Lucas ABAGA NCHAMA : « Désormais, un cabinet indépendant pour sélectionner nos cadres »

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8 Fév 2011 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires

Je vous propose l’intégralité du propos liminaire du gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (Béac) lors de la conférence de presse du 03 février 2011 au siège de la banque.
Mesdames et Messieurs les Journalistes; je commence par vous, puisque vous êtes nos invités,
Messieurs les membres du Gouvernement de la Banque,
Monsieur le Directeur National ;
Messieurs les Directeurs centraux,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Département,
Mesdames et Messieurs les Adjoints au Directeurs Centraux
Mesdames et Messieurs,
C’est-avec beaucoup de plaisir que je vous accueille aujourd’hui au nom de la BEAC. Je vous remercie, Mesdames et Messieurs les Journalistes, d’avoir répondu à notre invitation. Votre présence en ces lieux marque l’intérêt que vous portez à notre Institution.
Mais cette conférence de presse de ce jour, une grande première dans notre institution, est sans conteste un signe que la BEAC attache de l’importance à ses relations avec la presse et, par son intermédiaire, à l’information du public.
Avant d’aborder le vif du sujet, je voudrais évoquer brièvement le cadre macroéconomique de la CEMAC. En 2010,la CEMAC a connu un taux de croissance économique de 4%, contre 2,1% en 2009. Pour 2011, nous prévoyons une légère accélération de rythme de la croissance du PIB à 4,8%. Ces performances encourageantes sont liées à la reprise de la croissance mondiale, la reprise du secteur privé, l’intensification des travaux de construction des infrastructures publics, le redressement de la production pétrolière et de gaz, et le lancement d’importants projets d’exploitation de minerais. Les tensions inflationnistes s’estomperaient quelque peu, se situant en fin d’année 2010 autour de 2,1 %, contre 4,3 % en 2009. Nous pensons que l’allégement des pressions sur les prix continuera en 2011 et projetons un taux d’inflation de 1,8 %. Le comportement de notre monnaie reste satisfaisant avec un taux de couverture extérieur de notre émission de près de 100%.
Revenant au sujet qui nous préoccupe ce jour, la gestion de la Banque Centrale, au cours des derniers mois, beaucoup d’articles ont été consacrés à la BEAC ; avec des tons divers et parfois des inexactitudes. Pour autant, nous ne pouvons pas nier que de sérieux dysfonctionnements ont été relevés à la BEAC en 2009. Ces carences ont été révélées, à quelques mois d’intervalle, par les graves malversations commises au Bureau extérieur de Paris et le placement réalisé par la BEAC dans un grand groupe bancaire, la Société Générale, placement portant le nom de « DATI », qui signifie « dépôt à terme indexé », dont le risque avait été mal apprécié à l’origine. Si la fraude au Bureau extérieur de Paris et le DATI sont deux dossiers bien distincts, ils mettent néanmoins en évidence que le fonctionnement de la BEAC a pu être déficient.
Néanmoins, face à cette situation, des actions énergiques ont été mises en place depuis un an pour corriger ces dysfonctionnements aussi bien dans l’appareil de gestion que dans la gouvernance de l’Institut d’Emission communautaire. Mais je dois ajouter que le redressement de la gestion et de la gouvernance de la BEAC reste un vaste chantier sur lequel les autres membres du Gouvernement de la Banque et moi-même continuons de travailler inlassablement, appuyés en cela par les organes de Décision et de Contrôle de l’institution.
Mesdames et Messieurs les Journalistes, je voudrais que cette journée soit l’occasion de renforcer nos liens, de vous permettre de mieux connaître les activités et l’organisation de la BEAC et de prendre conscience des réformes déjà engagées et prévues pour améliorer le fonctionnement de la BEAC, et ainsi renforcer son rôle au sein de la CEMAC.
Nous avons pensé que le premier anniversaire de ma prise de fonction comme Gouverneur de la BEAC pouvait être l’occasion d’une rencontre avec vous. J’ai en effet été nommé Gouverneur de la BEAC lors de la Conférence Ordinaire des Chefs d’Etat des 16 et 17 janvier 2010 à Bangui, il y a donc un peu plus d’un an. Les cinq autres membres composant le Gouvernement de la Banque ont, quant à eux, été désignés quelques mois plus tard, lors de la Conférence Extraordinaire des Chefs d’Etat à Brazzaville, le 07 juin 2010.
