Déclaration du ministre de la Communication le 23 avril 2010 à Yaoundé lors de la conférence de presse relative au décès du journaliste Germain Cyrille Ngota.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez certainement, la grande famille de la communication vient à nouveau d’être frappée par la mort d’un de ses fils, en la personne de M. Ngota NGOTA Germain Cyrille, Directeur de Publication du journal « Cameroun Express », que de nombreux professionnels du secteur médiatique connaissaient sous le pseudonyme de BIBI NGOTA.
En cette circonstance malheureuse, je vous prie, avant tout, de bien vouloir observer une minute de silence en sa mémoire.
Je vous remercie. Mesdames et Messieurs,
Germain Cyrille NGOTA NGOTA est donc décédé dans la nuit du 21 au 22 avril 2010, alors qu’il était en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé.
Mais en dépit de l’émotion et de la douleur que cette disparition provoque en chacun de nous, il y a lieu de préciser d’entrée, que les causes de l’incarcération de M. NGOTA ne sont en rien liées à des raisons se rapportant à une quelque restriction par les pouvoirs publics du droit d’exercer librement la profession de journaliste au Cameroun.
A ce sujet, cette situation m’amène à réaffirmer haut et fort l’engagement irréversible du Gouvernement de la République à poursuivre la promotion de la liberté d’expression et de communication, telles que prescrites par le Chef de l’Etat Son Excellence Monsieur Paul BIYA, et consacrées par le dispositif législatif en vigueur dans notre pays.
S’agissant du cas de l’espèce, il apparaît que la disparition de M. Germain Cyrille NGOTA NGOTA, dans l’émotion du reste compréhensible qu’elle est entrain de susciter, entraîne malheureusement un certain nombre d’interprétation et surtout de confusions auxquelles le Gouvernement a jugé nécessaire d’apporter des clarifications.
Ces clarifications porteront tour à tour sur :
l)les causes ayant conduit à la détention de M. NGOTA NGOTA Germain Cyrille.
2) Les conditions administratives et sanitaires de sa détention
préventive.
3) Les circonstances de son décès.
4) Les dispositions subséquentes prises par les pouvoirs publics.
1- S’AGISSANT DES CAUSES AYANT CONDUIT A LA DETENTION DE MONSIEUR NGOTA NGOTA GERMAIN CYRILLE :
En date du 05 février 2010, le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République a saisi le Délégué Général à la Sûreté Nationale aux fins de l’ouverture d’une enquête contre le nommé Marris Robert MINTYA MEKA, Directeur de Publication du Groupe « Le Monde Info/Le Devoir », pour répondre des faits de contrefaçon des signatures, des marques et imprimés.
En effet, le sus nommé avait sollicité courant janvier 2010 une audience auprès du Ministre d’Etat Secrétaire Général de la Présidence de la République, arguant de ce qu’il détenait un document compromettant à son endroit, qu’il souhaitait lui présenter.
N’ayant pas pu être reçu, M. MINTYA a déposé à l’intention de Monsieur le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République un document prétendument signé dudit Ministre d’Etat, adressant des instructions confidentielles au Directeur Général d’une importante société d’Etat.
Entendu par les enquêteurs de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale, M. MINTYA a rejeté toute implication de sa part, relativement à une quelconque contrefaçon du document en cause.
En revanche, il a reconnu avoir adressé le document querellé sous pli fermé au Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République.
Il a en outre affirmé avoir reçu ledit document d’un certain Simon NKO’O MVONDO, par l’entremise de M. Germain Cyrille NGOTA NGOTA, moyennant le paiement d’une somme de 30.000 fcfa, et a par ailleurs précisé que l’auteur du document apocryphe serait M. SABOUANG Yen Serge, Directeur de Publication du journal « La Nation ».
Suite à ce qui précède, les mis en cause ont été déférés le 05 mars 2010 au Parquet près le Tribunal de Grande Instance du Mfoundi, Centre Administratif, et le Procureur de la République a requis le 08 mars 2010 l’ouverture d’une information judiciaire a rencontre des nommés MINTYA MEKA Marris Robert; SABOUANG YEN Serge; NGOTA NGOTA Germain Cyrille, et NKO’O MVONDO Simon Hervé. Ce dernier, quoique en fuite, a été identifié.
Le 10 mars 2010, le Juge d’instruction connaissant de l’affaire a inculpé les trois premiers cités, à savoir les sieurs MINTYA MEKA Marris Robert, SABOUANG YEN Serge et NGOTA NGOTA Germain Cyrille, pour les faits de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés, avec mandat de détention provisoire.
2- EN CE QUI CONCERNE LES CONDITIONS ADMINISTRATIVES ET SANITAIRES DE DETENTION DE M. NGOTA NGOTA :
La sus nommé a été soumis aux mêmes conditions prescrites à l’ensemble des détenus à leur entrée au sein des établissements pénitentiaires au Cameroun, notamment l’enregistrement et l’ouverture d’un dossier consécutif à un examen médical.
