Les populations annoncent le boycott de l’élection présidentielle de 2011 et menacent de tuer les éléphants si l’Etat ne leur accorde une assistance humanitaire.
Nous avons déjà beaucoup fait pour contenir la colère de nos populations », affirme Joseph Nah Ossele, sous-chef d’Eyeck II. En fait, les populations de ce village et de tous les villages menacés sont outrés par le silence du gouvernement. Pendant plusieurs années, ils ont écrit des requêtes, des demandes d’aide et d’indemnisations, des demandes de battue des éléphants qui dévastent leurs cultures au délégué départemental du ministère des Forêts et de la Faune, au sous-préfet de l’arrondissement d’Endom et même au préfet du Nyong et Mfoumou. Mais, jusqu’à ce jour, rien n’a été fait sur le terrain. Seule une promesse de battue a été officiellement faite par le ministère des Forêts et de la Faune. A Eyek II par exemple, il y a deux semaines, les populations avaient décidé d’aller faire un sit-in à la sous-préfecture d’Endom et à la Préfecture d’Akonolinga. Ce sont le Chef Simplice Ebah Nyangono et des députés du département (Roger Nkodo Dang et George Akamba Sembe) en tournée parlementaire dans les villages, qui ont dissuadé les habitants d’Eyek II.
« Les députés nous ont calmés en disant qu’ils vont saisir les autorités compétentes. Ils nous ont demandé d’être patients. Nous le sommes, mais depuis qu’on attend, les éléphants, eux, n’attendent pas », affirme Fama Mvomo, habitant d’Eyek II, qui a déjà perdu son champ. « S’ils ne font rien, ajoute-t-il, nous allons boycotter l’élection présidentielle de 2011. D’ailleurs, nous leur avons déjà signifié cela ». Un autre cultivateur, plus en colère, est prêt à aller faire un sit-in à l’instant. «Vous pensez que le gouvernement va faire quoi ? Le député Nkodo Dang qui vous calme ici est un exploitant forestier. C’est à cause des coupes que ses amis et lui effectuent dans le Dja que les éléphants viennent ici. Pensez-vous qu’il va arrêter d’exploiter le bois qui lui donne de l’argent ? », s’insurge-t-il. « Ils pensent que les populations des régions du Centre et de l’Est sont acquises au Rdpc et ils restent sourds à nos requêtes. Vous verrez en 2011 ! », promet-il.
« Les populations annoncent également qu’elles chasseront tous les responsables politiques qui viendront ici pour la campagne présidentielle, affirme Jude Thaddée Ondoa Ondoa, le sous-préfet d’Endom. « Moi, je ne vois pas ce que cela a à voir avec les problèmes que causent les éléphants. D’ailleurs, ce sont les populations de cinq villages qui profèrent ces menaces. Elles ne peuvent pas empêcher l’élection présidentielle dans tout un arrondissement », affirme le sous-préfet, qui prône plutôt l’apaisement et annonce des mesures imminentes du gouvernement. Le préfet du Nyong et Mfoumou, Jean-Claude Tsila, reconnaît qu’ « il s’agit d’un sinistre qui sévit dans ces villages. Car les populations sont menacées de famine ». Pour lui, « il faut une aide alimentaire d’urgence » et même des dédommagements. C’est pourquoi, il a mis sur pied une commission pour évaluer les dégâts. Il est convaincu que l’Etat ne sera pas sourd à ces cris de détresse. Mars, quoiqu’il en soit, si rien n’est fait, on peut craindre d’assister à un autre ravage : celui de l’exode rural. Le proviseur du lycée de Tsinga à Yaoundé par exemple, qui a investi à Eyeck I dans la culture du palmier à huile, et, dont une partie a été détruite, menace d’abandonner l’investissement dans l’agriculture. Ce qui entrainerait le départ des dizaines de jeunes qu’il emploie dans ses plantations. Certains ont d’ailleurs déjà leurs bagages au dos.
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