[Digital Business Africa] – Le Nigérian Kizito Okechukwu, fondateur et directeur exécutif de l’incubateur 22 ON SLOANE basé en Afrique du Sud, a démissionné de son poste de président par intérim de l’association Digital Africa. Sa démission prendra effet à partir du 02 mai 2021, a appris Digital Business Africa.
Kizito Okechukwu (photo) reprocherait à l’Agence française de développement (AFD) la non application des principes de bonne gouvernance dans la gestion de l’association. Le Nigérian espère que sa démission permettra à l’AFD de mettre en œuvre les changements structurels nécessaires, notamment en terme de gestion, dont l’association a besoin pour réussir ses objectifs et missions.
Selon Kizito Okechukwu, avec l’AFD, il y avait un accord parfait sur la compréhension de la stratégie de Digital Africa, « mais nous avons eu des divergences sur la mise en œuvre de cette stratégie et après mûre réflexion, je pense que ma démission est la bonne chose à faire », indique le président de Digital Africa joint par Digital Business Africa.
Kizito Okechukwu démissionne ainsi d’un poste qu’il a rejoint en juin 2020 après la démission du Sénégalais Karim Sy, tout premier président de Digital Africa. Avant son départ, Karim Sy avait déjà fait part aux membres du conseil d’administration de Digital Africa de ses difficultés à travailler avec les méthodes de l’AFD.
Les révélations de Rebecca Enonchong

L’on se rappelle que le 16 février 2021, dans un thread sur Twitter, la Camerounaise Rebecca Enonchong, PDG d’Appstech , PCA d’AfriLabs et membre du CA de Digital Africa, dévoilait les causes de l’imbroglio à Digital Africa. Ses propos traduits par Nathalie Yamb:
“Je me souviens quand Emmanuel Macron, lors du salon Viva Technology (Paris, 2018) a annoncé son initiative Digital Africa. Cette partie de son discours était en anglais. Je me suis dit: Oui! Bye bye Françafrique, bonjour à une nouvelle relation entre la France et l’Afrique.
Eh bien … les vieilles habitudes ont la vie dure.
On ne savait pas à quoi ressemblerait le programme ni qui le dirigerait mais finalement, conformément à l’état d’esprit «partenaires, pas colonisateurs», l’association Digital Africa a été créée avec des organisations africaines et françaises comme co-fondatrices.
En signant l’accord pour la création de l’association au nom d’AfriLabs, j’étais super excitée d’en être l’une des co-fondatrices.
L’idée était de s’assurer, à travers l’association Digital Africa, que les voix africaines auraient un poids égal dans cette toute nouvelle approche des relations Afrique-France.
Nous avons mis en place un conseil d’administration et voté pour faire de Karim Sy le président du conseil. Afrilabs, représenté par moi, et 22OnSloane, représenté par Okechukwu Kizito, ainsi que des organisations françaises comme l’AFD, ont également été élus.
En tant que tout nouveau modèle dans lequel le budget venait du gouvernement français via l’AFD, mais la prise de décision se situait au niveau du conseil d’administration de Digital Africa, l’organisation a mis du temps à se mettre en place.
Je ne pense pas qu’il existe déjà un modèle similaire et je peux imaginer que pour une structure comme l’AFD, ne disposer que d’un seul vote dans un conseil d’administration est une situation bizarre.
Mais pour moi, dans mon esprit d’entrepreneur peut-être naïf et optimiste, la structure même de l’organisation était la preuve qu’Emmanuel Macron était déterminé à construire une nouvelle relation plus égalitaire avec les jeunes Africains du continent.
Des fissures ont commencé à apparaître lorsque le premier cadre de l’organisation a été embauché, Stephan-Éloïse Gras. Ce n’était pas tant la personne que la manière. Le conseil a reçu un courriel nous annonçant son embauche. Nous n’avons jamais été consultés ou intégrés au processus.
J’ai, avec d’autres, soulevé cela comme une question de gouvernance. On nous a assuré que ça resterait un cas unique. Mais, comme Stephan-Éloïse Gras n’a pas été embauchée par le conseil d’administration, elle n’a jamais ressenti le besoin de nous rendre compte ou de nous consulter. Finalement, Karim Sy a démissionné de son poste de président, bien qu’il soit resté au conseil d’administration.
Nous avons ensuite élu le représentant de 22OnSloane, Okechukwu Kizito, en tant que vice-président et président par intérim. Au moins, l’organisation était toujours présidée par un Africain. Symbolique peut-être, mais toujours important.
Malheureusement, la situation ne s’est jamais améliorée. Le conseil a été constamment contourné et rarement informé, obtenant la plupart de ses informations par le biais d’annonces sur les réseaux sociaux. Les décisions stratégiques et coûteuses sont prises sans que le conseil d’administration ne soit informé, et encore moins d’accord.
Les voix des trois membres africains du conseil d’administration qui, ensemble, représentent une communauté de plus d’un million d’entrepreneurs africains, sont ignorées.
Lorsque nous nous sommes plaints, les membres français du conseil d’administration, dirigés par le secrétaire du conseil d’administration de l’AFD, ont décidé que l’association devait être dissoute.
En fin de compte, c’est leur argent, l’argent des contribuables français. Je comprends ça. Mais, c’est NOTRE conseil d’administration. Et nous avons des obligations fiduciaires et juridiques envers l’association que nous ne pouvons pas remplir.
Il est ironique que ce soit nous, Africains, qui luttions pour la transparence des processus et la bonne gouvernance du conseil d’administration, alors que les organisations françaises essayent de faire sauter l’association plutôt que de corriger les dysfonctionnements !
Mais, c’est une nouvelle ère dans les relations Afrique-France. Les Africains n’ont pas capitulé, malgré la pression. Nous sommes totalement solidaires pour essayer de faire ce qui est juste pour l’association, pour les entrepreneurs tech africains et pour les contribuables français, en insistant pour une utilisation diligente de leurs fonds.
L’AFD et les autres organisations françaises vont sûrement réussir à dissoudre l’association et en recréer une plus française. Mais, quelle occasion manquée pour Emmanuel Macron de mettre en pratique ce qu’il prêche: un nouveau partenariat entre la France et l’Afrique.
Je dois souligner qu’il y a une différence entre l’association Digital Africa et le fonds Digital Africa de l’AFD France pour lequel AfriLabs et l’association ABAN Angels ont généreusement reçu un financement de projet en cours de déploiement dans l’écosystème technologique africain. ”
Les Africains exigent la transparence et la bonne gouvernance
En clair, la Camerounaise s’étonnait de ce que ce soient les Africains du CA de Digital Africa qui luttent aujourd’hui pour la transparence des processus et la bonne gouvernance
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