Il est à préciser sur ce dernier point que la prison centrale de Yaoundé est dotée d’une infirmerie comptant un personnel qualifié permanent, composé d’un médecin et de 09 infirmiers assistants. Cette infirmerie comprend également un laboratoire d’analyses médicales et une unité d’hospitalisation ; toute organisation appropriée pour la prise en charge médicale des détenus, qui ne sont transférés à des structures hospitalières extérieures qu’en cas de situation nécessitant l’intervention d’un plateau technique plus développé, ou la consultation d’un médecin spécialiste.
Dans le cas de M. NGOTA NGOTA Germain Cyrille, incarcéré le 10 mars 2010, il a été examiné deux jours plus tard.
Au cours de l’interrogatoire médical, il a déclaré avoir des antécédents hypertensifs et souffrir de la goutte.
Mais, il n’a pas pu indiquer le traitement auquel il était habituellement soumis.
L’examen physique de l’intéressé a confirmé l’hypertension artérielle à 19/12, et une hernie dite inguinale, c’est-à-dire simple, qui ne nécessitait pas d’urgence chirurgicale.
Il est en outre à rappeler que la tradition médicale au sein des établissements pénitentiaires au Cameroun consiste à suggérer à tout nouveau détenu de souscrire aux tests du VIH/SIDA et de la tuberculose, formalisme auquel M. Ngota Ngota s’est du reste conformé, sans toutefois en retirer subséquemment les résultats.
Qu’à cela ne tienne, il a été mis sous traitement de l’hypertension, et convié à un premier contrôle en date du 29 mars 2010.
A cette date, il a été constaté que sa tension était redevenue normale à 14/9. Prescription lui sera tout de même faite de continuer son traitement de l’hypertension.
Le 05 avril 2010, M. Ngota Ngota s’est à nouveau présenté à l’infirmerie de la prison, avec cette fois-ci, une éruption cutanée accompagnée d’une fièvre. Il a immédiatement été placé en observation et sous traitement intensif à l’unité d’hospitalisation de l’infirmerie, jusqu’au 08 avril 2010, date à laquelle il a rejoint son quartier pénitentiaire après disparition des symptômes sus évoqués.
Le 15 avril 2010, M. NGOTA NGOTA s’est représenté à l’infirmerie avec une nouvelle poussée de fièvre.
Cette fois, le corps médical de l’infirmerie de la prison a entrepris d’approfondir les examens médicaux de l’intéressé, tout en lui administrant les soins appropriés.
Ce faisant, l’hypertension artérielle qui avait été détectée à l’entrée de M. Ngota Ngota à la prison centrale de Yaoundé et traitée par la suite est quant à elle restée parfaitement maîtrisée.
3-Pour ce qui est des circonstance du décès de Germain Cyrille Ngota Ngota
Malgré le fait que le sus nommé a continué de recevoir des soins intensifs à l’infirmerie de la prison centrale de Yaoundé où il avait de nouveau été interné depuis le 15 avril 2010, il décédera dans la nuit du 21 au 22 avril 2010.
4- A propos des mesures subséquentes prises par des autorités publiques.
Rappelons d’abord que conformément au régime pénitentiaire en vigueur au Cameroun, le régisseur de la prison centrale de Yaoundé, une fois le décès de M. Ngota constaté, en a informé le parquet et le garde des Sceaux, puis fait procéder à l’établissement du certificat du genre de mort.
Il a ensuite invité la famille du regretté disparu à rentrer en possession de sa dépouille, toute formalité qui a été accomplie par ladite famille, qui a subséquemment placé le corps du disparu en conservation à la morgue du Centre hospitalier universitaire de Yaoundé.
Toutefois, face à l’effervescence notamment médiatique que suscite ce décès, le Gouvernement vient de prescrire l’ouverture d’une enquête judiciaire, à l’effet de clarifier à la fois les circonstances et les causes de la mort de M. Ngota Ngota Germain Cyrille.
Au demeurant, il ressort des faits de l’espèce que les raisons qui ont initialement justifié la détention préventive du sus nommé, comme celle de ses deux confrères encore détenus à ce jour au sujet de la même affaire, ne relèvent en rien d’un délit de presse, mais plutôt d’une infraction de droit commun se rapportant à une affaire de contrefaçon des signatures et timbres, des marques et imprimés, selon les chefs d’inculpation retenus par le Juge d’instruction connaissant de l’affaire.
Il reste au-delà de tout ce qui précède, que la mort d’un être humain, qui plus est lorsqu’il s’agit d’un jeune compatriote comme dans ce cas, suscite une légitime compassion et une pensée pieuse à l’égard de tous ceux pour qui il était cher.
Toutefois, cela ne saurait en aucun cas justifier, au risque de l’indécence, les manœuvres de désinformation et les tentatives de récupération de quelque ordre qu’elles soient.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les informations qu’il m’a semblé de voir porter à votre connaissance.
Je vous remercie.
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