Le directeur général d’Aes Sonel indique des pistes pour inciter les investisseurs internationaux dans le secteur de l’énergie à s’installer au Cameroun.
Comment le Cameroun peut-il trouver des financements pour mettre en œuvre les différents projets énergétiques inscrits dans son document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) ?
Vous avez vu que les montants des investissements dont il est question sont énormes. Même si le gouvernement veut intervenir, ce ne sera qu’une portion des investissements qu’il pourra réaliser lui-même. Il faudrait qu’il fasse recours aux opérateurs privés. Que ce soit en partenariat public-privé, ou en privatisation totale. Je vous rappelle que les besoins du pays pour l’horizon 2020-2030 s’élèvent à plus de 5 000 milliards de francs Cfa. C’est très lourd. Il faudra donc impliquer les opérateurs qui peuvent mobiliser les fonds. Evidemment, il faudrait créer des conditions qui permettent que ces investisseurs aient confiance au Cameroun et qu’ils puissent venir au Cameroun.
Quelles sont ces conditions ?
Il faut déjà une organisation du secteur qui soit solide et efficace. Une bonne planification et une bonne gouvernance, une clarté dans la politique tarifaire. En fait, il faudrait créer un climat qui soit favorable, avec des règles précises, des institutions précises et qu’il y ait des personnes compétentes pour conduire l’ensemble de ce processus. Des compétences qui, en réalité, sont exigeantes, parce qu’il faudrait que les gens sachent comment ça fonctionne dans le monde et en Afrique, parce qu’on ne va pas créer une exception au Cameroun. Il faudrait que ce soit des gens bien avertis, qu’ils puissent bien planifier les projets qui doivent commencer au bon moment pour qu’on ne soit pas en retard et faire les choses à certains moments dans la précipitation. Évidemment, il faudrait aussi renforcer la sous-traitance. Avoir des entreprises locales qui peuvent réaliser des projets aux normes internationales en respectant les délais. Peut-être avoir une politique industrielle qui permette que le pays puisse globalement profiter de l’ensemble de ces investissements. Parce que, au fond, il faudrait qu’il y ait de l’énergie, mais que cette énergie soit disponible au coût le plus faible possible, et que les entreprises qui travaillent dans ce secteur soient viables aussi bien économiquement, techniquement que financièrement. Donc, c’est un travail lourd.
Comment Aes Sonel entend-elle apporter sa contribution dans ce vaste chantier ?
Elle apporte déjà sa contribution, parce qu’elle est le partenaire stratégique du gouvernement dans tout ce qu’il fait. Il est certain que compte tenu de l’envergure de ce qu’il y a à faire, nous ne serons pas le seul opérateur. Et nous voulons que les conditions soient réunies pour que d’autres opérateurs puissent venir.
Après la centrale thermique de Yassa Dibamba, sur quels projets travaille actuellement le groupe Aes au Cameroun ?
Le groupe Aes est en train d’entamer le projet de la centrale à gaz de Kribi. C’est une centrale de 216 Mw qui sera mise en service avant la fin de l’année 2012. Parallèlement, nous sommes en train de rénover la centrale d’Edéa et celle de Kribi. Nous sommes aussi en train de réhabiliter le réseau de transport et de distribution et ceci va se poursuivre jusqu’à la fin de la concession.
Avec l’inauguration de la centrale thermique Yassa Dibamba, les Camerounais ont pensé à la fin de la coupure d’électricité et à la baisse des prix du Kw/h. A quand cette baisse ?
Nous faisons du mieux que nous pouvons pour que l’évolution des tarifs soit contenue. Vous convenez avec moi que le développement est inflationniste. Quand vous faites des milliards d’investissement, il faut bien que les gens payent. Ce qu’on peut faire actuellement, c’est de contenir l’évolution de ces prix, et dans certains cas, prendre en compte les caractéristiques du marché, pour offrir aux gens qui ne peuvent pas supporter certains niveaux de prix qu’ils sont prêts à supporter. Tout cela relève de la politique. Nous pouvons aider à la réflexion, mais nous ne prenons pas de décisions.
Vous êtes quand même le directeur général d’Aes Sonel. Vous avez votre mot à dire…
Nous faisons des propositions, mais nous ne prenons pas de décisions politiques, qui relèvent du gouvernement. Mais nous faisons des propositions pour trouver des solutions meilleures. Si vous l’avez remarqué, l’évolution des tarifs a plutôt été modérée ces dernières années.
Avec la centrale à gaz de Kribi, pourra-t-on s’attendre à une baisse des prix du Kw/h ?
Il vaut mieux s’adresser au régulateur, qui répondra à cette question.
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