S’agissant des thèmes que je souhaiterais aborder avec vous avant de répondre à vos questions, mon intervention sera structurée en 4 points :
·        une présentation très succincte de la BEAC; j’ai en effet pensé qu’il
pouvait être utile de rappeler à l’attention de la Presse comment la Banque
est organisée ;
·        les objectifs assignés à la BEAC, tant par la feuille de route tracée par la
Conférence des Chefs d’Etat que par le plan d’action adopté par le Conseil
d’administration de la Banque ;
·        le bilan de2010, année correspondant à mon premier exercice à la tête de
la BEAC ;
·        enfin les orientations de la BEAC pour 2011 et 2012.
1-PRESENTATION GENERALE DE LA BEAC
La BEAC, comme vous le savez, est la banque centrale de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale, la CEMAC, qui regroupe six pays, que je citerai, pour mémoire, par ordre alphabétique : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad. Ces six pays représentent une population d’environ 40 millions d’habitants.
La BEAC est une institution originale, car elle est la banque centrale de plusieurs pays. Il y a peu d’organismes équivalents à la BEAC dans le monde, mis à part la BCEAO, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La BCE, la Banque Centrale Européenne, à laquelle certains d’entre vous pourraient penser, n’est pas comparable. En effet, les pays de l’Union européenne, ayant adopté l’euro comme monnaie unique, forment l’Union monétaire mais ont conservé chacun leur banque centrale nationale, chacune de ces banques centrales ayant une participation dans le capital de la BCE. S’agissant de la CEMAC, nous avons une seule banque centrale, avec des relais dans chaque pays, les Directions nationales qui ne sont cependant pas des banques centrales autonomes.
Historique de la Béac
La BEAC a été créée en 1972. Elle assure toutes les fonctions traditionnelles d’une banque centrale, parmi lesquelles la mise en circulation des billets et des pièces, qui constituent la monnaie fiduciaire, la tenue des comptes des Trésors publics, la conduite de la politique monétaire, la gestion des avoirs de change des Etats, la réalisation d’études économiques. En outre, une autre entité, la Commission Bancaire des Etats de l’Afrique Centrale, la COBAC, est en charge de l’agrément et de la surveillance des banques, et de façon plus générale de ce que l’on appelle les établissements de crédit. La BEAC et la COBAC sont deux institutions distinctes mais ayant entre elles des relations très étroites. Ainsi, le Gouverneur est le Président statutaire de la COBAC. Le personnel travaillant pour le compte de la COBAC est issu de la BEAC, à l’exception des deux mandataires qui dirigent son Secrétariat Général. Enfin, le budget de la COBAC est entièrement pourvu par la BEAC.
La BEAC exerce son activité au moyen de services centraux, implantés dans cet immeuble, et de 21 agences, appelées « centres », y compris la Délégation que nous avons à Paris. Les services centraux sont répartis entre 12 directions centrales, dirigées par des directeurs centraux, et des départements à la tête desquels il y a des chefs de départements. Chaque pays de la CEMAC comprend une direction nationale, ayant à sa tête un Directeur national, qui assure la direction du centre de la BEAC de la capitale de l’Etat, la supervision des autres centres installés sur le territoire national et la mise en œuvre de la politique monétaire définie par le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BEAC. Le Directeur National est par ailleurs Gouverneur suppléant au FMI pour le compte de son Etat -les Gouverneurs étant les Ministres des Finances – Secrétaire Général du Conseil National du Crédit et Rapporteur du Comité Monétaire et Financier National.
La BEAC dispose d’un Conseil d’Administration, présidé par le Ministre des Finances assurant la présidence du Comité Ministériel de l’UMAC. La gestion au jour le jour de la Banque est assurée par un organisme appelé « Gouvernement », composé de six membres, dont moi-même, issus des six Etats de la CEMAC. Le Gouvernement comprend le Gouverneur et le Vice-Gouverneur, qui ont une compétence générale, ainsi que quatre autres membres, ayant eux des compétences spécifiques. Ces quatre membres sont :
·        le   Secrétaire   Général,   qui   supervise   notamment   la   coordination administrative, les affaires juridiques et le budget ;
·        le Directeur Général du Contrôle Général, en charge de l’audit interne ;
·        le Directeur Général de l’Exploitation, qui coiffe la direction assurant la
mise en circulation des billets et des pièces et la plupart des métiers de
support comme l’informatique et la comptabilité ;
·        le Directeur Général des Etudes, Finances et Relations Internationales,
qui assure la responsabilité de la fonction études économiques, la gestion de la salle de marché, qui gère les réserves de change de la Banque, et les relations de la BEAC avec l’extérieur.
