Le 18 novembre 2009, le ministre des Finances a été invité à sortir de la salle pour un huit clos entre les membres de la commission des finances.
Les députés membres de la commission des finances de l’Assemblée nationale ne sont pas contents. Ils ont exprimé leur colère avant-hier, 19 novembre 2009, au ministre des Finances, Essimi Menye, après la présentation par le Premier ministre, Philémon Yang, du programme économique, financier, social et culturel du gouvernement. Leur mécontentement réside dans le retard accusé par le gouvernement dans le dépôt du projet de loi des finances. Les députés ont demandé à Essimi Menye de leur permettre de se concerter à huis clos. C’était à la salle des commissions du 2ème étage de l’Assemblée nationale où Essimi Menye s’était rendu pour les discussions du projet de loi des finances.
Certaines personnes estiment que les députés ont chassé Essimi Menye. « On n’a pas chassé le ministre des Finances. Les membres de la commission des finances ont requis un huis clos et nous avons demandé au gouvernement de permettre aux membres de la commission de se concerter. Précisément, pour prendre des décisions sur les conditions d’arrivée du projet de loi et d’autres documents annexes à l’Assemblée nationale », indique Jean-Jacques Ekindi, président du Mouvement progressiste (Mp) et membre de ladite commission.
Au cours de ce huis clos, les députés ont discuté afin de savoir s’il fallait sanctionner ou non le gouvernement pour le retard accusé. « Le huis clos s’est terminé par un appel à la collaboration entre le gouvernement et les membres de la commission qui estimaient qu’il y a une violation flagrante de la loi et qu’il faut la sanctionner. La majorité (le Rdpc) a pris la décision qui lui convenait. Nous en prenons acte. Mais, nous souhaitons qu’à l’avenir cela ne se reproduise plus et que la commission des finances puisse travailler dans des meilleures conditions », confie Jean-Jacques Ekindi.
D’après le texte portant régime financier de l’Etat, le projet de loi des finances devrait parvenir aux députés 15 jours avant le début la session parlementaire consacrée à son examen. Ce qui n’a pas été le cas. Car, le projet a été déposé une semaine après le début de la session budgétaire, soit trois semaines de retard. Conséquence, les députés n’auront pas le temps nécessaire pour parcourir les près de 1 000 pages qui leur seront soumises. Par conséquent, ils ne pourront pas poser de questions pertinentes aux membres du gouvernement, qui, depuis hier, passent chacun devant la commission des finances défendre leur enveloppe budgétaire.
Jean-Jacques Ekindi
« On ne peut pas travailler ainsi ! »
Le président du Mouvement progressiste (Mp), membre de la commission des finances, s’indigne contre le retard accusé lors du dépôt du projet de loi de finances à l’Assemblée nationale.
Le projet de budget de l’Etat est arrivé un peu tard à l’Assemblée nationale. Quelle incidence cela peut-il avoir dans les travaux de la commission des finances ?
Le projet de budget n’est pas arrivé un peu tard. Il est arrivé très en retard, complètement en dehors des délais prévus par la réglementation. J’ai le sentiment que l’on voudrait que le budget soit bâclé en moins d’une semaine on dix jours. C’est quelque chose d’inacceptable. Soit le travail des députés sur le budget est réputé sérieux, soit il ne sert à rien. On ne peut pas demander aux députés, dans ces conditions de se prononcer valablement sur les documents qui leur sont présentés. La commission des finances a émis une forte protestation contre le gouvernement, précisément à cette question de délai, de qualité des documents produits qui ne permettent pas à la commission des finances, et par ricochet à l’Assemblée nationale, de faire son travail.
Comment s’est manifestée la protestation de la commission des finances ?
Il y a eu une mise en garde formelle qui a été faite au ministre des Finances, au nom du gouvernement qu’il représente pour la défense du budget. La commission a demandé que plus jamais, dès l’année prochaine, on ne puisse plus travailler dans ces conditions.
J’imagine que le résultat du travail sera très fortement affecté. Nous n’avons eu le rapport sur la situation économique et sociale qu’avant-hier (19 novembre 2009, ndlr). Au moment où le Premier ministre délivrait son discours de politique générale, nous sommes immédiatement entrés en commission pour étudier la loi de règlement sans les annexes. Hier, il devait avoir une dizaine de nouveaux comptes qu’il fallait examiner, alors qu’on les a eus avant-hier, etc. On ne peut pas travailler ainsi !
