Le barrage hydroélectrique va accélérer le développement de la région de l’Est en général et de la localité de Deng Deng en particulier.
Le projet de construction du barrage de Lom Pangar prévoit l’implantation d’une usine hydroélectrique d’une puissance de 30 mégawatts. Cette usine va permettre l’électrification des villages environnants et va combler le déficit énergétique de la région de l’Est en proie aux délestages. Selon Isidore Ganga, chef du village de Kambocassi, près de Deng Deng, c’est l’ensemble des 3 500 âmes du canton de Kepere Deng Deng qui profiteront en premier du projet. « Nous souhaitons que le projet avance rapidement, car cela va nous conduire vers la modernité. Nous aurons de l’électricité. Mais nous attendons cela depuis longtemps », se plaint Isidore Ganga qui émet le vœu de voir la localité de Deng Deng érigée en arrondissement. « Ce projet va apporter le changement dans mon village. A travers le barrage de Lom Pangar, nous aurons de l’électricité qui va s’accompagner de la construction des centres hospitaliers et des écoles pour notre village, car nous souhaitons que nos enfants aillent à l’école et que tout le monde travaille », pense pour sa part, Henry Pitol Lahourya, chef de 3e degré de Deng Deng.
Un autre chef, celui de Hona nommé Mbelé Charlamy, croit dur comme fer que Deng Deng sera une ville à l’issue du projet avec l’instauration de la téléphonie mobile et la construction des maisons et cases encore plus belle.
Du côté des autorités de la région, c’est la ferveur. Le gouverneur de la région de l’Est, Adolphe Lele Lafrique pense que le projet va définitivement résoudre le problème du déficit énergétique de la région. « Les bailleurs de fonds ont eux-mêmes compris la nécessité et l’urgence de la réalisation du barrage hydroélectrique de Lom Pangar, car hier soir (samedi dernier, 14 novembre 2009, ndlr), il y a eu une coupure d’électricité en soirée pendant qu’ils étaient à Bertoua. Avec ce projet, on n’aura plus ce genre de problème dans toute la région », affirme Adolphe Lele Lafrique.
Présentation du projet
Le projet hydraulique de Lom Pangar comprend :
• L’implantation d’un barrage muni d’un ouvrage de régulation des débits, d’un
ouvrage de prise d’eau usine, d’un évacuateur de crues et d’une hausse fusible ;
• Le développement, la construction, et le fonctionnement d’un réservoir de 6 milliards
m3 et de 540 km2;
• L’implantation d’une usine hydroélectrique de pied d’une puissance de 30
mégawatts, principalement pour alimenter la Région de l’Est ;
• L’installation d’une ligne de transport de 90 KV d’une longueur d’environ 120 km
entre le site du barrage et Bertoua ;
• La construction d’une route entre Deng Deng et le site du barrage ;
• La construction d’une cité du maître d’ouvrage en rive gauche du Lom et les installations de chantier temporaires en rive droite ;
• L’installation d’un pont temporaire de franchissement de la rive à gauche à la rive droite à proximité du barrage
Les objectifs du projet Lom Pangar
Objectifs généraux
• L’objectif du barrage est de compléter la régularisation de la Sanaga pour l’optimisation de la production des centrales existantes, et de créer des conditions qui permettent l’aménagement de nouveaux sites nombreux et importants en aval, à des conditions économiques intéressantes.
• En réalisant cet aménagement avec l’appui des institutions internationales, le Gouvernement veut s’assurer de la qualité des installations et optimiser les impacts du projet sur les plans environnemental, économique et social.
Objectif d’exploitation
L’objectif historique de la retenue de Lom Pangar est d’obtenir un débit régularisé de plus de 1 000 m3/s à l’amont de Song Loulou de façon à saturer son débit d’équipement et d’augmenter la production d’Edéa en période d’étiage. L’énergie complémentaire moyenne apportée par la retenue de Lom Pangar seule aux ouvrages de Song Loulou et Edéa est de 250 GWh
Objectif de délai
La préparation du projet a pris du retard en raison de pesanteurs dans la prise de décisions et de l’attitude initialement réservée de certains partenaires. L’objectif visé est désormais d’avoir une mise en eau partielle au mois de juillet 2012 et une mise en eau définitive en juillet 2013.
Source : Edc
Yaoundé
A la recherche de 150 milliards de francs Cfa
Les bailleurs de fonds présents au Cameroun depuis deux jours vont chacun décidé de leur apport financier dans la réalisation du projet aujourd’hui.
Un partage du gâteau, pourrait-on dire. C’est aujourd’hui, 17 novembre 2009, que seront enregistrées les intentions claires de financement des bailleurs de fonds. Chaque organisme ou investisseur dira quelle sera la hauteur de sa participation et dans quel domaine spécifique du projet il est intéressé. C’est l’objet de la deuxième table ronde des bailleurs des fonds qui se tient depuis hier à l’hôtel Hilton de Yaoundé. Sont présents à cette rencontre : l’Agence française de développement (Afd), le groupe Banque mondiale (Bm), la Banque islamique de développement (Bid), la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), le Fonds koweïtien de Développement (Fkw), la Banque européenne d’investissement (Bei), la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdeac), l’Exinbank de Chine, le Groupe Value Analytics d’Afrique du Sud et quelques investisseurs camerounais à l’instar d’Afriland First Bank. Bon nombre d’entre eux ont visité le site du projet à 30 km de Deng Deng dimanche dernier 15 novembre 2009. Histoire de voir où ils mettront leur argent.