La BEAC est contrôlé par deux organes de contrôle : le Collège des censeurs, chargé notamment d’examiner les comptes annuels de la Banque, et le Comité d’audit qui traite des questions liées au contrôle interne, que j’évoquerais dans quelques instants. Par ailleurs, la BEAC a depuis quelques années des commissaires aux comptes, qui ont pour fonction de vérifier les états financiers annuels de la BEAC, ce qu’ils sont en train de faire pour l’exercice 2010.
Un mot enfin sur notre effectif : la BEAC emploie environ 2.400 agents, dont environ 700 au siège à Yaoundé.
Voilà donc pour ce qui est du rôle et de l’organisation de la BEAC.
J’en viens maintenant à la deuxième partie de mon intervention : les objectifs assignés à la BEAC.
1- LES OBJECTIFS ASSIGNES A LA BEAC
Outre ses missions statutaires qui consistent à gérer la monnaie au quotidien, la BEAC s’est vu assigner fin 2009 deux autres objectifs : la feuille de route arrêtée par la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC et le Plan d’Action adopté par le Conseil d’Administration de la BEAC, en date du 7 décembre 2009, en concertation avec le FMI.
La feuille de route des Chefs d’Etat, outre la stricte mise en œuvre du Plan d’Action, comprend notamment la mise en œuvre des mesures individuelles à l’encontre de certains dirigeants et cadres de la BEAC, les diligences à accomplir pour faire la lumière sur les malversations du Bureau Extérieur de Paris, le relèvement de la participation de la BEAC dans le capital de la BDEAC de 6 % à hauteur de 30 %, la récupération de la perte liée au placement DATI, l’assainissement de l’environnement de travail à la BEAC, la modification des statuts avec le concours du partenaire traditionnel.
Quant au plan d’action, il comprend une trentaine de mesures, portant pour une large part sur le renforcement du contrôle interne. Ce plan a été très largement mis en œuvre et sa réalisation va faire prochainement l’objet d’une évaluation par un cabinet externe.
Ces objectifs font l’objet d’un suivi par un comité interne à la BEAC, qui se réunit trimestriellement et dans lequel siège le représentant permanent du FMI, en poste à Yaoundé.
2- LE BILAN DE L’ANNEE 2010
Je voudrais maintenant vous présenter le bilan des actions entreprises au cours des douze mois qui ont suivi ma désignation au poste de Gouverneur de la BEAC. Je voudrais toutefois préciser que les réformes que j’ai engagées pour améliorer le fonctionnement de la BEAC résultent des discussions qui se sont tenues au sein du Gouvernement de la Banque, d’abord avec l’ancienne équipe dirigeante puis à partir de juin 2010 avec les membres actuellement en fonction. Ces réformes résultent donc d’un engagement de l’ensemble du Gouvernement de la Banque. En outre, elles ne pourront être mises en œuvre qu’avec le concours actif de l’ensemble des responsables hiérarchiques et du personnel. La réussite de la BEAC sera le résultat d’une œuvre collective et pas de l’action d’un seul homme, quelle que soit sa volonté d’aller de l’avant et l’énergie déployée pour assurer les changements nécessaires.
Qu’a donc fait la BEAC en un an ?
Nous nous sommes fortement investis dans trois domaines principaux en 2010 et avons obtenus des résultats appréciables.
a.     La gouvernance
Le premier domaine est celui de la gouvernance, qui est un mot souvent utilisé mais parfois avec un concept différent. A mon sens, la gouvernance c’est l’ensemble des moyens mis en œuvre pour assurer la bonne gestion d’une institution, à la fois dans la prise de décisions, des grands principes, de l’information, de sa surveillance. Les statuts de la Banque Centrale constituent le socle à partir duquel l’on peut instituer une gouvernance moderne. Dans cet esprit, le Conseil d’Administration a adopté d’importantes réformes pour arrimer la BEAC aux standards internationaux, notamment en matière de contrôle et de transparence.
