Lucas Abaga Nchama : « Jamais, je n’ai trouvé un dossier qui épingle Omar Bongo »

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8 Fév 2011 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires

Le gouverneur de la Béac, nommé le 17 janvier 2010 à Bangui en Rca par les chefs d’Etat de la Cémac, a donné une conférence de presse hier à Yaoundé pour dresser le bilan de sa première année à la tête de la Banque centrale. Extraits de son entretien avec la presse.
Quel est le bilan des actions que vous avez entrepris à la tête de la Béac ?
 (…) Je dois dire si vous le permettez que je suis arrivé ici à un moment particulier, où il y a avait une situation difficile. C’était une période de turbulence. Pour faire face aux disfonctionnements mis à jours dans la gouvernance au niveau de la Banque centrale suite aux incidents que tout le monde connait déjà, nous avons, à la Banque centrale,  engagé beaucoup d’actions pour restaurer la crédibilité de la banque, qui était en fait la mission qui m’avait été confiée par les chefs d’Etat. Nous avons mis en œuvre un certain nombre de réformes. D’abord, vous savez qu’en 2009, nous avons enregistré une perte de plus de 30 milliards de francs Cfa. Il fallait donc revenir à de meilleures pratiques et se dire que nous ne pouvons par vivre au dessus de nos moyens. Ce que nous avons fait pour cela, c’est la réduction des charges aussi bien fonctionnelles que les charges domestiques. Il fallait réduire le train de vie de la banque, d’autant plus que nous étions dan une période de crise. Ceci pour rétablir les équilibres financiers à la Banque centrale. Voilà l’une des premières mesures que nous avons prises.  Je puis vous dire que le budget 2010 avait été adopté. Lorsque j’ai été nommé, nous l’avons soumis au conseil pour le ramener au niveau de 2009. Dans celui de 2011 qui vient d’être approuvé, le niveau des dépenses est inférieur aux deux précédentes années.
Sur le renforcement du contrôle interne
A cela il faut ajouter, comme je l’ai mentionné dans mon exposé tout à l’heure, au regard de la situation des manquements, nous avons constaté que les défaillances provenaient surtout des carences dans notre contrôle interne. (…) Il fallait renforcer le contrôle interne. Nous l’avons renforcé. Des choses qui n’existaient pas avant, parce qu’aujourd’hui il y a un département dédié au contrôle des services centraux. Avant, certaines directions pouvaient passer sept ans sans contrôle. Désormais, c’est fini. Chaque année, toutes les directions centrales doivent être contrôlées.  Actuellement, nous sommes dans une direction nationale, après nous irons ailleurs. Il faut que les gens qui gèrent l’argent de la communauté soient des personnes intègres. (….) Que certaines brebis galeuses qui voudraient s’amuser sachent qu’ils pourront être mises hors d’état de nuire à tout moment, parce que le contrôle est de retour et il sera régulier et permanent. Nous avons créé des cellules internes. La prévention. C’est le contrôle préventif qui n’existait pas. C’est-à-dire qu’avant d’engager la banque, il ya des chargés de département ici dans les directions et dans les directions nationales, qui vérifient et qui doivent apposer leurs signatures.  Ceci afin de s’assurer que l’opération est conforme et respecte les règles et procédures.
Le déficit du manuel de procédures les a amenés à demander des services et nous l’avons offert avec le concours d’un cabinet indépendant pour compléter et élaborer les manuels des procédures.  En renforçant ce contrôle, les erreurs du passé telles que les placements ne peuvent pas passer.  Ceci parce qu’il y a des étapes et le contrôle doit intervenir.
Sur la protection du contrôleur
Comme je l’ai dit tantôt, le contrôleur, qui parfois avait peur d’aller contrôler un supérieur hiérarchique, est aujourd’hui protégé. Le contrôle est dans les statuts (de la banque, ndlr) et le contrôleur a un statut particulier. Admettons qu’un contrôleur m’interroge et que vous l’enlever du contrôle, je dois aller m’expliquer auprès du comité d’audit. En plus, le contrôleur interne rend compte directement au comité d’audit qui est une émanation du conseil d’administration. C’est très important. (…) Actuellement, aucun agent ne peut refuser de donner une information au contrôleur. Même les pouvoirs d’investigation des contrôleurs externes à la banque ont été accrus. 
Sur le code des marchés
J’ai dit tout à l’heure que la liste n’était pas exhaustive. Nous avons amélioré les choses en matière de circuit d’achat et d’approvisionnement. Le code des marchés est désormais une réalité à la Banque centrale. C’est-à-dire que nous avons peut être commis des erreurs hier, mais aujourd’hui, les choses doivent se faire de manière transparente. On ne peut plus passer des marchés en cachette avec quelqu’un. Désormais, il y a un code de marché qui nous impose la conduite à suivre. C’est très important. Et je dois dire que même au niveau du contrôle d’experts, nous avons renforcé les pouvoirs des commissaires aux comptes, qui deviennent responsables en cas de défaillances. Ce n’était comme cela avant.
