Pour Ocampo, les preuves sont disponibles. «Nous possédons la preuve directe de l’implication de Seïf Al-Islam [qui n’a pas de fonctions officielles en Libye, considéré comme «Premier ministre de facto», ndlr] dans le recrutement de mercenaires et des preuves directes de la participation d’Al-Senoussi dans des attaques contre les manifestants» depuis le début du printemps arabe à la mi-février, a renchéri Luis Moreno Ocampo. «Nous sommes presque prêts pour le procès», a-t-il précisé. Si celui-ci dit détenir les preuves, parce que le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, a plusieurs fois dénoncé cette politique de la Cpi, qui consiste à juger les plus faibles et faire croire que les gouvernements et dirigeants africains sont criminels par nature, au détriment des autres qui massacrent les populations sans être inquiétés. « Nous disons qu’il est inacceptable qu’il y ait une justice pour certains et pas pour d’autres », dénonçait-il déjà en décembre 2010, quelques mois après le lancement par la Cpi d’un mandat d’arrêt international contre Omar El Béchir.
L’Ua dénonce
Jean Ping demandait alors des preuves des accusations portées contre Béchir. « La charge de la preuve leur incombe et nous exigeons des preuves. Nous réclamons l’égalité », clamait le président de la Commission de l’Ua. Pour lui, « la Cpi a été créée pour juger les Africains », avait-il déjà martelé en janvier 2009. Jean Ping a par ailleurs dénoncé le manque de fermeté à l’égard des pays occidentaux qui ont perpétré des massacres en Palestine, en Afghanistan et en Irak. Et qui sont restés jusqu’ici impunis. Plus encore, bon nombre de ces Etats ne reconnaissent pas la Cpi. C’est le cas des Etats-Unis, de la Russie, de l’Irak, de l’Inde ou encore de l’Arabie saoudite. L’Ua qui a demandé à ses membres de ne pas exécuter les menaces de la Cpi contre Béchir est-elle donc contre la Cpi ? « Nous ne sommes pas contre la Cour pénale internationale, nous constituons une bonne majorité (des Etats signataires de son statut), mais nous disons que les jugements semblent être des jugements à deux vitesses et un acharnement sur l’Afrique », répond le président de la Cua.
Outre Jean Ping, de nombreux chefs d’Etat africains ont déjà dénoncé cette politique de deux poids deux mesures de la Cpi. Robert Mugabe du Zimbabwe et Abdoulaye Wade, du Sénégal notamment. Le président sénégalais avait d’ailleurs tenu en 2009 une réunion des ministres africains en charge de la Justice pour contester les méthodes de la Cpi. « L’Afrique devrait retirer son adhésion jusqu’à ce que la Cpi devienne démocratique, juste et équitable », demandait Wade.
Indécence
En mars 2011, le vice-président du Kenya, Kalonzo Musyoka, avait dénoncé « l’indécence » du procureur de la Cour pénale internationale pour avoir fixé un ultimatum au président Mwai Kibaki, lui demandant de congédier les membres du gouvernement suspectés de crimes. Pour lui, cette demande ne relève pas de ses compétences. « Le Kenya est un Etat souverain, avec un gouvernement démocratiquement élu et il ne relève pas de la compétence de M. Luis Moreno Ocampo de fixer un ultimatum au président, je demande aux Kényans d’ignorer complètement les propos émis par le procureur », avait lancé le vice-président Musyoka. C’est le 17 juillet 1998 que 120 États adoptent le Statut de Rome qui institue la Cpi.
Mais, c’est le 1er juillet 2002 que le Statut de Rome entre en vigueur après la ratification de 60 Etats. Elle a été créée pour contribuer à mettre fin à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves qui touchent la communauté internationale. Organisation internationale indépendante, elle siège à La Haye, aux Pays Bas. Elle est financée par les contributions des États parties. Mais, sur son site web, il est mentionné que la Cour reçoit également des contributions volontaires de gouvernements, d’organisations internationales.
En Afrique, 30 pays ont ratifié les statuts de la Cpi. Ils sont 114 Etats dans le monde qui reconnaissent la Cpi. Le Cameroun est signataire du traité de Rome, mais n’a pas encore ratifié ses statuts.
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