Pour ce qui concerne la définition des actions à mettre en œuvre, elle repose à la fois sur un certain nombre de comités internes, au sein desquels souvent siège un membre du Gouvernement de la Banque, et le Gouvernement de la Banque lui-même. Au sein de celui-ci, nous sommes donc six et il convient d’assurer le débat, indispensable, mais aussi la prise de décisions. Celle-ci doit être facilitée par la préparation des dossiers en amont, par les directions et les départements. Nous avons en 2010 réfléchi, avec l’aide du FMI, à la façon dont nous devions fonctionner, de façon à être plus efficaces et nous continuerons le travail engagé cette année.
Bonne gestion signifie rigueur et transparence. A ce titre, nous avons adopté un code de déontologie et un code des marchés. L’application de ce code des marchés nous impose de passer des appels d’offres et d’en assurer le dépouillement selon un certain nombre de règles, parmi lesquelles l’utilisation d’une grille de notation comprenant des critères techniques et financiers. Par ailleurs, sur le plan budgétaire, la BEAC a, pour l’établissement de son budget 2011, revu sa méthodologie d’estimation des produits et charges ; elle continuera à l’adapter aux standards internationaux.
En ce qui concerne l’information, je crois que nous avons vraiment joué la carte de la transparence. Ainsi, nous avons publié sur notre site internet plusieurs rapports d’audits relatifs aux malversations commises au Bureau extérieur de Paris, le rapport annuel du Comité d’audit ainsi que le rapport trimestriel du comité chargé de suivre le plan d’action de la BEAC, dont je vous parlais il y a quelques instants.
Je vous invite à consulter d’autres sites internet de banques centrales. Vous constaterez alors que la mise en ligne du type de documents que je citais n’est pas une pratique courante parmi les banques centrales. La BEAC a donc fait preuve en la matière d’une grande transparence, montrant ainsi sa volonté d’informer, même dans le cas où il s’agit de documents élaborés non pas en interne mais par des cabinets externes.
Enfin, s’agissant de la surveillance, nous avons le devoir de mieux préparer les réunions de nos organes de contrôle, afin d’en accroître l’efficacité, ce que nous avons commencé à faire. Par ailleurs, beaucoup d’audits externes ont été réalisés en 2010 dans différents domaines et nous devons maintenant mettre en œuvre les recommandations qui nous ont été faites. A cet égard, le Gouvernement de la BEAC vient d’adopter un plan de réformes visant à moderniser sa gestion et le budget nécessaire à son financement a été voté par le Conseil d’Administration. Il a également fait adopter par son Conseil d’Administration un Code de déontologie auquel est soumis l’ensemble de son personnel pour renforcer l’éthique et la vertu.
b.     Le renforcement du dispositif de contrôle interne
Le deuxième domaine que je souhaitais aborder, s’agissant du bilan de 2010, est celui du contrôle interne. Toute entreprise, quelle qu’elle soit, doit disposer d’un système de contrôle interne qui permet de s’assurer que les opérations effectuées le sont conformément aux règles établies et qu’elles sont vérifiées.
Dans le cas de la BEAC, compte tenu des défaillances relevées dans notre dispositif de contrôle interne, à la suite des malversations commises au Bureau extérieur de Paris, il était impératif de progresser rapidement dans ce domaine. Plusieurs actions ont donc été conduites en 2010 pour améliorer notre dispositif :
·        renforcement de l’effectif alloué au contrôle interne, tant au siège que dans
les Centres ;
·        mise en place de cellules internes de contrôle à la fois dans les services
centraux et dans les directions nationales ;
·        mise en œuvre d’une cartographie des risques ;
·        réalisation  de  plusieurs   audits   externes,  portant  notamment  sur  les
procédures comptables ;
·        élaboration ou mises à jour des manuels de procédures dans les divers
services ;
·        élaboration d’un code et d’un manuel de procédures des Marchés ;
·         élaboration d’un Code de déontologie.
c.     La coopération avec le FMI et d’autres institutions
Le troisième domaine que je voudrais citer au titre du bilan 2010 est celui de la coopération extérieure.
J’attache en effet une très grande importance à la coopération avec d’autres institutions. C’est la raison pour laquelle, quelques semaines après ma nomination comme Gouverneur, j’ai rencontré à Washington le Directeur Général du FMI, Monsieur Dominique STRAUSS-KAHN, et le Gouverneur de la Banque de France, Monsieur Christian NOYER. Plus récemment en décembre dernier, une rencontre a eu lieu à Malabo entre la BEAC et la BCEAO, en vue de renforcer notre coopération et de recenser les domaines dans lesquels nous pourrions mutuellement nous assister.
