Bernard Njonga : « Le travail à faire pour réussir ce comice agropastoral est titanesque »

Bernard Njonga
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5 Jan 2010 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires


Pour l’ingénieur agronome, compte tenu des délais, il est important d’impliquer les experts des différents milieux dans l’organisation de cet événement.


Quelle est l’importance d’un comice agropastoral pour un pays comme
le Cameroun ?

Pour un pays comme le Cameroun, où l’agropastoralisme aurait des raisons de revendiquer une place de choix dans le développement économique en général, le comice est d’une importance capitale. Je dirais primordiale pour dynamiser les productions agropastorales. Vous n’avez qu’à regarder du côté des pays qui ont une agriculture prospère. Ils ne lésinent pas sur les moyens quand il faut donner l’occasion aux producteurs de montrer leur savoir-faire. Entre producteurs, le comice c’est le lieu du donner et du recevoir. C’est-à-dire le lieu où les producteurs échangent leur savoir faire et leur savoir-être. Autant ils se forment, autant ils s’informent et informent les autres citoyens sur ce qu’ils sont et font.
Le comice c’est aussi le lieu où les producteurs étalent leurs mérites et font montre de leurs bravoures. C’est le lieu de valorisation par excellence du métier d’agriculteur ou d’éleveur, le lieu d’expression de l’orgueil paysan. En un mot, C’est la fête des producteurs, le strapontin sur lequel on les monte pour les valoriser.

En quoi le comice peut-il participer à l’essor de l’économie camerounaise ?

Quand on s’imagine que le secteur rural, dont agropastoral concourt à près de 35% au produit intérieur brut (Pib) du pays, il ne fait pas de doute qu’il est un secteur à fort potentiel si l’on veut améliorer la croissance économique du Cameroun. Mieux encore, c’est le secteur où l’on trouve le plus de possibilités de résorption de la plupart de nos problèmes sociaux tels le chômage, la pauvreté, etc.

Que doit faire le ministère en charge de l’Agriculture pour que ce comice soit une réussite ?

L’organisation des rencontres de ce genre entre dans les prérogatives du ministère en charge de l’Agriculture, si l’on s’en tient au décret de décembre 2005 définissant les attributions des départements ministériels. Avec cette décision imparable du chef de l’Etat, le Minader a une occasion en or pour se valoriser et pour trouver des moyens d’organiser un comice digne d’un pays agricole comme le Cameroun. A condition que cette mission soit pilotée par des professionnels du domaine. Des compétences existent dans différents milieux pour ce genre de rencontre, pas exclusivement au sein du Minader. Il faudrait les mobiliser et les mettre au travail, et tout de suite, avec le maximum d’objectivité et de patriotisme. Ce que le ministère doit comprendre et tout de suite, c’est que le travail à faire est titanesque pour réussir ce comice dans les temps impartis. Onze mois, c’est très juste, mais c’est faisable. Même si nous ne devons pas perdre de vue que dans les autres pays qui ont la tradition des comices, ils se tiennent tous les ans. Il est vrai que pour y arriver, ces pays ont pris des années pour mettre en place les infrastructures stables et ont habitué les producteurs à ces rendez-vous annuels. Chaque chose a un début et Ebolowa pourra être le début pour qu’on accède à ce standing festif.

Qu’est-ce qui peut justifier, selon vous, les multiples reports du comice agropastoral d’Ebolowa que l’on annonce depuis près de 20 ans ?

Je suis très mal placé pour justifier et comprendre ces reports. Oublions le passé pour nous réjouir du présent tout en croisant les doigts afin que cette fête paysanne prévue en cette année soit une parfaite réussite. Mais si vous insistez, je vous dirais que les reports se justifiaient par un manque de volonté politique forte et suprême. Le président de la République a les moyens de ses décisions et je ne saurais vous cacher ma satisfaction face à cette décision du Chef de l’Etat. Vivement que les préparatifs commencent, puisqu’il n’y a plus de temps à perdre.

Le Vice-Premier ministre, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Jean Nkuété, a annoncé en décembre 2009, lors du mini comice agropastoral d’Ebolowa, le report du comice agropastoral d’Ebolowa pour 2011 pour « des raisons économiques ». Quelle lecture donnez-vous à cette justification ?

Reporter un comice pour des raisons économiques peut s’entendre si l’on convient qu’il faut les moyens, et je crois, beaucoup de moyens, pour organiser un comice de rêve. Je suppose qu’à son niveau de décision et son niveau de pouvoir, il ne pouvait en être autrement, s’il trouvait que les moyens dont il disposait étaient insuffisants.

Contrairement à Jean Nkuété, le chef de l’Etat Paul Biya, dans son discours de fin d’année 2009, a pour sa part annoncé la tenue de ce comice agropastoral en 2010. Est-ce un moyen de pression du président de la République sur le ministre en charge de l’Agriculture ?

Je ne sais pas si vous vous imaginez que cette parole du président constitue la volonté politique dont on parle et qui a souvent fait défaut. Elle ne saurait donc être une pression sur le Minader mais une opportunité que ledit ministère devrait saisir pour le bonheur des producteurs. Tout ce qui me manque dans cette décision du chef de l’Etat, c’est qu’il ne nous dit pas à quel rythme se dérouleront dorénavant les comices : annuel, biannuel, etc. S’il faut attendre le prochain comice 20 ans après Ebolowa, tout l’effet de ce comice d’Ebolowa sur la production et les producteurs sera annulé. Car c’est dans la perspective des comices que les producteurs puisent leur dynamisme.

Comment ces comices se déroulent-ils dans d’autres pays ?

Dans la plupart des pays développés, les comices sont des rendez-vous à ne pas manquer, quelque soit son bord. C’est le cas du Salon de l’agriculture en France, qui se tient chaque année courant mars, de la Foire agricole de Libramont en Belgique, qui se tient chaque année en juillet. Le Salon de Warwitch en Angleterre, qui se tient chaque année en octobre et j’en passe. L’avantage qu’ont ces pays pour les organiser annuellement c’est qu’ils ont non seulement des infrastructures d’accueil stables à cet effet, mais aussi des équipes voire des institutions dévouées à l’organisation de ces rencontres. J’affirme ici que nous pouvons aussi ambitionner cette performance, puisque le chef de l’état a donné le ton, et ce sera à n’en point douter pour le bonheur de nos producteurs et de nous autres consommateurs.
Quels souvenirs gardez-vous des comices agropastoraux précédents à Buéa ou encore à Bertoua ?

Vous me faites revivre des très beaux moments. Je garde un souvenir très élogieux des précédents comices. C’étaient des moments attendus par tous les citoyens en ceci que les comices charriaient un ensemble d’investissements bénéfiques pour les villes voire régions qui avaient l’honneur de les organiser. Et que dire des médailles et autres distinctions qui venaient galvaniser les producteurs ! J’en connais encore aujourd’hui qui sont fiers de brandir leurs distinctions. Très sympathiquement, les producteurs étaient considérés comme « des seigneurs de la terre ». Cette considération chatouillait leurs orgueils.

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