Laurent Zang : « Dadis Camara se découvre de nouvelles ambitions »

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30 Sep 2009 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires


Pour l’internationaliste, le chef de la junte militaire en Guinée veut bien se présenter à l’élection présidentielle contrairement à ses déclarations initiales.


Comment expliquez-vous les manifestations d’avant-hier, 28 septembre 2009, en Guinée Conakry qui ont débouché sur plus de 87 morts de source policière ?

Je déplore ce qui s’est passé à Conakry, même si l’interdiction de la manifestation a été violée par l’opposition, l’armée aurait dû faire preuve de maîtrise et de moins de fébrilité. Les forces de l’ordre ne devraient jamais oublier que la force mise entre leurs mains émane du peuple et cette force ne devrait pas être retournée contre ce peuple tant qu’il n’y a pas de menace grave. S’il est vrai que les femmes ont été déshabillées et humiliées, c’est que cela est d’une indécence inacceptable. L’armée est issue du peuple et est au service du peuple. Les populations étaient réunies dans un stade, il y a donc eu un usage abusif et intempestif des armes.
Les militaires ont-ils toujours réussi à mener une transition normale dans les pays africains ?

Puisque l’objet des manifestations d’avant-hier était l’opposition d’une partie des Guinéens de voir le capitaine Moussa Dadis Camara candidat aux prochaines élections, j’ai l’impression qu’on est parti d’un scénario d’où l’armée prétendait assurer la transition dans un contexte de cacophonie multipartiste au scénario où le principal responsable du mouvement est de plus en plus tenté de s’installer aux commandes. Ce sont des scénarios que l’on a vus ailleurs. Des hommes armés ont troqué leur treillis militaire en costume civil. C’est par exemple le cas en Côte d’Ivoire avec Robert Gueï qui avait malheureusement échoué. Nous avons par contre vécu des transitions où les militaires ont assuré. C’est le cas du Mali avec Ahmadou Toumani Touré ou encore du Niger en 1999 avec Daouda Malam Wanke.
Dans le cas de la Guinnée Conakry, le capitaine Dadis Camara est en train de revenir sur ce qu’il avait promis au peuple. Il est en train de perdre la sympathie et le crédit du peuple guinéen.
A son arrivée au pouvoir, Dadis Camara déclarait que la place des militaires est dans les casernes. Ce qui ne semble plus être son point de vue. Le virus du pouvoir l’a-t-il déjà piqué ?

On dit généralement que le pouvoir corrompt. C’est-à-dire que le pouvoir transforme. Le capitaine Dadis Camara est arrivé avec certaines intentions. A l’épreuve de ce pouvoir, il se découvre de nouvelles ambitions et son entourage lui conseille d’aller jusqu’au bout. Il est probablement désireux de se présenter. Et il passe par la technique bien éprouvée des pouvoirs dictatoriaux où le chef sollicite que les populations lui demandent de se présenter aux élections. Il déclare attendre le moment propice, mais on sent de plus en plus sa volonté de se présenter à cette élection présidentielle. L’interdiction et la répression de la manifestation de ce 28 septembre 2009 montre qu’il ne souhaite pas être contrarié dans son dessein de se présenter à l’élection présidentielle.
Quel commentaire vous inspire les propos du président Sénégalais, Abdoulaye Wade, qui déclarait récemment qu’il ne peut être que conseiller et qu’il ne peut soutenir la candidature du capitaine Dadis Camara ?

C’est une déclaration qu’il faut prendre avec beaucoup de circonspection. Elle est une réponse à ceux qui pensent que sa visite à Conakry et son apparition ostentatoire avec Dadis Camara ont constitué un soutien à ce dernier. Par contre, il faut noter que le président Wade, étant un poids lourd dans la sous région, cette déclaration a encouragé l’opposition dans sa démarche actuelle. Je ne crois pas qu’on puisse préjuger de la position de Wade, car il s’est du reste dit conseiller de tous les Guinéens. On est en politique. Et parfois ce n’est pas la sincérité qui prévaut. Les positions évoluent en fonction des intérêts de l’heure.
Quel peut être la solution en Guinée Conakry pour apaiser le cœur meurtri des populations ?
Avec ce qui s’est passé avant-hier, l’organisation des élections peut être compromise, car Camara pourrait s’engager dans une fuite en avant et privilégier la restauration de l’ordre intérieur par la force aussi bien dans l’armée que l’ensemble de la société. Il y a donc lieu de craindre que les délais prévus pour les élections ne soient repoussés. Il est vrai que la communauté internationale exerce une pression sur le chef de la junte militaire, mais les Guinéens en ont vu d’autres sous le règne de Sékou Touré et Dadis Camara pourrait s’en souvenir.
Au nom de l’idéal démocratique, il serait souhaitable que le capitaine Dadis Camara s’en tienne à ses déclarations initiales. La réalité du pouvoir aujourd’hui est telle qu’il lui est difficile de sortir du dilemme dans lequel il se trouve en faisant marche arrière.

Garoua-Boulai : Marafa Hamidou suspend le maire pour trois mois

Le Minatd remplace Adamou Koumanda, absent de son poste depuis plus d’un an, par Esther Yafoua, première adjointe

Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Marafa Hamidou Yaya, a signé ce vendredi 25 septembre 2009 un arrêté portant suspension d’Adamou Koumanda, maire de Garoua-Boulaï. Lu sur les ondes du poste national de la Crtv vendredi dernier, l’arrêté indiquait que le maire était suspendu pour une durée de trois mois pour abandon de poste. Ce même texte précisait qu’il sera remplacé, comme le prévoit les textes en vigueur, dans l’ordre de préséance, par le premier adjoint. Il s’agit d’Esther Yafoua. Agée de 40 ans et technicienne de formation, elle assurait déjà l’intérim depuis le départ, il y a plus d’un an, du magistrat municipal. Resté fidèle au maire titulaire, elle avait néanmoins informé le Minatd de cette absence.
Le 27 août dernier, Le Jour dénonçait déjà l’abandon de la mairie par l’élu local. Adamou Koumanda, expert en gestion de projets de développement, séjourne actuellement en Tanzanie où il officie comme consultant auprès du Haut commissariat aux réfugiés. « Notre maire a véritablement déçu les populations. En le votant, les populations comptaient sur son expertise pour développer Garoua-Boulaï et permettre l’épanouissement des habitants de cette ville frontalière. C’est un espoir perdu, car il met non seulement son expertise au service des autres pays (Rca, Tchad), mais aussi, il abandonne son poste de travail », s’indigne Ferdinand Minang Banda, originaire de cette ville.
L’intérimaire quant à elle s’efforce de calmer la déception des populations. « Certes les choses n’ont pas été faciles au début, mais on a fini par s’y habituer. J’ai mis sur pied une nouvelle dynamique de travail, il fallait inculquer au personnel un nouvel esprit de travail et surtout rassurer les populations », confiait-elle au Jour.
Avec plus de 7 500 habitants, Garoua-Boulai, arrondissement du département du Lom et Djerem, est l’une des villes les plus importantes la région de l’Est. De part sa position stratégique (frontière avec la Centrafrique), cette ville accueille un trafic important de marchandises et les populations des deux pays y vivent en toute fraternité.

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