Grâce aux contacts noués avec le FMI et la Banque de France, la BEAC va pouvoir bénéficier d’une assistance dans la mise en œuvre de ses réformes. S’agissant de la Banque de France, j’ai signé en novembre 2010 une convention avec le Gouverneur de la Banque de France, qui a permis la venue d’un Inspecteur de la Banque de France, membre de mon Cabinet, chargé de nous assister dans le renforcement de notre dispositif de contrôle interne. La Banque de France va également nous apporter son aide dans le renforcement de l’expertise de notre Direction de la recherche.
Pour ce qui concerne le FMI, son assistance prend la forme d’un plan de trois ans comportant des missions de court terme couvrant toutes les activités de la Banque et le détachement d’experts de longue durée. Cet accompagnement devrait prendre forme dans le courant du 2eme trimestre de 2011. D’ores et déjà, début janvier 2011, un séminaire sur la gouvernance a été organisé par le FMI et la BEAC au siège de notre Institution. Cette manifestation, qui a réuni l’ensemble des membres des organes de décision et de contrôle, contribuera incontestablement à améliorer le fonctionnement et l’efficacité de ces instances.
La BEAC bénéficie également d’une aide de la Banque mondiale dans le cadre du projet de renforcement des capacités des institutions financières de la CEMAC, qui concerne plusieurs organismes, dont la BEAC et la COBAC. La BEAC est chargée de suivre ce projet pour l’ensemble des bénéficiaires.
3-   ORIENTATIONS POUR 2011 ET 2012
J’en viens maintenant aux orientations que nous envisageons pour 2011 et 2012,   dans  le  cadre  de la poursuite  du  redressement  de  la Banque  et de  sa modernisation. Ma vision de la Banque est en effet qu’elle se développe en utilisant au mieux ses ressources, mais qu’elle ne soit pas figée et qu’elle soit donc prête à se transformer à la fois dans son propre intérêt et dans celui de son personnel, mais aussi dans l’intérêt de la communauté.
A cet égard, plusieurs orientations devraient être retenues pour 2011 et 2012. J’en citerais cinq, qui ont pour moi une importance majeure :
·        la réforme de la gestion de nos ressources humaines ;
·        la poursuite de la modernisation de l’organisation de la Banque Centrale ;
·        la poursuite du renforcement de notre dispositif de contrôle interne ;
·        l’élaboration d’un schéma directeur informatique ;
·        le renforcement  de  notre expertise dans  l’exercice  de nos  missions
fondamentales.
Ces orientations, dont je vais maintenant vous dire deux mots pour chacune, devraient être reprises dans un plan stratégique couvrant un horizon de deux/trois ans.
a.     La réforme de la gestion de nos ressources humaines
Ce n’est pas un hasard, si je cite en premier, la modernisation de la gestion de nos ressources humaines.
En effet, toute banque centrale a pour première richesse son personnel. Il est donc indispensable qu’il soit bien recruté et bien formé et qu’il y ait une bonne adéquation entre le profil des postes et les personnes qui les occupent. C’est pourquoi, nous allons en 2011 travailler sur la mise en œuvre d’un plan directeur des ressources humaines, avec l’assistance d’un cabinet spécialisé.
D’ores et déjà, nous sommes sur le point de lancer un appel d’offres auprès de cabinets internationaux spécialisés en ressources humaines pour assurer l’organisation, de bout en bout, du prochain concours de recrutement de nos cadres supérieurs, alors que jusqu’à présent le concours était entièrement géré par la BEAC. Nous avons décidé de faire appel à un cabinet totalement indépendant pour sélectionner nos cadres de direction, de façon à éviter de pouvoir prêter le flanc à la critique dans le choix de nos collaborateurs, plus explicitement dit, d’éviter d’être accusés de choisir les gens en fonction de leurs relations, plutôt que de leurs compétences.
b.     La poursuite de la modernisation de l’organisation de la Banque Centrale
Pour ce qui concerne la deuxième orientation que je citais, l’organisation, en lien avec la question des ressources humaines, il est également indispensable de revoir notre organisation et de mieux apprécier les besoins en moyens humains, de façon à les affecter là où cela est le plus nécessaire. Il est aussi indispensable de mieux définir les responsabilités, et de mettre en place des tableaux de bord de suivi de l’activité et des résultats.
