De nombreux témoignages font état de ce que les forces de l’ordre n’ont pas aidé les victimes au moment des pillages au marché central.
La majorité de victimes des attaques et affrontements de vendredi dernier, 25 juin 2010, à Ebolowa accuse la police d’avoir participé au lynchage des ressortissants du Noun et au pillage de leurs boutiques. D’aucuns affirment qu’ils ont appelé au secours, en vain. D’autres soutiennent que les pillages se sont effectués devant les policiers. « Ce que j’aimerais surtout relever, c’est que les pillages et la destruction de nos marchandises ont été effectuées sous le nez des policiers impuissants. Ils nous ont dit qu’on ne leur avait pas donné l’ordre d’intervenir. Les casseurs ont tout emporté devant les forces de maintien de l’ordre », confie Ngnang Salifou, le chef de la communauté Bamoun d’Ebolowa. Mefire Mariama, quant à elle, n’est pas du tout tendre avec la police. « J’ai appelé le 117 et ça a sonné longtemps, en vain. Personne n’a réagi, alors qu’on était en train de nous tabasser au quartier », souligne-t-elle avec nervosité. Ngoukame Alima, commerçante, enfonce le clou. « Comment se fait-il que vous arriviez au commissariat central avec du sang sur vous et que les policiers vous disent « on ne vous veut pas ici, rentrez chez vous ! », se demande-t-elle.
Certains marchands, témoins oculaires du pillage, confirment que les policiers, au départ, ne pouvaient rien faire, face à la furie des émeutiers. D’autres, par contre, affirment que n’eut été la police, les dégâts et affrontements auraient été plus considérables. C’est d’ailleurs ce qu’indique le délégué régional de la sûreté nationale pour le Sud, Eric Che Assa. « Le Gmi est venu au secours des populations. Moi-même j’étais sur le terrain, vous pouvez demander au sous-préfet d’Ebolowa Ier, il vous le dira », se défend-il. « Chacun est libre de dire ce qu’il veut. N’eût été la police, la ville devait être en feu. Le Gmi était le refuge des populations. On les a tous accueillis là-bas », explique Eric Che Assa. Toutefois, il reconnaît qu’il y a eu certaines lenteurs dans l’action de certains policiers. « Certains policiers n’ont pas pu réagir à temps. Il peut y avoir les cas isolés comme cela, mais on ne peut pas généraliser », fait-il remarquer. C’est après l’arrivée des renforts de Yaoundé que la situation dans la ville sera maitrisée.
Beaugas-Orain Djoyum à Ebolowa
Jules Marcellin Ndjaga
« Je condamne ce comportement tribal et antinational »
L’intégralité du communiqué de presse du gouverneur de la région du Sud
Suite aux incidents survenus dans l’après midi du vendredi 25 juin 2010 à Ebolowa, entre les conducteurs des motos taxis et ayant opposé ceux de la communauté Bulu aux ressortissants Bamoun suspectés d’être à l’origine du décès survenu dans la nuit du 16 au 17 juin 2010 du nommé Bite’e Stève, originaire du village Nkotyé, monsieur le gouverneur de la région du sud a tenu ce même 25 juin 2010, à 20 heures dans son cabinet, une réunion de crise regroupant les autorités administratives et municipales, forces de sécurité et de maintien de l’ordre, le délégué régional des transports du sud, les chefs traditionnels des communautés en conflit et les responsables syndicaux du secteur des transports par moto taxi d’Ebolowa.
Au cours de cette réunion, monsieur le gouverneur a condamné avec la dernière énergie ce comportement répréhensible, tribal et antinational, et a invité toutes les forces vives d’Ebolowa, à apaiser les deux communautés fortement tendues. Dans cette perspective, il a fermement recommandé la sensibilisation de la population d’Ebolowa aux idéaux de paix, d’intégration et de cohabitation pacifique si chers au chef de l’état son excellence Paul Biya. Il a par ailleurs prescrit aux autorités de police judiciaire, non seulement l’accélération de l’enquête ouverte sur ce crime crapuleux, mais aussi la recherche et l’interpellation des auteurs des actes de vandalisme enregistrés pendant le mouvement d’humeur. La situation étant redevenue sous contrôle, il invite enfin la population à vaquer normalement à ses occupations dans le calme et la sérénité.
(é) Jules Marcellin Ndjaga à Ebolowa, le 25 juin 2010
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