Babissakana : « Le risque d’échec d’une entreprise est très élevé en phase de création »

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1 Avr 2010 | ACTUALITÉS, News | 0 commentaires


L’ingénieur financier estime par ailleurs que la Banque mondiale et la Sfi sont des entreprises qui doivent adhérer au Gicam.



Le gouvernement a lancé en février 2010 un nouveau cadre de concertation entre le secteur public et le secteur privé: le Cameroon Businness Forum. Etait-il nécessaire de créer cet autre cadre de concertation qui vient remplacer le Comité interministériel élargi au secteur privé existait déjà ?

La création du Cameroon Business Forum me semble être une fuite en avant manifeste et non une quelconque solution. D’abord il faut bien noter que le Comité interministériel élargi au secteur privé existe toujours, il n’a pas été supprimé. Avec la création du Cameroon Business Forum le gouvernement dispose désormais de quatre structures concurrentes pour le même objet qui est la concertation ou le dialogue avec le secteur privé, les trois autres étant le Comité interministériel élargie au secteur privé et le Prime Minister’s Investment council et le plus ancien qui est le Comité de Compétitivité.
Il n’y avait aucune nécessité à créer cette nouvelle structure. L’inaction, la myopie et la passivité managériales du gouvernement ont offert une fois de plus le champ libre au groupe de la Banque mondiale en particulier et de la Société financière internationale pour imposer un autre produit de concertation qu’est le Cameroon Business Forum alors que le premier qui le Comité de Compétitivité est toujours là. C’est particulièrement regrettable parce que notre gouvernement semble avoir une mémoire courte et une intelligence systémique aussi médiocre. Vous devez savoir que c’est la Banque mondiale qui à été à l’origine de la création du Comité de compétitivité en décembre 1997 (décret présidentiel n° 97/235) comme cadre permanent de concertation entre le secteur privé et l’administration et le gouvernement. Aujourd’hui, ces gars reviennent avec le Cameroon Business Forum et notre gouvernement avale ce produit de concertation qui est par définition voué à l’échec. La Banque mondiale ou la Sfi sont des entreprises financières comme les autres. Elles doivent adhérer à l’Apecam ou au Gicam comme les autres. Elles n’ont pas à se considérer comme des acteurs économiques au dessus des autres et faiseuses des règles de la concurrence dans le pays.
Où résident les problèmes des entrepreneurs privés, dans les cadres de concertation ou dans le fonctionnement du système ?

La problématique découle du mauvais fonctionnement du système économique et social de notre pays. La concertation n’est qu’un moyen parmi la bonne kyrielle dont dispose l’Etat. Le problème fondamental des entrepreneurs privés concerne la satisfaction rapide, qualitative et optimale par l’administration et le gouvernement de l’Etat de la demande croissante en services publics d’administration de base, d’incitation, de facilitation, de promotion, de stimulation et de soutien au développement des activités économiques portées par les entreprises des différents secteurs de l’espace nationale.
En réalité, l’administration et le gouvernement de l’Etat du Cameroun n’arrivent pas à offrir le niveau approprié de services publics susceptible de permettre un fonctionnement adéquat du système permettant alors une fluidité, une lisibilité et une prévisibilité des activités économiques des entreprises dans une dynamique démographie croissante en création, en développement et en transmission d’entreprises.
A titre d’exemple, dans un système économique de marché, l’incitation de tout premier ordre est la fourniture par l’Etat de services garantissant la concurrence et la compétition saine à toutes acteurs sans discrimination ni favoritisme. La libre entrée et sortie dans les marchés des secteurs et branches de l’activité économique. L’on note à l’heure actuelle des marchés fermés de fait comme le ciment, le sucre, etc. et les marchés alimentés fortement par la contrebande. La première défaillance systémique de l’Etat du Cameroun est son incapacité à offrir des services publics acceptables d’instauration et de préservation de la concurrence. La Commission Nationale de la Concurrence est essentiellement inopérante parce que mal positionnée au plan institutionnel, mal profilée, très pléthorique, sans moyens ni humains, ni techniques, ni financiers.
Dans leurs recommandations au gouvernement, les entrepreneurs demandent à l’Etat de promulguer, d’ici deux mois, la circulaire portant rappel des procédures actualisées et des pièces requises pour la création d’entreprises au Cameroun. Que laisse entendre cette suggestion du Gicam ?

Cette recommandation sous-entant qu’il n’ya jamais eu une procédure unifiée et optimisée de création d’entreprise au Cameroun. En fait il y a plusieurs instruments légaux qui régissent la création d’entreprise au Cameroun. Dans le domaine agricole, entrepreneurs individuel n’ont pas à remplir les formalités particulières pour créer une entreprise agricole individuelle. C’est la création des entreprises sociétaires qui relève de la loi sur les sociétés coopératives et les groupes d’initiative commune. Dans le domaine industriel et commercial, ce sont les actes uniformes relatifs au droit commercial général et au droit de sociétés commerciales du groupement d’intérêt économique qui s’appliquent. Une procédure unique et optimisée peut permettre d’accroitre la transparence, la lisibilité et la prévisibilité de la création d’entreprise.
Pourquoi, d’après-vous, le Cameroun n’arrive pas toujours à mettre en place un véritable guichet unique de création d’entreprise ?

