Ce site risque d’endommager votre ordinateur ». C’est le message que l’on peut lire quand, à l’aide des moteurs de recherche Google ou Yahoo, on recherche le site web des services du Premier ministre (www.spm.gov.cm). Lorsque vous tapez cette adresse sur Internet via le navigateur Mozilla, un message plus alarmant s’affiche : « Site malveillant ! ». Au bas de la page, le navigateur web indique que « www.spm.gov.cm a été signalé comme étant un site malveillant et a été bloqué sur la base de vos préférences de sécurité. Les sites malveillants essaient d’installer des programmes qui volent des informations personnelles, qui utilisent votre ordinateur pour en attaquer d’autres ou qui endommagent votre système ».
Sur la même page, l’onglet « Pourquoi ce site a été bloqué » donne plus de détails sur la recommandation de Google. « Sur les 330 pages testées sur ce site au cours des 90 derniers jours, 44 pages ont généré le téléchargement et l’installation de programmes malveillants sans l’autorisation de l’internaute. Google a visité ce site pour la dernière fois le 27 septembre 2009 et un contenu suspect a été détecté pour la dernière fois le 19 septembre 2009 », lit-on après une mise en garde : « Ce site est considéré comme suspect et vous risquez d’endommager votre ordinateur si vous le visitez ».
L’on apprend par ailleurs que le site web des services du Premier ministre qui a hébergé des programmes malveillants au cours des 90 derniers jours a infecté deux sites web : diplomacymonitor.com/ et cerdess.africa-web.org/. C’est sous un onglet presque invisible « Ignorer cet avertissement » que l’internaute peut accéder, à ses risques et périls, au site. Car Google précise que ces programmes malveillants « effacent des données sur votre ordinateur, détournent des informations personnelles telles que des mots de passe ou numéros de carte de paiement, ou encore altèrent vos résultats de recherche ». Toutefois, avec le navigateur Internet explorer 7 aucun message de mise en garde n’est indiqué.
Serveurs vétustes
Au banc des accusés, la cellule de la communication, le service informatique et le secrétariat général des services du Premier ministre. A l’immeuble Etoile, des indiscrétions font état d’un conflit de compétence entre la cellule de communication et le secrétariat général. « Actuellement, personne ne sait qui de la cellule de la communication, dépendant du cabinet du Premier ministre, ou du secrétariat général doit gérer la visibilité, la communication et la promotion des actions de la Primature. Dans tous les cas, le problème est actuellement sur la table du Premier ministre Philémon Yang, qui doit trancher », révèle une source anonyme dans les services du Premier ministre. L’on comprend dès lors que le secrétariat général de la Primature veuille superviser la visibilité des actions de la Primature comme dans les autres départements ministériels. Un conflit qui, d’après nos informations, plombe les actions de promotion de l’image de la Primature et, par ricochet, de la gestion du site web. Une autre source à la Primature affirme qu’un nouveau site est en cours de confection. « Le service informatique est en train de confectionner un site plus attrayant qui va répondre aux attentes techniques et esthétiques des internautes », confie notre source.
Les experts en la matière pensent que c’est plutôt un problème de vétusté des serveurs. « C’est un problème d’infrastructures. Ce sont les serveurs de la Primature qui hébergent ces noms de domaines qui disposent de virus. Ils sont vétustes et archaïques. Il est donc probable que tous les sites web qui ont les noms de domaines .gov.cm hébergés à la Primature aient le même problème », souligne Chrétien Talelo, expert des systèmes d’informations. Au service informatique des services du Pm, Le Jour n’a pu avoir quelque explication hier. Les responsables étaient absents.
Google explique que le problème peut également provenir des pirates et des tiers qui peuvent ajouter un code malveillant à des sites web légitimes. Ce que semblent approuver certains responsables des services du Premier ministre. « Toutes les formes de manipulations sont possibles à travers Internet », lance un fonctionnaire en service à l’immeuble Etoile.
Le site web des services du Premier ministre est important pour les journalistes, étudiants et les chercheurs qui y trouvent, non seulement l’actualité de la Primature, mais aussi les textes législatifs et réglementaires votés par l’Assemblée nationale ou signés par le président de la République, le Premier ministre ou encore les ministres. Cette mise en garde vient donc entamer, non seulement leur travail, mais aussi la visibilité du Cameroun sur la grande toile.
Chrétien talelo : «C’est le Cameroun qui est en danger ! »
Expert des systèmes d’informations, il présente les causes, les conséquences et les solutions du problème du site web de la Primature.
Quel est le problème du site web de la Primature, classé malveillant par certains moteurs de recherche ?
C’est un problème d’infrastructures. C’est le serveur sur lequel est installé le site qui fait problème. Il doit être vieux et encombré de mauvais programmes. A la primature, ils ont deux serveurs qui devaient être réaménagés depuis longtemps. Le serveur qui abrite les noms de domaine gov.cm est vétuste. Tous les sites web qui ont leur nom de domaine sur le serveur gov.cm ont le même problème (minesup.gov.cm ; mincom.gov.cm etc. ndlr).
Les virus et programmes malveillants se trouvent donc au niveau de l’hébergement du site de la Primature…
Il y a effectivement un sérieux problème au niveau de l’hébergement du domaine gov.cm. Les responsables des services du Premier ministère où sont logés ces serveurs doivent faire un véritable ménage de leurs serveurs. Ils doivent les remplacer et réinstaller le domaine gov.cm et ses sous domaines.
Depuis combien de temps dure ce problème ?
Cette situation de date pas d’aujourd’hui. Il y a cinq ans que ces serveurs devaient être remplacés. Les deux serveurs de la Primature ont près de 13 ans d’existence. Or, la technologie avance à grand pas. Normalement, dans un centre d’hébergement, un serveur de trois ans est déjà très vieux.
Combien peuveut coûter ces deux serveurs ?
Les prix varient entre cinq et 15 millions de francs Cfa. Mais, pour être à l’abri des problèmes, le Cameroun doit se doter d’un centre d’hébergement. Et pour cela, il faut débourser environ 150 millions de francs Cfa.
Quels sont les risques qu’encourent le Cameroun avec ce problème de serveurs ?
Sur Internet, tout ce qui vient du cm., nom du domaine du Cameroun, peut être banni. En Corée du sud par exemple, malgré les liens de coopération qui unissent le Cameroun avec ce pays asiatique, les internautes ne peuvent pas accéder aux sites du domaine .gov.cm. Donc, impossible de visiter le site de la Primature dans ce pays. En Corée du Sud, ils ont une politique de sécurité très rigoureuse. Leurs serveurs bloquent systématiquement tous les sites web dangereux. La Corée du Sud n’est pas seul dans ce domaine. En Asie, un accent particulier est mis sur la sécurité sur le web. Tous les pays peuvent faire autant et les sites web du Cameroun ayant le .gov.cm ou encore le .cm ne seront plus visibles dans plusieurs pays étrangers.
Ce qui peut entraîner une chute des sollicitations des domaines .cm et dévaluer la marque Cameroun sur le Web…
Effectivement, cela va créer un manque de représentativité du Cameroun sur la toile. D’où l’urgence de vite agir. C’est le Cameroun qui est en danger !
cet article est publié dans le quotidien Le jour de ce mardi 29 SEPTEMBRE. il n'y est pas mentionné qu'il est en même temps publié sur votre site. Prière de le mentionner dans le journal afin que l'on sache quel support a publié en premier.