottements avec l’incapacité momentané du président Yar’Adua, ce n’est pas la situation actuelle de tensions interreligieuses qui pourrait constituer la goutte d’eau qui ferait déborder le vase et mettrait en question la stabilité de l’ensemble de ce puissant Etat de l’Afrique de l’Ouest.

Les partis politiques et même le Sénat peuvent-ils profiter de cette situation pour accélérer le processus de désignation d’un nouveau président ?
A priori, il serait également difficile aux organes institutionnels en place ainsi qu’aux organes politiques de pouvoir profiter de la situation de tensions interreligieuses pour accélérer un processus conduisant à écarter le président Yar’Adua de sa fonction pour raison de santé. Cela ne serait possible que si la crise prenait une ampleur véritablement nationale et s’élevait au-delà des simples tensions locales et régionales. A partir de ce moment, peut-être, il y aurait la nécessité pour la République fédérale du Nigéria d’avoir un dirigeant présidentiel présent pour gérer une crise qui serait devenue nationale. Mais, on n’y est pas encore.

Peut-on craindre une importation de ce genre de conflit au Cameroun ?
S’il existe parfois des frictions inter-religieuse au Cameroun, le contexte historique n’est pas le même. L’un des succès réel de la gouvernance camerounaise c’est d’être parvenu à instaurer une paix consistante entre les communautés religieuses.