Le Cameroun, quant à lui, s’occupera du financement de l’aménagement hydroélectrique de Lom Pangar ainsi que son Plan de gestion environnemental et social (Pges), avec l’appui de quelques institutions financières internationales.
La table ronde qui se termine aujourd’hui est la deuxième du genre. La première s’est tenue du 18 au 20 mars 2008 à Paris. Au cours de cette première rencontre, les intentions de financements s’étaient élévées à plus de 130 milliards Francs Cfa sur les 150 milliards attendus. D’autres bailleurs de fonds avaient émis quelques réserves, exigeant au préalable certaines conditions, à savoir : la réalisation d’un schéma organisationnel simple où le rôle de chaque acteur est bien défini, la mise sur pied d’une équipe disposant de compétences techniques nécessaires, l’élaboration d’un plan de financement compatible avec les exigences de rentabilité du projet ou encore la mise à jour de l’étude d’impact environnemental et du plan de gestion de l’environnement. Aujourd’hui, c’est chose faite, leur a déclaré hier Louis Paul Motazé.
Déclarations des bailleurs de fonds sur leurs intentions de financement
Samuel Mba, expert infrastructure à la Bad
« Nous nous intéressons à la ligne d’extension électrique »
A l’heure actuelle, ce n’est pas encore très clair le domaine spécifique dans lequel la Bad souhaite s’impliquer. Mais la Bad veut s’assurer que les populations environnantes soient impliquées dans le projet. Nous regardons de près l’usine de pied et la ligne d’extension électrique qui va permettre d’alimenter les populations de Bertoua et de la région en énergie.
Luc Legrix Mathieu, chargé de mission à l’Afd (Yaoundé)
« Contribuer au financement du barrage lui-même »
C’est projet que nous suivons depuis un certain temps et dans lequel on est très engagé. Nous travaillons avec Edc dans ce domaine et nous souhaitons que les derniers éléments de réglage qui sont préalables à son lancement concret se réalisent rapidement. La descente sur le site du projet a été intéressante, car personnellement, je viens d’arriver au Cameroun et cela me permet de connaître l’environnement du projet. Notamment l’accès au site. (…)A ce stade, nous sommes positionnés pour contribuer au financement du barrage lui-même. Ce sont les choses qui vont se discuter pendant la table ronde des bailleurs de fonds.
Mary Barton Dock, représente de la Banque mondiale au Cameroun
« Nous voulons financer l’ensemble du projet »
Il y a beaucoup de travail à faire pour expliquer aux populations de Deng Deng ce qui va vraiment se passer. Il faut également faire attention à tous les impacts sociaux et environnementaux, parce que c’est un projet assez complexe. Je félicite le gouvernement camerounais pour ce qu’il a déjà fait. Je pense que le gouvernement camerounais est conscient de l’importance du projet. Je ne pense pas que la Banque mondiale va s’intéresser à un domaine spécifique du projet. Nous voulons financer l’ensemble du projet.
Adolphe Lele Lafrique
Lom pangar est la solution au déficit énergétique de l’Est
Le gouverneur de la région de l’Est dresse la situation énergétique de son unité de commandement.
Quelle est la situation énergétique de la province de l’Est ?
Nous avons un déficit énergétique dans l’ensemble de la province de l’Est comme dans partout au Cameroun. Le démarrage du projet de Lom Pangar devrait permettre de résorber le déficit dans la région, mais également de compléter la demande énergétique dans les autres régions industrielles du pays.
On se rappelle des émeutes d’Abong-Bang en septembre 2007 déclenchées après une énième coupure d’électricité et ayant entrainé la mort de deux personnes. Quelle est la situation énergétique dans cet arrondissement aujourd’hui ?
Les événements d’Abong-Bang sont un triste souvenir que nous avons déjà dépassé. Même si le souvenir est encore vivace dans l’esprit des populations, Aes sonel a multiplié les efforts pour alimenter l’ensemble de la région et Abong-Bang en particulier. Mais, comme vous le savez, le problème ne sera définitivement réglé que quand le barrage de Lom Pangar sera en service. Et notamment grâce à la construction d’une centrale au pied du barrage. La région de l’Est pourrait ainsi bénéficier non plus de l’énergie technique, mais de l’énergie hydroélectrique.
Après votre tête-à-tête avec les bailleurs de fonds, pensez-vous qu’ils sont prêts à débloquer les financements pour la réalisation du barrage de Lom Pangar ?
Il me semble qu’ils sont intéressés. Ils ont connu un incident de délestage hier à Bertoua (samedi dernier, 14 novembre 2009, ndlr). Ils sont convaincus, comme nous, de l’urgence et de la nécessité de la réalisation de ce projet.
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