Wadal Abdelkader Kamougué. Retour sur le parcours de l’ancien opposant et ministre tchadien de la Défense qui a participé au renversement du président Tombalbaye.
A l’ambassade du Tchad au quartier Bastos à Yaoundé ce 10 mai 2011, le drapeau est en berne. La veille, Idriss Déby Itno, le président sortant, était déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 25 avril dernier. Pas suffisant pour rendre être heureux les diplomates présents. Le général Wadal Abdelkader Kamougué, le leader de l’opposition âgé de 72 ans, est mort de suites de maladie, le 09 mai 2011.
« Le drapeau est en berne, parce que nous avons perdu un homme d’Etat », explique le premier secrétaire de l’ambassade du Tchad au Cameroun, Bengo K. Syamtel. Cet homme-là, c’est le général Wadal Abdelkader Kamougué. Ministre de la Défense jusqu’en décembre 2010, puis conseiller à la présidence du Tchad, Kamougé était candidat à la dernière élection présidentielle avant de boycotter le scrutin avec d’autres opposants comme Ngarlejy Yorongar et Saleh Kebzabo.
« Je pense que c’est une grande figure de l’histoire et de la politique tchadiennes qui s’est éteint », affirme le diplomate tchadien. « C’était un bon stratège militaire, un homme assez énergétique qui a toujours été au service de son pays », poursuit Bengo K. Syamtel. Ce militaire s’est rendu célèbre le 13 avril 1975 quand il participe au coup d’Etat qui renverse le premier président Tombalbaye. Il devient donc à l’issue de ce putsch ministre des Affaires étrangères du Tchad.
Au sujet de ce coup d’Etat, les avis des Tchadiens sont partagés sur l’acte de Wadal Abdelkader Kamougué. « Pour certains, c’est lui qui est l’auteur de la guerre au Tchad, parce que c’est après ce coup d’Etat que les troubles ont commencé dans le pays. Pour d’autres, c’est un libérateur qui, à partir de ce coup d’Etat, a délivré les Tchadiens de près de 18 ans de règne de Tombalbaye », explique le diplomate.
Mais, les Tchadiens gardent aussi de lui l’image de l’homme qui a réussi à maintenir l’unité dans le Sud du pays, alors que l’ensemble du Tchad était en conflit entre 1979 et 1982. Il était alors vice-président du Gouvernement d’Union nationale de transition (Gunt) sous Goukouni Oueddei.
En juin 1982, suite au coup d’Etat d’Hissène Habré, il quitte le gouvernement. Il présente sa candidature à l’élection présidentielle du 11 juillet 1996 et obtient 30,9% des voix contre 69,1% pour Idriss Déby Itno.
Au Cameroun, Kamougué a également eu des amis et des connaissances. Parmi eux, le colonel Alfred Fuller de l’Office national des anciens combattants. « J’ai connu le colonel Kamougué, quand j’étais le commandant de la compagnie de gendarmerie de Mokolo dans l’Extrême-Nord du Cameroun. C’était dans les années 1971 et 1973. Il était un camarade serviable. Nous nous sommes rencontrés dans le cadre des relations de service », raconte-t-il. « En six mois, je ne l’ai pas beaucoup rencontré, mais les relations que nous avions alors étaient cordiales. C’était un officier disponible, toujours prêt à rendre service », se souvient Alfred Fuller.
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