
Quelle a été votre réaction après l’annonce du meurtre d’un enfant par sa mère dans votre village ?
Je n’étais pas au village le jour du crime. J’étais au deuil chez des oncles. On m’a téléphoné pour me dire qu’il y avait danger au village, parce qu’une jeune femme a tué son enfant. C’est deux jours plus tard que je suis revenu au village. En fait, la fille en question disait que c’est la femme de son père qui vit en elle qui a perpétré ce crime.
Comment l’expliquez-vous ?
Pour la première fois que j’ai vu la manifestation de la possession de cette fille, c’était à l’église. Le prêtre Louis Mallard Ebella Nkou lui a imposé les mains après l’eucharistie. Dès qu’il lui a aspergé de l’eau bénite avec la croix, elle est entrée en transe. Une voix autre que la sienne a commencé à parler. Elle donnait son nom et disait que c’est moi qui veux tuer cette fille et son enfant. Elle affirmait qu’elle abandonnait son œuvre et laissait la fille libre, car vaincue par le pouvoir de la prière.
Etiez-vous là ce jour-là ?
Vous croyez que j’invente cette histoire ? Cette fille était croyante, elle faisait partie du groupe de prière Ephrata du renouveau charismatique à Yaoundé. Chaque soir, quand je passais par son domicile, elle priait et chantait à haute voix. Je ne la comprenais plus.
Quel genre de fille était Odile Ndzana au village ?
Je ne suis pas là pour inspecter les femmes du village. Encore moins les jeunes femmes. Je ne prête pas attention à ce genre de chose, même si cela se passe à côté de mon domicile.
Le village Efoumlessi avait-il déjà vécu ce genre de crime par le passé ?
Le village Efomlessi existe depuis 25 ans. C’est la première fois qu’un tel crime s’y produit. En plus, ce n’est pas une fille de ce village. C’est une fille Bekassa qui vient de Ngomo. C’est une histoire étrange que nous n’avons jamais connue ici. Ce sont les pratiques de sorcellerie, car entendre quelqu’un, sa marâtre notamment, dire devant un prêtre que c’est moi qui possède telle fille, c’est étrange.
D’après-vous, la fille est-elle la véritable organisatrice de la mort de son fils ?
Pour moi, la marâtre d’Odile, Odile elle-même et son père connaissent quelque chose dans cette affaire. S’ils étaient tous de ce village, je demanderais qu’on les mette tous les trois en prison. C’est un mauvais dossier qui vient salir mon village. Pensez-vous qu’une femme peut tuer son propre enfant comme ça et boire son sang ? Non, ça c’est de la sorcellerie noire !
Y a-t-il des guérisseurs dans ce village pour soigner ce genre de problème ?
Il y avait à l’époque un seul guérisseur ici au village. Aujourd’hui, il vit à Yaoundé. Il n’y a plus personne. Actuellement, nous n’avons que notre paroisse catholique et nous ne comptons que sur elle.
Quelle est l’ambiance au village après ce meurtre ?
Au lendemain du crime, tout le village était effrayé. Au départ, tout le monde était fier de la naissance d’un nouveau bébé. Actuellement, les villageois sont inquiets. Même sa tante qui habite le village inquiète actuellement les populations. Les gens se demandent pourquoi elle a voyagé le jour où le crime a été commis.
Propos recueillis par B-O.D. à Efoumlessi
Pauline Manga, sœur d’Odile
« Ma sœur a l’image d’une folle »
Odile Ndzana ne dérangeait pas. Elle se querellait régulièrement avec la femme de mon père. Quand elle est a commencé sa maladie, elle a changé. Aujourd’hui, ma sœur a l’image d’une folle. La faute à notre marâtre. Mon père écoute tout ce qu’elle lui dit et il ne nous écoute pas quand on se plaint. Je suis actuellement mariée à Elig-Mfomo et j’ai parfois les échos des actes de cette femme. Elle avait déjà promis qu’elle va nous mener la vie dure.
Léonard Omgba, voisin
« C’est de la malchance ! »
Quand je voyais Odile, je ne m’imaginais pas que le problème était à ce niveau. C’est de la malchance, car sa tante avait tout fait pour bien l’élever. Je ne peux pas dire que c’est la fille qui a agit de sa propre volonté. C’est une histoire de sorcellerie. Après le meurtre, mon voisin qui voulait aller informer le père de la fille avec sa moto a eu un problème. Les phares de son véhicule se sont gâtés sur le champ. Le lendemain, la moto n’avait plus de problème de phares.
Martine Menana, cousine d’Odile
« Une grosse une perte pour la famille »
Odile Ndzana est une fille bien. Elle ne pouvait pas faire un truc pareil d’elle-même. Elle avait un joli enfant qui avait des cheveux roux. C’était un gros bébé. Et c’est grosse une perte pour elle et pour la famille. Elle me disait toujours que c’est lorsqu’elle qu’elle priait et chantait qu’elle se sentait à l’aise.
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