c.     La poursuite du renforcement de notre dispositif de contrôle interne
Le troisième domaine, prioritaire pour 2011 et 2012, est celui du contrôle interne. En effet, si beaucoup a déjà été fait en la matière, il reste encore de gros progrès à accomplir pour mettre à niveau notre dispositif. Les actions que nous allons engager en 2011 porteront notamment sur la formation de nos auditeurs internes, la revue et l’enrichissement de notre méthodologie de contrôle, la mise en place de programmes de vérifications et de rapports pour les cellules internes de contrôle, le renforcement de la sécurité informatique, l’amélioration du suivi des recommandations issues de nos missions d’audit et l’élaboration de manuels de procédures.
d.     L’élaboration d’un schéma directeur informatique
Un autre domaine important pour 2011 et 2012, dans lequel nous devons investir, est celui de notre système informatique.
En effet, l’informatique a un rôle absolument essentiel dans toute entreprise. Il en est de même pour la BEAC, d’autant plus que la Banque s’est engagée dans les dernières années dans l’automatisation de certaines opérations.
Il nous apparaît aujourd’hui nécessaire de revoir en profondeur l’organisation des fonctions informatiques et également notre système d’information, dont la fiabilité conditionne notamment la qualité de nos données comptables.
Aussi allons-nous engager en 2011 un projet de schéma directeur informatique, pour que la BEAC puisse disposer d’un système informatique plus performant et plus sûr.
e.     Le renforcement de notre expertise dans l’exercice de nos missions
Enfin, s’agissant de la 5eme orientation retenue pour 2011 et 2012, nous allons, pour ces deux années, engager différentes actions pour renforcer notre expertise dans les domaines correspondant à nos missions essentielles. Sont ainsi concernées la gestion des réserves de change, la conduite de la politique monétaire, la surveillance des systèmes et moyens de paiement et la supervision bancaire. Ces actions seront conduites en profitant de la coopération que la BEAC a développée l’an dernier avec plusieurs Institutions et Banques centrales, que j’ai évoqué il y a quelques instants.
4-   CONCLUSION
Je voudrais terminer mon intervention par trois réflexions :
·        la première porte sur le renforcement du rôle des banques centrales durant
la crise économique et financière ;
·        la deuxième sur la place de la BEAC au sein de la CEMAC ;
·        la troisième sur la nécessité d’une politique de communication externe
pour toute banque centrale, y compris pour la BEAC.
S’agissant du rôle accru des banques centrales, il a été clairement mis en évidence durant la crise économique et financière. En effet, toute crise économique a un effet sur l’économie dite «réelle», qui est celle des entreprises et des consommateurs, et sur le plan financier. La finance est désormais essentielle pour le développement de l’économie réelle. Dans ce contexte, les banques centrales jouent un rôle majeur en suivant la conjoncture économique, en établissant des prévisions, en assurant la stabilité financière, en prêtant aux banques. Les décisions de politique monétaire prises par les banques centrales ont ainsi des effets sur le taux d’intérêt et donc sur le coût des emprunts sollicités par les agents économiques. La BEAC, en tant que banque centrale des pays de la CEMAC, tient donc une place essentielle dans l’économie de la sous-région.
En ce qui concerne la place de la BEAC au sein de la CEMAC, elle me paraît fondamentale. La BEAC a d’ailleurs été qualifiée dans le communiqué de la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de Brazzaville du 7 juin 2010 de « poumon et souffle vital de la Communauté ».