Nous avons pu réunir avec les partenaires,  vous savez que dans un passé récent, nos Etats ont été sanctionnés, parce qu’il y a eu des manquements chez nous. Nous avons redressé cette situation. Nous avons exécuté le plan d’action qui nous a été imposé à plus de 97%.  Il reste simplement quelques actions dont l’une c’est de recruter un cabinet qui viendra auditer comment nous avons mis en œuvre ces actions.
Sur la sérénité à la Béac
Je peux aussi citer comme action essentielle la sérénité que nous avons ramenée au sein de la banque.  Désormais, nous avons essayons de faire la promotion des agents par rapport aux compétences. Nous primons ceux qui travaillent et nous sanctionnons ceux qui ne travaillent pas. Et pour ramener la sérénité, des mesures importantes ont été prises. Nous avons instauré la journée continue dans les services centraux, pour que nos agents comme les autres agents ici au Cameroun, travaillent et qu’à partir de 15h30 rentrent chez eux. Nous avons assoupli les conditions de prêts. Pour construire ou acheter les voitures, les conditions étaient rudes avant. Je me réjouis de voir l’inflation des dossiers et de voir les gens acheter des appartements.  Tout cela contribue à ramener la sérénité dans la maison.
Sur les placements Dati
Pour le Bureau extérieur (de Paris, ndlr), nous avons mené des enquêtes internes. C’est désormais mis à la disposition de la justice. Avec la Société générale, nous avons trouvé un accord où chacun a pu tirer son épingle du jeu. Et c’est déjà finalisé. Donc, c’était une année  très difficile, mais je crois que la mission était très exaltante. Je ne peux pas citer toute les actions.
(…)
Concernant les détournements au Bureau extérieur de Paris, Nous sommes grosso modo à une vingtaine de milliards de francs Cfa puisque les enquêtes se poursuivent. La banque a fait son travail, ce qui m’a été demandé par les chefs d’Etat. Nous avons mené notre enquête interne, il ya des noms qui apparaissent ici et là. Nous avons porté plainte. Nous avons mis ce dossier entre les mains de la justice. Nous avons porté plainte au Gabon, dans d’autre pays, au Congo, et même ici au Cameroun, car il y avait d’autres responsables. Il n’y avait pas que les Gabonais. L’instruction au Gabon a conduit à certaines arrestations dont un ancien directeur qui est aujourd’hui incarcéré et les enquêtes se poursuivent.
Le montant des détournements au Bureau extérieurs de Paris, s’élève à près de 30 milliards de francs Cfa. Qui sont les responsables de ces détournements et à ce jour où en sommes nous avec l’enquête ? Deuxième question, d’après les notes diplomatiques révélées par Wikileaks et relayées par plusieurs médias, le président Omar Bongo aurait ordonné les détournements à la Béac  ce qui a permis d’enrichir certains cadres de la Béac et à financer des partis politiques français. La Banque va-t-elle ouvrir une enquête à ce sujet ? Et que pensez-vous de ces révélations ? Troisième question, l’une de vos principales missions assignée par les chefs d’Etat en janvier 2010 était de restaurer la crédibilité de la banque. Peut-on dire à ce jour, un an après votre installation, que la Béac est une banque crédible ?
Maintenant, pour ce qui est de ce fameux article de Wikileaks, franchement il n’a jamais été question ici du feu président Bongo. Vous savez la presse peut faire un racontar d’un responsable de la banque, quel responsable on ne sait pas. Jamais nous n’avons trouvé un dossier qui épingle de près ou de loin le feu président Omar Bongo, paix à son âme. Maintenant, s’agissant de la crédibilité de la banque, il peut y avoir une approche, mais ce n’est pas à moi de chanter que nous avons instauré la crédibilité. Mais, je vous ai identifié un certain nombre d’actions qui doivent quand même nous interpeller, nous dire qu’en faisant cela, là où il y avait des disfonctionnements, le contrôle de certaines actions que nous avons cité ici nous amène tout droit à penser que la crédibilité est bien là mais qu’elle n’est pas parfaite. Mais nous devons continuer. Je vous ai dis ici que pour 2011-2012, nous allions continuer avec un certain nombre de piliers et tout cela devrait concourir à restaurer cette crédibilité. Est-ce qu’elle est parfaite, totale aujourd’hui ? Là, c’est à vous de l’apprécier. Pour ce qui me concerne, je suis ok.
