Khartoum, le refuge
Stratégie. Le leader d’Al-Qaeda s’est exilé au Soudan après la guerre du Golfe où il a planifié des attentats et investi beaucoup de dollars.
En 1992, à la suite de l’intervention américaine dans la première guerre du Golfe (1990-1991), Oussama Ben Laden s’exile au Soudan. « La présence de centaines de milliers de soldats américains dans son pays, l’Arabie Saoudite, provoque sa colère comme celle des religieux », écrit rfi.fr. C’est ainsi que Ben Laden s’engage dans le soutien des groupes islamistes en Algérie, en Egypte et au Yémen.
Au cours de la première guerre du Golfe, Oussama Ben Laden propose d’utiliser sa milice pour défendre son pays contre une éventuelle invasion des troupes irakiennes. Sa proposition est rejetée au profit de l’armée américaine. Ben Laden accuse alors la famille royale d’autoriser les « infidèles » à « souiller le sol sacré » de l’Arabie Saoudite. Désormais, il combat le régime et tous les gouvernements jugés « non islamiques », tout comme il prône la lutte contre toute influence occidentale dans les régions musulmanes.
Khartoum est choisi pour sa position géographique. « La capitale soudanaise n’est pas très éloignée de Ryad et elle est un lieu de passage qui permet les rencontres et facilite l’organisation de réseaux », indique rfi.fr.
Investisseur
Ben Laden est bien accueilli au Soudan. Notamment, par le nouveau pouvoir d’Omar el-Béchir et par un islamiste influent du régime, Hassan el-Tourabi. Il y investit plusieurs milliards de dollars. Selon le FBI, cité par Le Monde, il détient de nombreuses sociétés: Al-Hijrah for Construction and Development Ltd ou Hijrah Contracting Company ; (…)Taba Investment Company Ltd, une société d’investissement dans le secteur agricole ; Gum Arabic Company Ltd, société spécialisée dans le traitement et la commercialisation de la gomme ; Ladin International, société d’investissement ; Al-Themar Al-Mubaraka, société de production agricole ou encore Al Qudarat, une société de transport. Tout cela est géré par une société holding dénommée Wadi Al Aqiq et gérée par un Soudanais, Abu Al-Hasan.
L’un de ses principaux investissements a porté sur Al Shamal Islamic Bank. Une institution bancaire dans laquelle il aurait participé au capital à hauteur de 50 millions de dollars.
Depuis Khartoum donc, Ben Laden finance une vingtaine de camps d’entraînement et des groupes intégristes égyptiens, algériens et philippins.
C’est au Soudan qu’il planifie l’attentat raté contre le président égyptien Hosni Moubarak, qui se trouve à Addis-Abeba pour le sommet de l’Union africaine. A ce moment, des pressions sont faites sur le= Soudan par les pays de la région, les Occidentaux et les Etats-Unis. Le Soudan expulse alors le chef d’al-Qaïda en 1996 et celui-ci rejoint l’Afghanistan.
Afrique, cible de choix
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| Attentat contre l’ambassade américaine le 7 août 1998 à Nairobi |
Recrudescence. Un grand nombre d’attentats ont été perpétrés par Al-qaeda sur le continent noir.
Les premiers attentats les plus meurtriers d’Al-qaeda ont été perpétrés en Afrique. Le 7 août 1998, deux voitures piégées explosent simultanément près des ambassades américaines de Nairobi (Kenya) et Dar es Salaam (Tanzanie), faisant 224 morts, dont 12 Américains, et plus de 5 000 blessés. L’attentat est revendiqué par Al-Qaeda.
D’autres attentats suicides suivront, comme en 2003 à Casablanca(Maroc), 45 morts ; en 2005 à Charm el-Cheikh (Egypte), 68 morts ou encore tout récemment en avril 2011 à Marrakech au Maroc, 16 morts.
Aujourd’hui en Afrique, c’est Aqmi (Al Qaida au Maghreb islamique) qui tient le flambeau de l’organisation de Ben Laden. Tout récemment, Aqmi dirigée par Abdelmalek Droukdel a perpétré un attentat au Maroc faisant huit morts français. « Aqmi a succédé au Groupe Salafiste pour la prédication et le combat le 25 janvier 2007 en faisant officiellement allégeance à Oussama Ben Laden, explique Alain Rodier, ancien officier du renseignement français. Ce groupe insurrectionnel algérien est ainsi devenu un mouvement franchisé d’Al-Qaida. Son objectif déclaré était d’étendre le djihad à l’ensemble du Maghreb en intégrant d’autres groupes islamiques locaux. En fait, sa zone d’action s’est étendue surtout à l’ensemble du Sahel de la Mauritanie en passant par le Mali, le Niger, le Nigeria et le Tchad. AQMI a monté à la fin 2009 un site internet de propagande ’’ l’Institut al Andalous’’ »
Pour Joseph Vincent Ntuda Ebode, géostratège et enseignant à l’Université de Yaoundé II, « si les mouvements qui se réclamaient d’Al-Qaeda en Afrique comme Aqmi n’ont pas reçu suffisamment de fonds pour être autonomes du vivant de Ben Laden, alors on peut penser qu’à court terme, il y aura une inflexion du terrorisme en Afrique ». Au cas contraire, affirme-t-il, « il faut envisager un bel avenir pour le terrorisme en Afrique ». Dans tous les cas, bon nombre d’experts soutiennent que les héritiers de Ben Laden dans le monde vont chercher à venger leur père et leur leader. Et ce partout dans le monde, y compris en Afrique.
Les attaques d’Al-Qaeda en Afrique
1988 Création d’Al-Qaïda (en français, la Base) par Oussama ben Laden, homme d’affaires saoudien. Objectif initial: soutenir la résistance afghane contre l’invasion soviétique.
1998 Le 7 août, attentats contre les ambassades des Etats-Unis au Kenya et en Tanzanie : plus de 200 morts, des milliers de blessés.
11 avril 2002 Attentat-suicide contre la mosquée de la Ghriba, à Djerba (Tunisie). 21 morts.
16 mai 2003 Cinq attentats contre des hôtels et des restaurants fréquentés par les touristes étrangers, Casablanca(Maroc). 45 morts.
23 juillet 2005 Série d’attentats-suicides dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh (Egypte). 68 morts.
11 décembre 2007 Double attentat-suicide à Alger (Algérie). 41 morts, dont 17 employés de l’ONU.
16 septembre 2010 Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) prennent en otages sept personnes, dont 5 Français, travaillant sur un site d’extraction d’uranium géré par Areva au nord du Niger. Depuis cet enlèvement, trois otages ont été relâchés.
Avril 2011Attentat de Marrakech. 16 morts dont 8 Français. Selon le ministre de la Défense, Claude Guéant, « la piste d’Al-Qaïda n’est pas exclue ».
1er Mai 2011Mort d’Oussama Ben Laden, le leader d’Al-Qaïda.
Source : lexpress.fr
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