


Les sources de recettes de l’Etat
L’Etat a effectivement différentes sources de recettes. Les principales étant les recettes douanières, les impôts et la redevance pétrolière. Ensuite, il y a les recettes de service et autres recettes. Pour compléter tout ceci, l’Etat obtient des dons à travers soit des projets, soit de l’argent frais. Il contracte aussi les dettes auprès des partenaires pour financer différents projets. Au ministère (Des Finances), nous avons aujourd’hui un Comité de trésorerie. Chaque mois, ce comité siège pour faire des projections de trésorerie. Au début de chaque mois, nous voulons savoir combien de Fcfa nous aurons dans la caisse. Ceci nous permet de payer les fournisseurs, les salaires et les dettes. Nous n’avons pas les 2 570 milliards de Fcfa dans les caisses au début de l’exercice. Nous nous efforçons à collecter un douzième de cette recette chaque mois. Après une période.., prenons le semestre, parce que c’est une bonne période pour faire la pause et compter.


Des faiblesses en termes de mobilisation des recettes
Pour 2010, cet exercice a été engagé. Et, dès le mois de mars, nous avons anticipé. Il y avait des faiblesses en termes de mobilisation des recettes. Ces faiblesses s’expliquent de plusieurs manières : La première faiblesse, c’est l’activité économique. Comment détecter cela ? Par les chiffres. Il y a plusieurs taxes qu’il faut collecter à travers les timbres que les usagers achètent, les vignettes automobiles, les taxes sur les revenus, les taxes sur le foncier et la taxe que tout le monde paie systématiquement : la valeur ajouté (Tva), c’est-à-dire que chaque fois que vous achetez un produit manufacturé ou un produit importé, vous payez la Tva. C’est la plus grosse taxe actuellement payée au titre d’un impôt.
La Tva a fléchi
Et lorsqu’il y a un fléchissement de la Tva, on peut déduire que l’activité économique est faible. Pour 2010, nous avons constaté effectivement un fléchissement de la Tva. C’est un signe précurseur qui montre que tout au long de l’année, si la Tva reste faible, à la fin de l’année, la somme des productions sera faible. Cette somme-là, les comptables nationaux la défissent comme le Produit intérieur brut (Pib), c’est la somme des valeurs ajoutées. Quand cette somme des valeurs ajoutées est faible, la Tva l’est aussi. C’est-à-dire les revenus de l’Etat le seront et le sont. C’est que je dis là ne dépend pas du ministre des Finances que je suis, c’est l’économie, c’est l’ensemble du système qui fonctionne et qui donne des résultats. Ces résultats font qu’on verra des Camerounais bien gonflés et fiers dans la rue parce qu’il y a une production en hausse ou alors on peut se retrouver fâchés l’un contre l’autre, parce que la production quand elle baisse, induit qu’on mange moins. Ça induit aussi que l’Etat a un niveau de recettes faible. A ce moment, il ne peut plus acheter tout ce qui était prévu.
Des solutions
La solution reste la production. Nous devons produire. Et, dans cet esprit, nous devons nous organiser. Pour le cas présent, le chef de l’Etat a demandé que les administrations soient les premières à respecter les normes budgétaires : Dépensez essentiellement ce que vous avez, sinon nous allons grossir la dette de l’Etat et mettre les fournisseurs de l’Etat en faillite.
Incidences sur la qualité et le niveau de la consommation
Notre économie est ouverte. Nous produisons. Ce que nous ne pouvons pas consommer, nous l’exportons. Ça nous donne des devises. Quand nous travaillons plus, nous produisons plus et nous exportons plus. En ce temps là, nous avons une grosse réserve de devises à la banque centrale. Aujourd’hui, notre réserve est de l’ordre de 1 700 milliards de Fcfa et ce n’est pas très très gros pour le Cameroun. C’est juste ce qu’il faut. Nous devrions être à 3 000 milliards de Fcfa voire un peu plus, parce que nous sommes presque 20 millions de Camerounais. Nous produisons aujourd’hui 10 000 tonnes de café, alors qu’en 1985 quand nous étions 11 millions, on produisait 75 000 tonnes. Nous devons produire plus pour gagner plus. Ceci pour éviter ce que nous avons vu avec ces présentations de la balance de paiement. Nous avons constaté que depuis des années, les seuls produits que nous exportons sont ceux que nous ne transformons pas : le cacao, le café, le bois, la banane… Même le caoutchouc reste à l’état brut.
Notre Pib est petit
Nos exportations n’ont pas de valeur ajoutée. C’est ce qui fait que notre Pib est petit. Le Pib global aujourd’hui est de l’ordre de 10 000 milliards de Fcfa. Il reste petit. Il devrait être double. A chaque fois je dis : «On ne travaille pas assez». Ce n’est pas parce que je critique quelqu’un. Je dis simplement ce que les chiffres traduisent. Nos chiffres traduisent que notre niveau de travail reste limité. On ne peut pas espérer aller plus loin si on reste à ce niveau de production. Vous me dites : «Les produits qu’on a laissé entrer pour permettre aux Camerounais de ne pas payer plus cher…» Comme on ne travaille pas plus, on ne peut pas acheter plus. L’Etat a décidé d’acheter en partie. Il y a des Camerounais qui cotisent, pas tous, parce que tout le monde ne paie pas les impôts. Il y a un petit groupe qui cotise les impôts pour que les autres mangent du riz et du pain. Nous avons vu qu’il y a eu plus qu’un triplement du niveau d’importation des produits tels que le riz, le blé, le poisson. On paie ça avec quoi ? Nous payons cela avec les devises que nous avons à la banque centrale. Mais, nous devons également acheter des livres, des machines, des voitures, des engrais, bref, des éléments qui permettent de constituer notre base de développement. Mais quand on a tout pris pour acheter du riz et du blé, on n’a plus rien pour acheter les autres choses. L’augmentation des importations aujourd’hui n’est pas seulement due à la consommation des 20 millions de Camerounais. Il y a des commerçants qui achètent du riz pour aller vendre ailleurs quand nous, nous avons payé en devises. Et quand ils vont vendre dans d’autres pays, ils ne prennent que la monnaie locale. Aujourd’hui nous avons cet handicap. Nos réserves en devises sont utilisées uniquement pour la consommation. Est-ce que nous pouvons produire plus au Cameroun pour manger ? Je crois que c’est possible. Parce que nous pouvons manger du riz produit chez nous. Mais, il faudra qu’on le produise. Ce sont des choses auxquelles nous seuls avons la réponse ».
Irène Gaouda
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