Je m’appelle Rose Ngono. Je suis le chef du village Eyek I. Je ne vais plus au champ, car les éléphants ont tout détruit. Nous mourons de faim. Nos enfants sont malades.
C’est à partir 2005 que les éléphants sont arrivés à Eyeck I. Avant, ils venaient et repartaient. Ils ne revenaient qu’après quatre ou six mois. Aujourd’hui, ils se sont installés au village. Ils arrivent et marchent le long des routes. C’était le cas le 23 avril 2010. Ils détruisent nos cultures. Nous avons fui la brousse, abandonné nos cultures qui y étaient parce qu’elles ont été dévastées par les éléphants. Les chasseurs ne vont plus en brousse. Personne n’entre plus en brousse, même pour visiter les pièges de rats. Au village, c’est la peur totale.
Nous avons choisi de cultiver non loin du village, mais voici que les éléphants arrivent jusqu’ici. Il y a deux semaines, ils ont détruit mon champ de macabo, de canne à sucre, de plantain, de manioc et de palmier à huile. Je vous assure qu’ils raclent tout à leur passage. S’ils passent par votre champ, ils vont détruire jusqu’aux rejetons de macabo et de banane-plantain. Ils ne marchent pas sur une seule piste. Ils marchent en désordre, chacun sur sa ligne. Ce qui fait que quand ils passent par votre champ, les dégâts ne sont pas en un seul lieu, mais partout. Actuellement, je ne vais plus au champ. A Eyek I aujourd’hui, les populations ne mangent plus que du riz, qui coûte cher. Le verre de riz se vend à 100 francs Cfa et le Kg à 400 francs Cfa.
Avec tous ces problèmes, nous devons être dédommagés par le gouvernement, car nous n’avons plus de champ, nous mourons de faim. Nos enfants sont malades. Comment iront-ils à l’école, s’ il n’y a plus quoi vendre pour avoir de l’argent ? Nous vivons essentiellement de l’agriculture, ici, au village. Comment se fait-il que le gouvernement protège les animaux et abandonne ses populations ? Ce gouvernement interdit qu’on tue ces éléphants qui nous pourrissent la vie. Nous allons même les tuer avec quoi ? Pour l’Etat camerounais, c’est clair, les éléphants sont plus importants que nous, les populations, car depuis 2005 que nous nous plaignons, personne n’a jamais réagi. C’est incompréhensible.
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