Votre travail est donc vraiment énorme…
Il ne s’agit même pas de l’énormité du travail. C’est un travail impossible. Rien que le rapport sur la situation économique et financière a une centaine de pages avec une cinquantaine de tableaux. Il faut déjà trouver le temps matériel pour y parvenir. Et ça, ce n’est qu’une partie. Il faut ensuite regarder l’endettement et les réservations de l’Etat, le budget lui-même, etc. Vous ne pouvez pas décemment le faire en si peu de temps. Surtout que nous ne disposons d’aucune aide. Nous ne disposons pas d’attaché parlementaire, nous n’avons pas de cabinet qui nous soit attaché de sorte que nous puissions nous appuyer sur lui pour ne serait-ce que élaguer les documents. Nous n’avons rien. C’est le député qui n’a même pas de bureau à l’Assemblée nationale qui doit travailler dans ces conditions. Ce sera du travail très vite bâclé et je me demande si ce n’est pas voulu dans la mesure où il y a beaucoup à redire sur le budget qu’on nous présente, même si on l’analyse très superficiellement.
Barrage de Lom Pangar
Les 150 milliards de francs Cfa sollicités sont disponibles
Les bailleurs de fonds réunis du 17 au 18 novembre 2009 à Yaoundé ont chacun indiqué le montant de leur participation à la réalisation du projet.
Aujourd’hui, tout semble prêt pour que les travaux du barrage de Lom Pangar soient lancés et que la mise en eau partielle du barrage soit effective en juillet 2012 comme le prévoit son chronogramme. La deuxième table ronde des bailleurs de fonds y relative s’est achevée le 18 novembre dernier à l’hôtel Hilton de Yaoundé sur des propositions concrètes.
« Le financement du barrage de Lom Pangar est bouclé », s’est réjoui le ministre de l’Economie, de la Planification et du Développement du territoire, Louis-Paul Motazé, au terme de la rencontre de Yaoundé. Il a par ailleurs indiqué que les intentions de financements des bailleurs de fonds sont allées au-delà des estimations atteignant 160 milliards de francs Cfa.
En effet, chaque investisseur a clairement indiqué ses intentions de financement (voir encadré). Parmi les bailleurs de fonds, la Banque mondiale se taille la part du lion en souhaitant participer à hauteur de 75 millions d’euros, soit un peu plus de 49 milliards de francs Cfa. Deux banques présentes au Cameroun (Standard Chartered Bank et Afriland First Bank) s’engagent à financer des crédits relais à hauteur de 50 milliards de francs Cfa. Ceci au cas où les financements promis par les bailleurs de fonds tarderaient à venir. Ces montants viennent s’ajouter à la participation du gouvernement camerounais. Le financement global de Lom Pangar s’élève à 150 milliards de francs Cfa.
Le ministre de l’Economie, de la Planification et du Développement du territoire a par ailleurs annoncé le nouveau chronogramme du projet. Ce chronogramme prévoit le lancement de l’avis de préqualification avant fin novembre 2009, le lancement de l’appel d’offres pour la construction du barrage au plus tard en janvier 2010 et le lancement des appels d’offres pour la construction de l’usine de pied et la ligne de transport avant fin mars 2010. La mise en eau partielle du barrage quant à elle est prévue en juillet 2012. Louis-Paul Motazé a rassuré les bailleurs de fonds que ce chronogramme sera respecté. Cette fois-ci, les indicateurs et la synergie des différentes administrations camerounaises laissent croire que les populations de Lom Pangar ne diront plus : « Nous sommes lasses d’attendre. Depuis plus de 20 ans, on nous parle de ce projet en nous annonçant sans cesse le lancement prochain des travaux », dixit Isidore Ganga, chef du village de Kambocassi, près de Deng Deng.
Les intentions de financement des bailleurs de fonds
Banque mondiale : 75 millions d’euros (49.196.775.000 francs Cfa)
Fonds saoudien : 25 millions de dollars (19.678.710.000 francs Cfa)
Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (Bdéac) : 10 milliards de francs Cfa
Banque africaine de développement (Bad) : 43 milliards de francs Cfa
Banque européenne d’investissement (Bei) : 30 millions d’euros (19.678.710.000 francs Cfa)
Agence française de développement (Afd) : 60 millions d’euros (39.357.420.000 francs Cfa)
Standard Chartered bank et Afriland First bank : financement des crédits relais
Groupe Value Analytics d’Afrique du Sud : 15 millions de dollars (6.613.421.484 francs Cfa)
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