
Comment Odile Ndzana Ndzié a, de sang froid, abattu son bébé âgé de deux mois seulement.
Le récit du drame tel que raconté par Pascaline Rufine Evengue, l’amie et voisine d’Odile Ndzana Ndzié, la meurtrière, est tout simplement effroyable. Nous sommes au cœur d’une histoire surréaliste. La scène se passe à Efoumlessi près d’Obala, le 15 octobre 2010. D’après Pascaline qui a passé la journée avec l’enfant, ce jour-là, Germain Dieudonné Bella, le bébé de deux mois et deux jours, n’avait pas été allaité. Sa mère, non plus, n’avait rien mangé. Celle-ci a passé la journée à prier et à chanter des cantiques à l’Eternel derrière sa maison.
En fait, raconte Pascaline, lorsque Odile sentait qu’elle était possédée, cela se manifestait par une agitation extrême de jour comme de nuit. Immobilisée au sol, le regard fixé vers le ciel, elle se mettait, après sa période de transe, à prier et à chanter des louanges à l’Eternel. Le matin, à 10h, Pascaline l’a d’ailleurs retrouvée couchée au sol. L’enfant esseulé pleurait. C’est alors qu’elle l’a emmené avec elle à l’église catholique pour assister à la prière habituelle du vendredi. Du retour de l’église, c’est la même situation. Prière, chants. Pascaline ne peut lui laisser l’enfant qui pleure. Elle décide de rentrer avec lui. A 18h30, un voisin passe par la maison. Odile est dans l’obscurité totale. Elle refuse qu’on allume la lampe. « Je veux des bougies », demande-t-elle. Elle se rend chez une voisine prendre des braises de charbon. C’est pour brûler l’encens que l’abbé Louis Mallard Ebella Nkou, le prêtre du village, lui avait donné après l’avoir bénie (un prêtre que nous n’avons pas pu rencontrer). Puis elle va chez Pascaline récupérer son enfant qu’elle n’allaite pas. Il est environ 19h.
Coups de machette
Quelques minutes plus tard, Pascaline se rend à nouveau chez Odile pour s’enquérir de la situation. A sa grande surprise, les deux portes de la maison sont fermées. L’enfant ne pleure plus. Elle frappe à la porte, en vain. Soudain, elle entend comme des coups de machette. Elle appelle à l’aide. A l’arrivée des voisins qui cassent la porte, le crime est perpétré. Une lampe est allumée à la hâte. Stupéfaction totale. Odile est couchée au sol au milieu de trois bougies éteintes. Une croix est également devant elle. Une petite bouteille d’huile d’olive aussi. A côté, le bébé presque découpé. Elle lui a asséné quatre coups de machette au cou, un coup au bras et un dernier coup à la mâchoire. Le corps de l’enfant est méconnaissable. A côté d’elle, également, le gobelet avec lequel elle a bu le sang de l’enfant. « Je me suis libérée. Ma marâtre qui me possède et qui est en moi m’a demandé de lui remettre son serpent qu’elle m’avait donné. C’est-à-dire mon enfant. C’était, d’après elle, la seule condition pour que je guérisse. Il fallait que je boive le sang de mon enfant», aurait-elle déclaré à la suite de son acte. Aujourd’hui qu’elle a retrouvé ses sens, elle se dit profondément meurtrie par son acte. « Tout ce que je disais et faisais ne venait pas de moi. Comment puis-je tuer mon propre enfant ? C’est ma marâtre qui l’a fait. Car quand j’étais enceinte et même bien avant, elle me disait toujours que je vais voir, qu’elle va me faire. Nous nous querellions chaque jour », accuse-t-elle.
Prison
Choquées, les populations du village vont la bastonner avant d’appeler la brigade d’Obala qui va emporter le corps de l’enfant et la meurtrière. Le père d’Odile, Ndzana Athanase, récupèrera le corps l’enfant plus tard à la morgue d’Obala. Suite aux enquêtes de la brigade de gendarmerie d’Obala, la marâtre accusée est également mise aux arrêts et déférée à la prison principale de Monatélé, tout comme la meurtrière. Le directeur de l’enquête ne souhaite pas en donner de détails. Rencontrée, Elizabeth Omengue accusée par Odile nie tout en bloc. « Elle ment. Tout ce qu’elle dit est mensonge. Est-ce que je vivais avec elle ? Nous sommes séparés par des kilomètres. Je jure, au nom de Dieu, que je n’ai rien fait », clame-t-elle. Aujourd’hui, cette histoire continue d’alimenter les commentaires et débats dans le village.
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