Callicools de Guillaume Apollinaire et Le secrétaire intime de Georges Sand retirées du programme par le ministre des Enseignements secondaires n’étaient pas étudiées dans de nombreux lycées et collèges de la capitale.
Il paraît un peu surpris, le proviseur du lycée d’Elig-Essono, quand on lui demande si Callicools de Guillaume Apollinaire et Le secrétaire intime de Georges Sand avaient déjà été enseignés aux élèves de son établissement. «En Terminale, c’est Paroles qui est au programme et en Première, Une saison blanche et sèche. Les livres que vous évoquez n’étaient même pas programmés chez nous. C’est peut-être programmé dans l’enseignement technique », affirme Vincent Okala Essama, par ailleurs enseignant de français. Ici donc, les élèves de Première n’ont pas eu à acheter Le secrétaire intime. Tout comme les élèves de Terminale n’ont pas acheté Callicools. Deux œuvres littéraires inscrites au programme l’an dernier et qui en ont été retirées le 23 décembre 2009 par le ministre des Enseignements secondaires, Louis Bapès Bapès, pour « de nombreuses et sérieuses réserves formulées par le personnel enseignant ». Situation identique à l’institut Samba secondaire. Ici, Le secrétaire intime était programmé au troisième trimestre. « Nous avons commencé par l’étude d’Une saison blanche et sèche d’André Brink. Balafon d’Engelberg Mveng devait suivre. Le secrétaire intime de Georges Sand était programmé en troisième position », confie Jean-Marie Dzana, enseignant de français à l’institut privé Samba secondaire.
Au collège privé Montesquieu, ces livres n’avaient pas encore été lus par les élèves. Le chef du département de français, Tehe Essome, se réjouit d’ailleurs du retrait de Callicools du programme. Un livre qu’elle trouve très ambigu pour les élèves. Notamment, en raison de son caractère hermétique. De nombreux enseignants affirment qu’eux-mêmes n’avaient pas encore lu ces œuvres à cause de leur indisponibilité.
Les élèves des établissements ci-dessus mentionnés ne s’inquiètent pas de ces retraits. « On ne les avait pas encore achetés. Ces livres n’étaient pas programmés. Même s’ils l’étaient, cela aurai un peu difficile pour nous de l’acquérir, car il parait qu’ils sont rares sur le marché», indique Yves Essi, élève en 1ère A4 Esp à l’institut Samba secondaire. Certains élèves par contre avaient déjà lu Callicools au premier trimestre. L’argent pour l’achat de cet œuvre et le temps ont donc ainsi été dépensés. « Au collège de la Retraite, certains élèves de Terminale avaient déjà étudié Callicools. C’est du temps perdu », relève Gwem Makon, enseignant.
Du côté des parents, c’est un peu l’indignation. Mesmin Ola, par exemple, n’avait pas encore acheté ces livres. Mais, « Je m’interroge sur la compétence de ceux qui ont d’abord inscrit ces livres au programme. Cette improvisation du ministère des Enseignements secondaires, qui intervient d’abord tardivement, peut être une technique pour augmenter le taux de réussite lors des examens. Car au moment des corrections, l’on tient compte des circonstances atténuantes pour ajouter quelques points aux élèves », déclare-t-il.
Des enseignants s’expriment sur le retrait de ces livres au programme
Tehe Essome, enseignante de français
« Callicools est très ambigu pour les élèves »
Je suis fière du retrait de ces œuvres du programme. Je n’ai jamais étudié Callicools. Je ne voulais même pas l’étudier, parce que je le trouve très ambigu pour les élèves. Les élèves n’arrivent pas à comprendre les poèmes. Ils n’ont pas l’âme sensible. Le retrait de cet ouvrage m’arrange. Je préfère encore Paroles de Jacques Prévert. Ceux qui inscrivent les œuvres au programme doivent savoir ce qu’ils attendent des élèves quand ils inscrivent un livre au programme. Il faut par ailleurs rapprocher les œuvres au programme de notre époque. Il ne faut pas aller très loin en arrière. Qu’est-ce qu’un livre du XVIe siècle apporte aux élèves aujourd’hui ? La vertu ? De nombreux livres actuels le font.
Gwem Makon, enseignant de français
« Seul le titre Callicools posait déjà un problème »
Je suis pour le retrait de ces livres au programme. D’abord, Callicools n’était pas facilement accessible aux élèves. Ce livre parle du symbolisme, vous comprenez qu’il est un peu hermétique pour les élèves. Particulièrement, j’ai hésité à programmer cet ouvrage. Ensuite, quand les Etats avancent, on se demande pourquoi nous revenons toujours en arrière. L’œuvre au programme devrait se rapprocher de notre siècle. On ne devrait pas choisir une œuvre au hasard. Seul le titre Callicools posait déjà un problème. Plus encore, il faudrait prendre assez de temps pour changer une œuvre au programme.
Jean-Marie Dzana, enseignant de français
« C’est une maladresse de la part des décideurs »
Je trouve que c’est une maladresse de la part des décideurs. Ils ont inscrit un livre au programme sans toutefois savoir son contenu. Heureusement que chez nous à l’Institut Samba supérieur, on n’avait pas encore commencé à étudier Le secrétaire intime. Nous avons commencé par l’étude d’Une saison blanche et sèche d’André Brink. Balafon d’Engelberg Mveng devait suivre. Le secrétaire intime de Georges Sand était programmé en troisième position. Par prudence, nous avons commencé par les livres disponibles.
Sosthène Owono, enseignant de français
« Les œuvres à inscrire au programme doivent refléter nos réalités »
Le ministère des Enseignements secondaires doit revoir les critères de sélection des œuvres au programme. Les œuvres à inscrire au programme doivent refléter nos situations et les réalités que nous vivons. Avec Balafon d’Engelberg Mveng, il n’y a pas de problème. La majorité des élèves ne lit plus. L’enseignant doit expliquer l’œuvre aux élèves. C’est le message que l’œuvre transmet qui est donc important. Par ailleurs, l’on doit s’assurer que ces livres sont disponibles. Parce qu’à la rentrée, j’ai cherché en vain Callicools.
0 commentaires