Sur le Francs cfa et la crise ivoirienne
C’est une question importante, mais franchement, même s’il est vrai que je l’ai dis, c’était un résumé, les fondamentaux sont au vert. J’ai parlé du retour de la croissance dans la sous-région. Je crois savoir d’ailleurs, les rapports en Afrique de l’Ouest disent la même chose, tous les indicateurs dont les principaux sont au vert. Vraiment cette question (la possibilité d’une dévaluation du francs Cfa, ndlr) n’est pas d’actualité. On ne peut même pas dans un cauchemar se l’imaginer aujourd’hui, ce n’est pas possible. Ça, c’est la première des choses.
S’agissant des taux directeurs, effectivement nous avions pris en considération la situation macro-économique de la conjoncture dans notre sous-région. Et je crois savoir qu’au mois de juillet, le comité de politique monétaire a procédé à la baisse de notre taux directeur pour donner un coup de pouce pour baisser le prix de l’argent. Nous l’avons fait. Nous sommes dans un contexte de mondialisation, nous observons ce que font les autres, dans tous les cas la Banque centrale fait tout ce qu’elle peut faire pour favoriser l’activité économique, surtout le financement de l’économie dans notre sous-région.
Sur le trop-perçu de la Guinée équatoriale
 Je vous remercie de m’avoir posé cette question d’autant plus que je suis d’origine équato-guinéenne. Ça me permettra de clore définitivement cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre. Le trop-perçu ne concernait pas seulement la Guinée Equatoriale, ça concernait également d’autres pays comme le Cameroun, le Congo et bien d’autres. Il se trouve qu’effectivement l’erreur part de nous, la Banque centrale. Dans nos calculs, ce n’est pas dans la distribution des dividendes. Les Etats ont ce que nous qualifions ici de dépôts spéciaux qui sont rémunérés. Certaines erreurs ont été commises dans les calculs, c’est ce qui faisait qu’il y a un trop-perçu. Pour les autres Etats, les sommes n’étaient pas très importantes. Certains avaient 300 millions, 500 millions, à part le Congo qui se situait autour de deux milliards et qui gagnait lui aussi à contester. C’est normal. Vous placez de l’argent, on vous rémunère, quelques temps après, on vous dit qu’il ya un trop-perçu. C’est normal, mais, comme il s’agit des Etats il fallait expliquer. Certains ne comprenaient pas au départ, mais après avoir constitué une commission mixte entre les experts de la Guinée-équatoriale et ceux de la banque, l’ordonnateur national a signé, ils se sont acquittés de cet argent. C’est une affaire terminée, aussi bien pour la Guinée-équatoriale que pour les autres pays.
Sur les rapports avec le FMI
Je vous ai dis tantôt que j’accordais une importance capitale à la coopération avec nos partenaires, le Fmi est un partenaire. Et je l’ai dis tantôt, nos deux Etats ont été sanctionnés parce qu’il y a eu des manquements ici. Mais tout ce que le Fmi nous a imposé de faire, les mesures de sauvegardes au-delà même du plan d’action, nous avons tout mit en œuvre, tout a été exécuté et je puis vous affirmer que notre coopération, je ne dirai pas qu’elle est parfaite, mais elle est au beau fixe. Ce n’est pas pour rien, comme je le disais dans mon exposé, que notre coopération avec le Fmi porte sur le moyen terme à savoir qu’ils vont nous assister, ils vont même envoyer un conseiller résident. Pour cela, ils ont commencé par organiser un séminaire, ils ont invité tous les membres des organes de décision et de gestion de la banque pour savoir plus ou moins comment orienter tel ou tel aspect qui ne serait pas parfait. Puisque notre objectif c’est de hisser notre institution au niveau des standards internationaux. Aujourd’hui, avec le Fmi, nous parlons le même langage, nous nous téléphonons même tous les jours. Je dois quand même dire dans cette affaire, il est parfois bien de savoir qu’avec l’interlocuteur tu parles la même langue, parce que ça aussi nous a fait défaut au départ. Aujourd’hui, nous parlons directement, pas besoin d’intermédiaire et on s’entend bien.
Sur les émissions des billets de banque
S’agissant de l’émission des billets, la gamme 2002, beaucoup de gens parle de 2012, parce que je travaille conformément aux textes, il n’y a pas de texte qui me demande de commander des billets au bout de 10 ans. C’est la première des choses. Et pour commander des billets, il faut faire une étude, est-ce que notre monnaie est attaquée ? Est-ce qu’il ya rupture de stocks ? Il ya un certain nombre de chose à regarder avant. On ne commande pas parce que c’est 10 ans. C’est au terme de cette étude que nous pouvons envisager, conformément aux règles actuellement en vigueur, un code de marché, à commander les billets. Les techniciens sont à pied d’œuvre et ils nous tiendrons informés en temps utile et opportun, nous jugerons  si c’est nécessaire de commander des billets.
Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum
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