Retour sur la longue marche de la mise en place effective de la compagnie aérienne nationale entamée en 2006.
Le 11 septembre 2006, Paul Biya crée une nouvelle compagnie nationale de transport aérien, Camair Co. Elle vient remplacer la défunte Camair. Il faudra attendre deux ans pour que l’équipe dirigeante de la Camair Co soit connue. Le 30 décembre 2008, le Français Gilbert Mitonneau est nommé directeur général. La veille, le président du conseil d’administration de Camair Co, Philemon Yang, alors secrétaire général adjoint de la présidence de la République, est nommé, ainsi que les membres de ce conseil (Angeline Florence Ngono du ministère du Tourisme ; Paul Alain Mendouga du ministère des Transports et Joseph Désiré Nguenang du ministère des Finances). Ces nominations sont pour la plupart le résultat du travail de l’équipe-projet chargée d’assister le gouvernement dans la mise en place de Camair Co. Cette équipe-projet, placée sous la présidence de Louis-Paul Motazé, ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, avait été mise sur pied par l’ancien Premier ministre, Ephraïm Inoni. Son rôle : « coordonner toutes les activités liées à la mise en place de Camair Co ».
Tout bascule quand le directeur général de Camair Co, Gilbert Mitonneau, démissionne en mars 2009. On remet alors en cause la convention de partenariat signée par le Cameroun (notamment le ministère des Transports et celui des Finances) et Lion Aviation Group (Lag), une société américaine chargée de la gestion des actifs des agences de transport aérien et des opérations. Certains indiquent que les problèmes du Dg démissionnaire commencent quand on se rend compte que celui-ci avait été cadre dans une compagnie aérienne privée au Cameroun.
Gilbert Mitonneau, quant à lui, affirme qu’il a démissionné parce qu’il était victime de nombreuses pressions des membres du conseil d’administration. Parmi ces pressions, dit-il, l’imposition de certaines personnes avec qui il devait absolument travailler. (lire son témoignage en page 3).
Essimi Menye
Après cette démission, une équipe provisoire de gestion de la Camair Co est mise sur pied au ministère des Transports et présidée par Paul Alain Mendouga. Celui-ci publie d’ailleurs un communiqué pour le recrutement du personnel de la compagnie. Mais, cela n’aboutit à rien.
Juillet 2009. Coup de théâtre. Le ministre des Finances, qui était alors chargé de l’acquisition du Dja, un Boeing 767, entre en scène. C’est désormais lui qui pilote le dossier de la mise en place de Camair Co. Sur ordre (non écrit) du président de la République. « Il m’a dit (Paul Biya, ndlr) : ’’Prenez ce dossier. Je veux avoir des résultats’’ », a confié Essimi Menye aux journalistes lors d’une sortie médiatique. Le ministère des Finances, qui assurait la tutelle financière de Camair Co, se charge dès lors de la sélection du partenaire stratégique de Camair Co (Lufthansa Consulting Group). Ensuite, le cabinet allemand lance, en novembre 2009, un appel d’offre portant recrutement d’un directeur général, d’un directeur financier et d’un directeur de l’Exploitation de la Camair Co. Le 04 février 2010, Alex Van Elk et Gustav Baldauf sont respectivement nommés par Paul Biya directeur général et directeur des Opérations de la compagnie aérienne nationale. Un mois plus tard, Alex Van Elk dépose ses valises à Yaoundé et se met au travail. Un nouveau rebondissement intervient en avril 2010 avec la démission Gustav Baldauf qui va à Air India en fustigeant la lenteur des pouvoirs publics camerounais.
Pour le moment, le ministre des Finances et le Dg de la Camair s’accordent à dire que le travail est gigantesque et nécessite du temps. « Les Camerounais doivent comprendre que pour qu’ils aient une grande compagnie aérienne, il faut prendre du temps », a confié le Dg au journal Le Scorpion d’Afrique le 03 mai dernier. Il annonce le premier vol dans un an au maximum.
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