Bombardements de l’Otan en Libye. Le président de la République a confié avant-hier à un émissaire libyen qu’il soutient la solution pacifique à la crise.
Le président de la République du Cameroun est contre les frappes aériennes de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) en Libye, qui ont déjà occasionné des centaines de morts. Paul Biya privilégie à cette option le dialogue et une solution pacifique. C’est ce qu’il a fait savoir avant-hier, 27 juin 2011, à Joma Ibrahim Amer, le ministre libyen des Affaires de l’Union africaine, envoyé spécial du guide libyen, Mouammar Kadhafi, qu’il a reçu en audience au Palais de l’Unité. « Le président de la République du Cameroun a été très content de cette visite et nous a informé que le Cameroun soutiendra la position africaine qui est favorable à une solution pacifique de la crise libyenne afin de retrouver la sécurité et la paix en Libye », a déclaré Joma Ibrahim au sortir de sa rencontre avec Paul Biya.
L’émissaire lybien a quitté le Cameroun immédiatement après sa réception et a embarqué pour d’autres pays africains. Objectif : faire du lobbying afin que les présidents africains soutiennent Kadhafi et la feuille de route de l’Union africaine pour sortir de la crise lors du sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine qui s’ouvre ce jour à Malabo en Guinée équatoriale. « Il a un programme chargé et est tout de suite reparti, car il avait un message du guide libyen adressé au président de la République. Il rencontrera aussi d’autres chefs d’Etat africains avant le début du sommet de Malabo », confie une source à la chancellerie de la Grande Jamahiriya arabe socialiste libyenne à Yaoundé.
Au cours de cette audience de 45 minutes avec Paul Biya, l’envoyé spécial de Kadhafi a dressé le bilan de ces frappes aériennes de l’Otan et lui a remis un rapport détaillé de la situation en Libye depuis le début des manifestations en février 2011. « Des maisons ont été détruites et des centaines de personnes tuées à Tripoli, à Surman, à Brega et ailleurs ; des universités entières ont été détruites par ces bombardements. Nous pouvons estimer les sorties d’avions entre 11 000 et 12 000 pour 5 000 raids », a-t-il déclaré aux reporters présents au Palais de l’Unité.
Contre les Etats-Unis
Pour Barack Obama, le président des Etats-Unis, Kadhafi doit partir, et il est déterminé, comme les autres présidents européens, à le faire tomber par les armes, sous couvert de la résolution 1973 de l’Onu qui demande la protection des civils. Les pays membres de l’Otan continuent de bombarder Tripoli et de prendre pour cible la personne de Kadhafi, ses partisans, y compris parfois les civils, dans le but de faire tomber le régime de Tripoli. Une méthode que Paul Biya désapprouve. Quelques minutes avant la rencontre avec Joma Ibrahim Amer, il a reçu Johnnie Carson, le sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines.
Carson est venu à Yaoundé pour parler de la Libye avec Paul Biya. Si au sortir du Palais de l’Unité il a brièvement expliqué qu’il a évoqué avec lui la prochaine élection présidentielle, l’économie, notamment les investissements américains au Cameroun, il n’a pas du tout insisté sur la discussion qu’il a eue avec le président de la République sur la Libye, reconnaissant tout de même que le sujet était au menu de l’entretien.
Quelques jours avant, le 13 juin 2011 exactement, à Addis-Abeba en Ethiopie, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton s’était rendue au siège de l’Union africaine pour demander aux Etats africains de lâcher Kadhafi. « Je conseille vivement à tous les Etats africains d’exiger la démission de Kadhafi. Je vous conseille vivement de suspendre les activités des ambassades de Kadhafi dans vos propres pays, d’expulser les diplomates pro-Kadhafi et d’accroître vos contacts avec le Conseil national de transition », a-t-elle demandé aux ministres des Affaires étrangères de l’Afrique. Pour Hillary Clinton, « Kadhafi a certes aidé financièrement pendant des années bon nombre de nations et d’institutions africaines, y compris l’Union africaine (…), mais le temps où il pouvait rester au pouvoir est écoulé depuis des lustres ». A ces propos, raconte nos confrères de Jeune Afrique, « l’auditoire est demeuré impassible, comme tétanisé : vox Hillary, vox Barack… ».
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