De mon point de vue, le guichet unique de création d’entreprise est une modalité de facilitation administrative qui n’est qu’un maillon de la chaine formant le cycle de la démographie des entreprises dans un espace donné. La question systémique à résoudre durablement au Cameroun concerne la fluidité de l’ensemble du cycle de vie d’une entreprise, qui se caractérise par les phases d’incubation, de création, de développement, et de transmission des entreprises.
L’analyse des critères et déterminants démographiques des entreprises indique que le risque d’échec d’une entreprise est très élevé en phase de création. Le plus important n’est pas de faciliter la création d’entreprises. D’ailleurs au Cameroun plusieurs d’entreprises qui sont créées n’ont pas de domiciliation réelle et les propriétaires les transportent dans les sacs et valises. C’est la question de la survie et du développement de l’entreprise qui doit déterminer le système d’incitation d’un Etat qui veut le progrès, la création étant le point d’entrée.
L’Agence de promotion des exportations, le Centre de la propriété intellectuelle, l’Institut de l’entrepreneurship, l’Observatoire de l’industrie et du commerce prévus par la charte des investissements ne sont pas encore crées. Pourquoi le gouvernement tarde à appliquer la charte des investissements et à mettre en place les organes proposés par cette charte adoptée par l’Assemblée nationale depuis 2002 ?
Le diagnostic que l’on peut faire de ce point de vue ne peut être le constat d’incapacité des leaderships technocratique et politique de l’exécutif camerounais à accroitre l’efficience systémique du gouvernement et de l’administration. La charte des investissements est une loi réformatrice du système pour migrer de l’économie administrée à l’économie de la compétition et de la concurrence. Les pratiques et attitudes de l’économie administrée continuent de prendre largement le dessus dans les performances de prestation de services du gouvernement et de l’administration. Même les institutions déjà créées dans le cadre de cette loi ne satisfont pas au critère d’efficience productive tel que formulés initialement.
Mais il faut savoir que la charte des investissements en République du Cameroun codifie une solution qui été formulée pour impulser le décollage de l’industrialisation du Cameroun. Cette solution d’ingénierie des politiques publiques consiste en la mise en place d’un système national de l’innovation et de la technologie dont l’architecture est centrée sur un système productif national dynamique (démographie robuste et croissante des entreprises) encadré par : (i) le système d’incitation à l’investissement et à la production ayant quatre institutions clés à savoir l’institut de l’entrepreneurship, l’agence de promotion des investissements, l’agence de promotion des exportations et le conseil de partenariat industriel ; (ii) l’infrastructure des connaissances scientifiques et technologiques ayant quatre institutions majeures a savoir l’observatoire de l’industrie et du commerce, le centre de la propriété intellectuelle, l’agence des normes et de la qualité et les universités, instituts de recherches et écoles d’ingénieurs ; (iii) le système de régulation des marchés avec notamment la commission nationale de la concurrence et les régulateurs sectoriels ; et (iv) le système financier à reconfigure radicalement. L’unité conceptuelle et opérationnelle du système national de l’innovation et de la technologie ainsi que sa mise en cohérence temporelle est assurée par le conseil de régulation et de compétitivité, une institution majeure dotée d’une profondeur substantielle en stratégie et en prospective, rattachée directement auprès du Président de la République.
Y-a-t-il, d’après vous, plus ou moins d’organes chargés de faciliter et de promouvoir les investissements privés et par ricochet de l’amélioration des conditions de vie des populations camerounaises ?

Le problème est systémique. Le Système manque de cohérence et d’efficience stratégique et opérationnelle pour accroitre durablement la productivité du gouvernement et de l’administration afin d’offrir des services publics de qualité appropriée pour accélérer le taux et le rythme d’investissement à même de mettre le pays dans un sentier de croissance économique suffisante afin de réduire le chômage sensiblement et d’améliorer le progrès social.
A l’issue du Cameroon Businnes forum, le gouvernement s’est engagé à créer une banque de financement des investissements. Que doit faire l’Etat pour mettre en place cette banque le plus vite possible pour que cette recommandation ne ressemble pas à celle de la banque agricole qu’on annonce depuis des années, mais qui tarde à s’implanter ?
Si c’est bien le cas, alors c’est un engagement de paille. Le pronostic pour tout engagement de complaisance est qu’il ne sera pas tenu. C’est peut-être une déclaration d’intention. Mais à l’heure actuelle nous n’avons pas besoin des déclarations d’intentions. Ce sont les actions qui manquent le plus alors que l’Etat est doté de capacités financières largement suffisantes pour faire bouger les limitations structurelles et libérer le potentiel du pays. Un gouvernement qui est incapable ne serait-ce que de liquider le Fogape (Fonds de garantie aux petites et moyennes entreprises) en faillite depuis des années peut-il créer dans le contexte actuel à la fois une banque agricole et une banque d’investissement ?

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