Le rôle de la BEAC au sein de la CEMAC peut être apprécié, selon moi, sous deux angles principaux :
D’abord, en tant qu’institution contribuant à l’intégration des pays. A
cet égard, la BEAC, qui est sans doute l’institution la plus connue de la sous-région, contribue incontestablement à l’intégration des six pays qui la composent. Les membres de son personnel sont originaires de ces six pays et nous parvenons à ce qu’ils travaillent ensemble, tout en conservant leur identité et leur culture. C’est pour moi et les autres membres du Gouvernement de la Banque ainsi que pour son personnel une fierté de participer ainsi à une œuvre commune pour le bien des 40 millions d’habitants de la zone. Le revers de la médaille, si je peux m’exprimer ainsi, est que tout dysfonctionnement intervenant à la BEAC, surtout s’il s’agit d’une fraude de grande ampleur comme celle concernant le Bureau extérieur de Paris, entache fortement la réputation de la Banque et n’est pas sans conséquence sur l’ensemble de la zone. Nous devons donc, moi en tant que Gouverneur de la Banque, mes cinq collègues qui forment avec moi le Gouvernement de la Banque, mais aussi l’ensemble du personnel de la BEAC être très attentifs au risque d’image et donc tout faire pour que la BEAC retrouve la crédibilité indispensable à l’exercice de ses missions ;
Le rôle de la BEAC au sein de la CEMAC peut aussi être mesuré par sa contribution au développement économique, indirectement ou directement. En effet, la BEAC assure la réalisation d’études économiques, participe à de nombreux colloques au Cameroun et dans les cinq autres pays de la CEMAC mais aussi à l’extérieur de celle-ci. La BEAC contribue aussi activement aux travaux conduits dans différentes instances pour l’actualisation et la mise en conformité avec les pratiques internationales des textes et des règlements à caractère économique, financier ou juridique, en vigueur au sein de la CEMAC. Par ailleurs, l’intervention directe de la BEAC dans le développement de l’économie des six pays de la CEMAC s’illustre d’une part, dans sa participation au capital de la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC), récemment porté à 30 % et d’autre part, à travers la ponction de 20% de son bénéfice pour financer les projets intégrateurs.
Il me paraît naturel, compte tenu de la nature de la manifestation qui nous réunit aujourd’hui, d’achever mon allocution par quelques propos sur la communication externe des banques centrales. En effet, une banque centrale n’est pas une institution désincarnée. Elle exerce, au service de citoyens, un certain nombre de missions, dont celle de créer de la monnaie, indispensable à toute économie, et de gérer les avoirs de change des Etats. Les banques centrales doivent communiquer, car elles doivent expliquer les décisions qu’elles prennent, en particulier en matière de politique monétaire. En outre, la nécessité de la communication est liée au fait qu’elles ont, si je puis dire, « des comptes à rendre ». En tant que Gouverneur de la BEAC, je dois ainsi rendre compte aux Chefs d’Etat des six pays de la CEMAC, au Président du conseil d’administration de la Banque, qui est le Président du Comité interministériel de l’Union monétaire de l’Afrique Centrale, l’UMAC, ainsi qu’aux Parlements nationaux et communautaire. Il est aussi nécessaire que les actions et les messages de la BEAC soient relayés auprès du public et, dans ce domaine, le rôle des médias est évidemment essentiel, à condition que l’information donnée soit fiable, claire et accessible au plus grand nombre. D’ores et déjà, la BEAC rédige, lors de la tenue des réunions de son Conseil d’administration et de son Comité de politique monétaire, des communiqués de presse, afin de faire connaître les décisions qu’elle prend. En outre, elle publie un certain nombre d’informations sur son site internet, qui devra d’ailleurs être modernisé pour faciliter sa consultation et améliorer son contenu.
La communication aujourd’hui est devenue une activité de support à part entière de beaucoup de banques centrales et nous avons-nous-même à la BEAC une cellule de communication. L’élargissement des vecteurs de communication, avec notamment l’essor de la télévision dans le passé puis plus récemment d’Internet, l’accélération de la rapidité de diffusion de l’information, l’intérêt porté parfois par les citoyens pour le « sensationnel » au détriment de l’analyse font que la communication est à la fois nécessaire pour une banque centrale mais qu’elle doit être bien ciblée.
J’en appelle à vous, journalistes, pour que nous puissions sceller un nouveau type de partenariat et ainsi ensemble, contribuer à une information objective et fiable du public. Vous-mêmes, Mesdames et Messieurs les Journalistes, vous exercez un métier difficile et exigeant, en ayant à cœur d’analyser en profondeur les informations obtenues de différentes sources. Quant à nous à la BEAC, en instaurant avec vous des relations régulières, nous avons l’objectif de mieux vous expliquer nos missions et la façon dont nous les exerçons. Cette rencontre n’est donc qu’un début d’une série que nous voulons pérenniser.
Tel est l’objectif de la rencontre d’aujourd’hui.
Je me tiens maintenant prêt, Mesdames et Messieurs les Journalistes, à répondre à vos questions. Je vous remercie de votre aimable attention.
Lucas ABAGA NCHAMA Gouverneur de la BEAC
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