Le rapport Itie Cameroun rendu public hier à Yaoundé présente néanmoins quelques insuffisances, notamment le manque de détails.
Le rapport sur l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) au Cameroun pour les années 2006, 2007 et 2008 a été présenté au public hier, 16 septembre 2010, par le ministre des Finances, Essimi Menye, par ailleurs président du Comité national de suivi de l’Itie au Cameroun. C’était à l’hôtel Hilton de Yaoundé au cours du lancement de la campagne de communication sur ce rapport dit de réconciliation des chiffres et volumes des sociétés pétrolières, gazières et minières. En clair, les cabinets Mazars Cameroun et Hart Group Ltd, ont effectué une sorte de comparaison expliquée (réconciliation) des chiffres et des volumes de pétrole obtenus par l’Etat du Cameroun représenté par la Snh, d’une part et ceux déclarés par 12 compagnies pétrolières d’autres part. Du rapport de réconciliation, il ressort des écarts. Pour les trois années ci-dessus citées par exemple, il y a un écart de – 3 964 620 dollars Usd, soit environ – 1,9 milliards de francs Cfa (voir tableaux).

Toutefois, dans ce rapport, il n’est pas présenté en détails ce que chaque compagnie pétrolière a versé à l’Etat et le volume qu’elle a exporté. Toutes les sociétés sont regroupées sous l’appellation « Compagnies pétrolières ». Ce qui n’est pas une omission du conciliateur, car cela n’était pas mentionné dans les termes de références de son contrat élaboré par le Comité de suivi Itie Cameroun. « C’est un problème pour nous qui sommes de la société civile », affirme Ernest Nkolo Ayissi, coordonateur national de l’Ong Publish What You Pay au Cameroun et par ailleurs membre du Comité de suivi Itie Cameroun. « Nous souhaitons avoir les chiffres sous forme désagrégée, c’est-à-dire société par société. Nous ne voulons pas d’une simple récapitulation. D’autres pays ont adopté une présentation désagrégée. Au sein du comité, les décisions sont prises à la majorité et au consensus. Et il n’y a que six membres de la la société civile », explique Ernest Nkolo Ayissi.
Difficultés
La collecte des données n’a pas été facile, car d’après le conciliateur (Mazars Cameroun), il y a eu des retards dans la collecte des données financières et physiques. D’autres compagnies pétrolières ont donné uniquement les chiffres et non les volumes exportés. D’où la recommandation du conciliateur d’instaurer une périodicité annuelle pour les déclarations Itie et sa proposition des dates pour la disponibilité des données. Autre difficultés rencontrées par le conciliateur, la non identification des point focaux des différentes compagnies et démembrements de l’Etat, ce qui complique la collecte ; la vérification et la certification des données produites par les compagnies ou encore la fixation de la marge d’erreurs acceptable dans le processus de déclaration par rapport aux écarts. La solution à ces difficultés est de la responsabilité du Comité de suivi qui élabore les termes de références du conciliateur.
Ce rapport sera présenté au prochain conseil d’administration de l’Itie International qui se tiendra à Dar es Salam en octobre 2010. Si ce rapport est validé par le conseil, le Cameroun sera déclaré « pays conforme ». Il pourra dès lors augmenter sa crédibilité auprès des bailleurs de fonds, des entreprises internationales et par ricochet, améliorer son économie. Essimi Menye se veut optimiste quant-à la validation de ce rapport, car affirme-t-il, « nous travaillons depuis bientôt cinq ans pour çà ».

0 commentaires